dimanche 17 juin 2018

Soeurs

Je ne peux que confirmer tout le bien que je pense d'Adèle Haenel. Dans une moindre mesure, Sara Forestier l'accompagne dans la liste des jeunes actrices françaises que je suis avec intérêt. Leur réunion dans Suzanne est le premier argument qui m'a incité à voir le film. Une cinéaste qui pourrait être leur grande soeur tient ici la caméra...

De sororité, il est aussi question dans ce long-métrage, sélectionné pour ouvrir la Semaine de la critique cannoise en 2013 et nommé ensuite, entre autres, pour le César du meilleur scénario original. L'histoire reste assez simple: comme son titre ne le dit pas, Suzanne parle d'abord d'une famille, les Merevsky, deux filles et leur père. Rapidement, on comprend que la mère est décédée et on s'attache tout aussi vite à ce trio, d'autant qu'il s'agit manifestement de gens humbles. Pas question de misérabilisme, pourtant: une belle énergie anime ce récit, qui va littéralement coller aux basques de la soeur aînée et explorer ainsi toute la complexité des rapports familiaux. Bien que traité de manière linéaire, cet argument reste captivant. Pourquoi ? Parce que la forme, elle, n'est pas (tout à fait) ordinaire...

Pendant une grosse heure et demie, ce sont au total deux décennies qui défilent devant nos yeux. Pour résoudre l'équation, l'idée retenue consiste... à couper ! Très concrètement, Suzanne est donc construit autour d'un enchaînement de "tranches de vie": on découvre l'héroïne quand elle n'est encore qu'une enfant et on la voit grandir-vieillir progressivement, alors même que le film multiplie les fondus au noir et les ellipses. Plusieurs années peuvent passer en quelques secondes seulement, sans jamais, heureusement, nous perdre sur le chemin. Autant vous prévenir: sur le fond, on est bien plus proche du drame que de la comédie. Reste que la qualité d'interprétation générale place cette mini-fresque sur le dessus du panier de la production française actuelle: aux deux comédiennes que j'ai citées, j'ajoute volontiers François Damiens, impeccable dans son contre-emploi paternel. Bon, voilà... pour me résumer, j'ai eu un joli coup de coeur.

Suzanne
Film français de Katell Quillévéré (2013)

Une belle histoire de frangines, donc. Je n'en connais que peu. Un site Internet rappelle Virgin suicides à ma mémoire, ce qui me permettra de rebondir aussitôt sur Mustang. Enjeu: à chaque fois, des relations fusionnelles, mais qui comportent au moins une facette dramatique. Vous avez le droit de préférer l'apaisement de Notre petite soeur. D'autres titres auraient pu être cités: je suis à l'écoute... des vôtres !

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Un autre avis à vous proposer ? Non, deux !
Vous pouvez à votre tour les lire sur les blogs de Pascale et Sentinelle.

14 commentaires:

Pascale a dit…

Oui un bien beau film douloureux porté par 3, et même 4 (Paul Hamy) acteurs dans de bien beaux rôles et magnifiquement dirigés.
J'aime François Damiens quant il est bouleversant comme ici.

Pascale a dit…

Et pour les soeurs je pense au délicieux Mais qui a tué Baby Jane ? :-)

Martin a dit…

@Pascale et le beau film:

Absolument d'accord pour les rôles "durs" de François Damiens.
Je t'avoue que j'ai été moins convaincu par Paul Hamy. C'est peut-être lié au personnage.

Martin a dit…

@Pascale et les frangines:

Moi pas connaître. Mais depuis le temps que je veux voir un autre film de Bette Davis !

Pascale a dit…

Oui le personnage de Paul n'est pas bien sympathique.

Pascale a dit…

Elle est EFFRAYANTE.

Martin a dit…

@Pascale et Paul:

Voilà. Et, du coup, ça déteint peut-être un peu trop sur l'acteur lui-même.

Martin a dit…

@Pascale et Bette:

C'est noté. Nous y reviendrons sans doute un jour.

Véronique Hottat a dit…

Hello Martin,

Un très bon souvenir, et une interprétation de François Damiens vraiment étonnante de justesse (un de ses meilleurs rôles jusqu'à présent, mais c'est juste mon avis).

Merci pour le lien ;-)

Martin a dit…

Hello Sentinelle. C'est cool d'être passée par ici.

Hum... assez d'accord avec toi: c'est l'un des meilleurs rôles de Damiens.
J'espérais justement que tu nous donnerais ton avis, en tant que compatriote de ce cher François.

Véronique Hottat a dit…

Figure-toi que je me suis retrouvée en compagnie de François Damiens et sa femme dans un ascenseur d'IKEA il y a ... pfou... de nombreuses années maintenant. Il n'était pas aussi célèbre qu'aujourd'hui, commençait à peine à percer en France et était principalement connu chez nous pour ses caméras cachées. Et bien, c'est (du moins c'était) un grand timide cet homme-là ! Je crois qu'il doit mieux assumer le fait d'être reconnu maintenant, même si à l'époque j'avais été d'une discrétion exemplaire lorsque je l'ai reconnu. Mais mon regard a dû me trahir, et mon petit sourire qui a suivi aussi ;-)

Martin a dit…

Excellente anecdote, Sentinelle ! Merci !
Il est toujours agréable de retrouver ici, grâce à toi, un peu de "belgitude".

J'ai entendu François Damiens à la radio, l'autre jour. Une belle interview.
Il a fait preuve d'une grande humilité, surtout en parlant de ses amis (et inspirateurs).

Benjamin a dit…

Ah je ne connaissais pas ce film ! Et j'adore aussi Adèle Haenel !

Martin a dit…

Welcome back, Benjamin ! J'espère que tu auras l'occasion de voir le film.