Classique de la littérature américaine, To kill a mockingbird (1960) est sorti en France sous le titre Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. Après avoir obtenu le prix Pulitzer, il a fait l'objet d'une adaptation cinématographique, que l'on a intitulée... Du silence et des ombres ! J'ai eu la chance d'en profiter sur grand écran et en copie restaurée...
L'American Film Insitute, qui s'efforce de préserver les vieux films d'une lente dégradation, s'est amusé à classer les héros et méchants du cinéma américain, en 2003. Atticus Finch, le personnage principal de mon film d'aujourd'hui, occupe la première place et devance l'improbable tandem Indiana Jones / James Bond. Il faut admettre qu'il a de solides arguments à faire valoir: ce jeune veuf travaille dur et tâche de préserver ses deux enfants du côté sombre de l'existence. Avocat, il leur interdit donc de venir l'écouter plaider au tribunal. Scout et Jem ont, pendant les vacances d'été, d'autres occupations. Cela dit, c'est franchement bien difficile de les empêcher de fouiner autour d'une maison voisine, réputée abriter un homme dangereux. Pas d'erreur: les vrais héros du début du film sont bien ces gamins désobéissants et audacieux ! Le scénario annonce assez vite le procès d'un Noir accusé de viol sur une femme blanche, mais laisse d'abord cette sous-intrigue à l'arrière-plan. Et c'est d'ailleurs ce qui est beau ! Du silence et des ombres filme la vie comme les mômes la croquent !
En toute logique, la beauté du noir et blanc nous happe: nous oublions notre statut de spectateur ordinaire pour adopter celui de complice des deux marmots, bientôt rejoints par un troisième plutôt bavard. Parce que le film dure un peu plus de deux heures, on a tout le temps d'en profiter, c'est-à-dire de rire ou de trembler de leurs tribulations. Soudain, le ton change et on part vers autre chose: la jolie chronique enfantine mue en un récit initiatique d'une très belle intelligence. Confrontés à la très délicate question de la justice, Scout et Jem comprennent un peu mieux que la vie n'est pas toujours aussi sucrée qu'ils pouvaient le croire pour les nobles âmes et autres oiseaux chantants. La caméra continue d'adopter leur regard, mais s'éloigne d'eux, les reléguant au rang d'observateurs inutiles. On craint alors que Du silence et des ombres bascule vers le drame, mais la suite surprend encore. Comment ? Je ne vais bien sûr pas vous le révéler. Sachez-le: malgré quelques longueurs, le film m'a pleinement séduit. Désormais, je suppose qu'il ne me restera plus... qu'à lire le bouquin !
Du silence et des ombres
Film américain de Robert Mulligan (1962)
Je n'ai pas parlé des acteurs, mais ils sont tous très bons. Mentions spéciales aux gosses, évidemment: Mary Badham et Phillip Alford forment un duo fraternel convaincant... et John Megna est très drôle. Et le grand Gregory Peck ? Sa prestation lui valut son unique Oscar. Conclusion: le film est incontournable pour les amoureux du cinéma hollywoodien. Un peu à l'image de Mr. Smith au Sénat, en son temps.
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Deux avis valent mieux qu'un, non ?
Je vous propose donc d'aller lire la chronique de "L'oeil sur l'écran".
L'American Film Insitute, qui s'efforce de préserver les vieux films d'une lente dégradation, s'est amusé à classer les héros et méchants du cinéma américain, en 2003. Atticus Finch, le personnage principal de mon film d'aujourd'hui, occupe la première place et devance l'improbable tandem Indiana Jones / James Bond. Il faut admettre qu'il a de solides arguments à faire valoir: ce jeune veuf travaille dur et tâche de préserver ses deux enfants du côté sombre de l'existence. Avocat, il leur interdit donc de venir l'écouter plaider au tribunal. Scout et Jem ont, pendant les vacances d'été, d'autres occupations. Cela dit, c'est franchement bien difficile de les empêcher de fouiner autour d'une maison voisine, réputée abriter un homme dangereux. Pas d'erreur: les vrais héros du début du film sont bien ces gamins désobéissants et audacieux ! Le scénario annonce assez vite le procès d'un Noir accusé de viol sur une femme blanche, mais laisse d'abord cette sous-intrigue à l'arrière-plan. Et c'est d'ailleurs ce qui est beau ! Du silence et des ombres filme la vie comme les mômes la croquent !
En toute logique, la beauté du noir et blanc nous happe: nous oublions notre statut de spectateur ordinaire pour adopter celui de complice des deux marmots, bientôt rejoints par un troisième plutôt bavard. Parce que le film dure un peu plus de deux heures, on a tout le temps d'en profiter, c'est-à-dire de rire ou de trembler de leurs tribulations. Soudain, le ton change et on part vers autre chose: la jolie chronique enfantine mue en un récit initiatique d'une très belle intelligence. Confrontés à la très délicate question de la justice, Scout et Jem comprennent un peu mieux que la vie n'est pas toujours aussi sucrée qu'ils pouvaient le croire pour les nobles âmes et autres oiseaux chantants. La caméra continue d'adopter leur regard, mais s'éloigne d'eux, les reléguant au rang d'observateurs inutiles. On craint alors que Du silence et des ombres bascule vers le drame, mais la suite surprend encore. Comment ? Je ne vais bien sûr pas vous le révéler. Sachez-le: malgré quelques longueurs, le film m'a pleinement séduit. Désormais, je suppose qu'il ne me restera plus... qu'à lire le bouquin !
