dimanche 12 juin 2016

Le convoyeur

David Ladislas se fait passer pour un reporter, mais il sert d'homme de main à un trafiquant. Le garçon a des principes: il refuse mordicus de convoyer de la drogue, mais ça ira pour des diamants ou de l'or. J'imagine que Jean-Paul Belmondo tenait à rester un héros positif. Sorti en 1964, Échappement libre est son 35ème film... en huit ans !

C'est également la deuxième de ses trois collaborations artistiques avec Jean Becker, fils de Jacques, pour un rôle taillé sur-mesure. Virevoltant, Bébel s'en donne à coeur joie dans cette comédie au noir et blanc gentiment démodé, très sage adaptation d'un roman de gare. Le film joue à fond la carte du dépaysement: il fonce à cent à l'heure d'Espagne en Grèce, en passant par le Liban, l'Italie et l'Allemagne. David Ladislas est plutôt OSS 117 que James Bond: ceux à qui le pitch du long-métrage avait laissé espérer un film noir en seront vraiment pour leurs frais. Échappement libre est un divertissement, point. Fort heureusement, il est assez rythmé pour passer un bon moment...

Et puis, avis aux amateurs, il y a Jean Seberg. La blonde Américaine aurait sans doute pu trouver une jolie place parmi les égéries hitchcockiennes, mais ici, point de suspense: on sait bien que Bébel va craquer pour elle et on devine... que ça finira par être réciproque. La belle garde tout de même ses lunettes de soleil pour faire l'amour ! Autant dire que, là aussi, Échappement libre joue sur une gamme ludique, si ce n'est parodique. Il n'est surtout pas interdit d'apprécier l'escapade, qui me paraît assez représentative d'un certain cinéma français. C'est vrai aussi qu'en se souvenant que le duo vedette s'illustrait quelque temps auparavant avec la Nouvelle Vague, on peut s'étonner de ce qui ressemble à une volte-face. L'une des options envisageables pour faire la part des choses consiste alors à apprécier les deux facettes du même métier d'acteur - c'est ce que j'aime faire. Évidemment, on est en droit aussi d'attendre autre chose du cinéma.

Échappement libre
Film français de Jean Becker (1964)

Bon... oui, Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo furent portés d'abord par la Nouvelle Vague et À bout de souffle, de Jean-Luc Godard. Maintenant, du côté des films noirs, je conseille Classe tous risques et La métamorphose des cloportes. Dans celui que j'ai présenté aujourd'hui, on s'amusera à voir Sautet co-scénariste, Costa-Gavras assistant-réalisateur et Marielle dans un petit rôle. Alors... heureux ?

2 commentaires:

princécranoir a dit…

Je ne connaissais pas du tout. Le pitch m'a fait penser au très bon "classe tous risque" du Sautet première mouture (j'ai vu que tu le faisais apparaître dans les conseils) mais le duo Belmondo/Seberg semble un peu à bout de souffle (ok elle était facile). J'ai toujours trouvé les films de Jean Becker nettement moins intéressants que ceux de son papa, mais je pourrais être surpris.

Martin a dit…

C'est tout de même beaucoup moins noir que "Classe tous risques", sache-le ! J'ai d'ailleurs préféré ce premier essai de Claude Sautet. Cela dit, il m'est difficile de résister à Bébel dans ses premiers rôles... et je constate aujourd'hui que le gaillard a atteint très vite un nombre de films impressionnant !

Ta remarque finale me donne envie de découvrir les oeuvres de Jacques Becker, désormais. Un jour...