Avec un regard que j'imagine canaille, il affirmait, dans une interview récente et par comparaison, connaître d'autres acteurs plus "décatis" et citait André Dussollier, né... plus de quinze ans après lui. On dit toutefois que Jean Rochefort a hésité avant d'accepter le premier rôle de Floride. Je suis heureux qu'il s'y soit aventuré, à 85 printemps. Soixante années, pas moins ! après ses débuts - discrets - au cinéma.
Ancien capitaine d'industrie, Claude Lherminier vit un vieil âge confortable dans une grande maison des environs d'Annecy. Il espère bientôt voir sa fille cadette, exilée à Miami, et, en l'attendant, passe un peu de son impatiente frustration sur sa brave femme de ménage ou son aînée, Carole. Cette dernière est pourtant aux petits soins pour son vieux papa: dans sa lignée directe, elle a repris la direction de son entreprise et, autant que possible, lui rend des visites régulières et rassurantes. Floride se joue donc, avant tout, en duo. Plus ou moins développés, quelques personnages secondaires gravitent autour de cet axe central, mais c'est la belle description d'une relation presque exclusive qui fait le sel du scénario. Je crois bon de préciser que ce dernier puise l'essentiel de son inspiration dans une pièce de théâtre, Le père, de Florian Zeller. Celles et ceux parmi vous qui l'ont lue ou vue retiendront peut-être que des libertés ont été prises pour son adaptation. Le fait que le titre ait changé n'est sûrement pas anodin, mais je n'ai pas (encore ?) pu comparer...
C'est bel et bien pour Jean Rochefort que je suis allé voir le film. D'emblée, même si la voix de la plus célèbre moustache du cinéma français est un peu altérée, la bande-annonce m'a laissé comprendre que ces "retrouvailles" de spectateur à comédien seraient agréables. Robert Hirsch aurait-il repris le rôle qu'il a créé, il n'est pas certain que je serais allé l'applaudir avec le même joyeux empressement. Tout à mon emballement, je veux tout de même dire que Floride demeure un film potentiellement éprouvant. L'incroyable fantaisie naturelle de son premier interprète ne masque qu'un temps la gravité du propos: il s'agit essentiellement d'illustrer une lente déchéance. Après avoir souri plusieurs fois, je me suis surtout senti ému. Sandrine Kiberlain n'y est pas pour rien: elle se fond admirablement dans son personnage et le difficile pas de deux qui lui est offert révèle, une fois de plus, quelle admirable actrice elle peut être. Comme images pour cette chronique, je n'ai retenu que des visages souriants. C'est le souvenir que j'aimerais conserver de ce beau film.
Floride
Film français de Philippe Le Guay (2015)
Cela me semble incroyable, et pourtant... certains, déçus, sont allés jusqu'à comparer ce film à Tatie Danielle ! C'est le signe d'après moi qu'ils sont passés à côté du message. Bref... parce qu'il ose montrer une certaine vérité en face, je le placerais plutôt dans la droite ligne d'Amour, en un peu moins dur, tout de même. Sur un thème similaire, je recommande un dessin animé espagnol: La tête en l'air.
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À chacun sa façon de voir...
Pascale aime Rochefort et Kiberlain, mais ne partage pas la mienne. Sentinelle, pour sa part, se contente d'une bonne note: 3,5 sur 5.
Ancien capitaine d'industrie, Claude Lherminier vit un vieil âge confortable dans une grande maison des environs d'Annecy. Il espère bientôt voir sa fille cadette, exilée à Miami, et, en l'attendant, passe un peu de son impatiente frustration sur sa brave femme de ménage ou son aînée, Carole. Cette dernière est pourtant aux petits soins pour son vieux papa: dans sa lignée directe, elle a repris la direction de son entreprise et, autant que possible, lui rend des visites régulières et rassurantes. Floride se joue donc, avant tout, en duo. Plus ou moins développés, quelques personnages secondaires gravitent autour de cet axe central, mais c'est la belle description d'une relation presque exclusive qui fait le sel du scénario. Je crois bon de préciser que ce dernier puise l'essentiel de son inspiration dans une pièce de théâtre, Le père, de Florian Zeller. Celles et ceux parmi vous qui l'ont lue ou vue retiendront peut-être que des libertés ont été prises pour son adaptation. Le fait que le titre ait changé n'est sûrement pas anodin, mais je n'ai pas (encore ?) pu comparer...