Du silence et des ombres
Film américain de Robert Mulligan (1962)
Je n'ai pas parlé des acteurs, mais ils sont tous très bons. Mentions spéciales aux gosses, évidemment: Mary Badham et Phillip Alford forment un duo fraternel convaincant... et John Megna est très drôle. Et le grand Gregory Peck ? Sa prestation lui valut son unique Oscar. Conclusion: le film est incontournable pour les amoureux du cinéma hollywoodien. Un peu à l'image de Mr. Smith au Sénat, en son temps.
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Deux avis valent mieux qu'un, non ?
Je vous propose donc d'aller lire la chronique de "L'oeil sur l'écran".
26 commentaires:
Je t'envie, Martin, d'une part pour avoir vu ce joli film en salle et en version restaurée et d'autre part parce que le roman original te reste à découvrir : c'est un livre merveilleux et je suis presque sûr qu'il te plaira !
Merci pour ce billet.
Je comprends, Laurent, et je te souhaite la même chance.
C'est vrai que c'était vraiment une bonne pioche, ce film !
J'ai le bouquin. Il faudrait que je prenne le temps de le lire. Peut-être cet été, en vacances.
Hello Martin. Un peu mieux, je n'oublie pas mes amis blog même si je n'écris plus guère en ce moment. C'est un très beau film qui s'est fait une réputation tardivement. Le titre français est bien éloigné de l'original. Mais sur grand écran et restauré, le plaisir doit être décuplé. A noter l'un des tout premiers rôles de Robert Duvall.A bientôt.
Ah ! Eeguab ! Quel plaisir de te relire (même si ce n'est qu'ici) !
Oui, un beau film plein de justesse et d'humilité, sa réputation tardive est largement méritée !
Merci de mentionner Robert Duvall: je n'ai rien dit de son rôle, mais c'est vrai qu'il est important.
Quel BEAU film !!!
La VF est catastrophique donc il FAUT opter pour la VO (pour le cas où on le voit en dvd). J'ai l'impression que tous les acteurs hommes de l'époque étaient doublés par le même bonhomme qui avait peu d'intonations dans la voix.
Dommage d'avoir changé ce si BEAU titre.
Les enfants sont incroyables, surtout Scout et Gregory Peck est merveilleux.
Filmé à hauteur et du point de vue des enfants, le film aurait été tout autre du point de vue des adultes.
Un grand film anti-raciste. Tout comme le livre : un chef-d'oeuvre que tu peux t'empresser de lire.
Et ce noir et blanc quasi féérique parfois...
C'est bien dans cette histoire qu'il y a un tout tout jeune -très beau- Robert Duvall ?
La suite hélas est une catastrophe. Scout est devenue grande et INSUPPORTABLE même si elle essaie de marcher dans les pas de son père.
Par contre, Harper Lee avait le don des beaux titre : Va, et poste une sentinelle :-)
un s à titre merci.
Le coréen est innocent, Je suis sur mon PC.
... qui est américain...
Et qu'est-ce qu'il était beau Brock Peters !!!
@Pascale:
Nous sommes d'accord sur tout.
Je trouve que l'anti-racisme passe presque au second plan.
Oui pour Robert Duvall.
Pour ce qui est de la suite, je ne la connais pas et réserve donc mon jugement.
@Pascale 2:
Toi et tes remakes des guéguerres américano-coréennes, c'est quelque chose !
@Pascale 3:
Ton PC américain a peut-être des composants coréens, va savoir...
@Pascale 4:
Dans ce film, il a l'image de la dignité. Impressionnant.
Il n'y a pas de suite en film mais uniquement en livre. Une histoire insensée. Elle écrit la suite 50 ans après, L'année dernière je crois, et elle meurt...
C'est vrai que je ne fais rien pour apaiser les choses... alors qu'on était à 2 doigts d'une rencontre diplomatique.
Et beau.
@Pascale littéraire:
Oui, je connais cette histoire. C'est vrai que c'est un peu dingue.
Mais je me dis qu'au fond, c'est cela aussi, qui fait la légende de Harper Lee !
@Pascale ambassadrice:
Tant que tu ne joues pas au canard twitto-hystérique, ça va...
@Pascale qui flashe sur les acteurs:
Oui. C'est vrai aussi.
Un très beau film qui parle non seulement de la ségrégation américaine mais également du regard des enfants sur le monde des adultes.
Et que dire de Gregory Peck? Toujours aussi magistral ! Ce rôle de père éducateur expliquant à ses enfants qu'il faut parfois faire des compromis dans la vie lui va comme un gant. (compromis qu'il devra lui-même faire...)
J'ai bien l'impression que le film fait l'unanimité, chère Ideyvonne !
Gregory Peck est excellent dans ce rôle, dans un registre proche de celui de James Stewart.
Ce qui je trouve admirable, d'ailleurs, c'est que le film compose des personnages d'adultes forts, même si, comme nous l'avons toutes et tous ressenti, il est d'abord axé sur le regard des enfants.
Oui, c'est incontestablement un beau film qui a quelque chose de fordien par ses thèmes (à défaut de l'être par la mise en scène). D'ailleurs, Sergeant Rutledge de Ford, qui parle d'un sergent noir accusé d'un viol dont il est innocent, date de la même année.
Atticus Finch n'est pas que le héros number one de l'AFI : il l'est aussi dans mon petit coeur.
@Strum:
Je note la parenté thématique avec John Ford. Merci du tuyau.
Le plus amusant est qu'il me semble avoir laissé passer l'occasion de voir "Sergeant Rutledge"...
@Tina:
C'est trop mignon, ça !
Tu nous proposes ta liste des 100, un jour ?
Why not ! :D
(je fais déjà sur Twitter ma liste de films préférés - c'est pas de la tarte !).
Je surveillerai donc une éventuelle parution sur ton blog !
Personnellement, je ne me suis pas encore risqué à réaliser une telle liste...
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