C'est bel et bien pour Jean Rochefort que je suis allé voir le film. D'emblée, même si la voix de la plus célèbre moustache du cinéma français est un peu altérée, la bande-annonce m'a laissé comprendre que ces "retrouvailles" de spectateur à comédien seraient agréables. Robert Hirsch aurait-il repris le rôle qu'il a créé, il n'est pas certain que je serais allé l'applaudir avec le même joyeux empressement. Tout à mon emballement, je veux tout de même dire que Floride demeure un film potentiellement éprouvant. L'incroyable fantaisie naturelle de son premier interprète ne masque qu'un temps la gravité du propos: il s'agit essentiellement d'illustrer une lente déchéance. Après avoir souri plusieurs fois, je me suis surtout senti ému. Sandrine Kiberlain n'y est pas pour rien: elle se fond admirablement dans son personnage et le difficile pas de deux qui lui est offert révèle, une fois de plus, quelle admirable actrice elle peut être. Comme images pour cette chronique, je n'ai retenu que des visages souriants. C'est le souvenir que j'aimerais conserver de ce beau film.
Floride
Film français de Philippe Le Guay (2015)
Cela me semble incroyable, et pourtant... certains, déçus, sont allés jusqu'à comparer ce film à Tatie Danielle ! C'est le signe d'après moi qu'ils sont passés à côté du message. Bref... parce qu'il ose montrer une certaine vérité en face, je le placerais plutôt dans la droite ligne d'Amour, en un peu moins dur, tout de même. Sur un thème similaire, je recommande un dessin animé espagnol: La tête en l'air.
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À chacun sa façon de voir...
Pascale aime Rochefort et Kiberlain, mais ne partage pas la mienne. Sentinelle, pour sa part, se contente d'une bonne note: 3,5 sur 5.
6 commentaires:
J'ai eu la flemme d'écrire un billet mais je suis ravie du tien et de la bonne note que tu lui attribues. Je ne savais pas que le film était une adaptation d'une pièce de théâtre, preuve que cela ne se voit pas trop sur grand écran (en général, cela saute aux yeux, ce qui n'est pas le cas ici). Le duo d'acteurs fonctionne à merveille et si le film fait sourire dans une première partie, le propos se fait effectivement plus grave dans la deuxième. Il n'empêche, voilà un bon film qui n'a sans doute pas trouvé le public qu'il méritait, en tout cas à mes yeux. Il faut dire que le sujet n'était guère estivale...
Hé hé ! Il est temps de t'avouer que, quand tu t'es interrogée sur ton blog pour savoir si j'avais vu le film ou non, je n'ai rien dit pour te préserver la surprise. Bon, à toi et à mes autres lecteurs qui seraient passés "chez toi"...
Pour ce qui est de mon analyse, je continue de penser qu'il y a une méprise possible de la part d'une partie du public et de la critique. "Floride" n'est pas une comédie ! Et je continue malgré tout à le défendre comme un bon film, sur un sujet de société important et profond. Après, ma foi, Jean Rochefort, je l'aime été comme hiver !
Et bien je ne suis qu'à moitié étonnée que tu l'aies vu, tant tu semblais en parler en connaissance de cause. J'avoue que j'ai été par contre très étonnée lorsque tu as évoqué le fait que certaines personnes ont comparé ce film à Tatie Danielle, auquel je n'ai pas pensé une seconde. C'est surtout un film tendre et sensible sur un sujet des plus délicats qui soit. J'apprécie également énormément Jean Rochefort, et je pense que le film fonctionne très bien grâce à ce couple de comédiens exceptionnels dans leur genre. Pourquoi n'a-t-on pas penser à les réunir avant ce film ? Philippe Le Guay a en tout cas frappé juste en les réunissant enfin, tant l'alchimie fonctionne très bien entre les deux comédiens !
Moi non plus, je n'ai pas compris la référence à "Tatie Danielle" (un film que je n'ai pas vu, cela dit). Je crois que c'était juste histoire de dire qu'au début, le personnage rejetait l'aide qu'on lui proposait de manière un peu méchante, et alors qu'il est encore pleinement conscient de ces actes et dires.
100% d'accord avec toi sur la complémentarité du duo Sandrine Kiberlain / Jean Rochefort. Ils se donnent parfaitement la réplique, sans que l'un "mange" l'autre. J'aime de plus en plus Sandrine Kiberlain, je crois bien. Jean Rochefort, c'est particulier: j'aime aussi l'homme derrière l'acteur. Et je l'ai vu au théâtre, aussi, où je l'avais trouvé encore meilleur que dans beaucoup de ces rôles de cinéma.
Meilleur souvenir cinematographique des 6 derniers mois , je suis un inconditionnel de notre Rochefort national mais cette "aficion" n'explique pas tout. Film sur la décheance et la vieillesse certes, mais surtout sur la complexité des rapports filiaux, la justesse du jeu de Sandrine Kiberlain dans ce domaine force l'admiration..
Ravi de vous lire aussi emballé, CC Rider ! Nous partageons la même admiration pour Jean Rochefort, visiblement. Comme je l'ai expliqué plus haut, je suis tout à fait d'accord avec vous sur la justesse de Sandrine Kiberlain. Je confirme également que la complexité des rapports filiaux, comme vous le dites si bien, et de famille en général est au centre du film. Merci pour ce commentaire avisé !
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