Les films venus de Singapour sont plutôt rares dans les salles françaises. Si j'en crois Les fiches du cinéma, il en serait sorti deux l'année dernière - dont l'un en coproduction internationale. Un autre était arrivé jusqu'à nous en 2009. Le dernier en date, Ilo Ilo, crédite un Français, Benoît Soler, comme chef-opérateur. Ce joli petit film est parti à la rencontre du public avec un atout: une Caméra d'or glanée au dernier Festival de Cannes. Ce qui veut dire, je le précise pour ceux qui l'ignorent, qu'il a donc été considéré comme le meilleur des premiers films en compétition, toutes sélections confondues.
Retenu pour la Quinzaine des réalisateurs, Ilo Ilo marquera l'histoire du cinéma dans son pays, puisqu'il est aussi le tout premier film singapourien primé sur la Croisette. L'histoire se déroule en 1997-98. L'archipel s'enfonce alors dans la crise économique. Loin du pamphlet social qu'il aurait pu être, le long-métrage nous propose de faire connaissance avec une famille ordinaire, Teck, Leng et Jiale, leur fils d'une dizaine d'années. C'est en fait lui, je crois, qui donne le tempo. Parce qu'il n'est pas très travailleur et plutôt turbulent, ses parents décident d'embaucher une nounou pour s'en occuper, aller le chercher à l'école, l'aider à faire ses devoirs, partager sa chambre. Le boulot passe d'abord pour ce couple en attente d'un autre enfant et inquiet de la dégradation de son niveau de vie. Ce qui se passe à l'écran trouve alors un écho dans ce que nous pouvons vivre aujourd'hui. D'ailleurs, la nounou de Jiale est... une travailleuse immigrée. Teresa vient des Philippines. Elle doit s'intégrer, s'adapter à une nouvelle vie.
Je ne voudrais surtout pas faire de généralités sur le cinéma asiatique: je suis à mon avis beaucoup trop peu connaisseur pour ça. Reste que j'ai trouvé dans ce film une sensibilité que j'avais décelée dans d'autres oeuvres venues d'Asie. Comment l'expliquer ? Disons juste qu'une fois encore, la caméra m'a paru suivre les personnages sans les juger. Il n'y a pas de manichéisme, dans Ilo Ilo. Il n'y a pas non plus d'apitoiement. Il y a des femmes et des hommes confrontés à certaines situations et qui tâchent de s'en sortir. Il y a aussi beaucoup d'empathie, je dirais même de respect, pour eux. Il suffit parfois d'un rapide gros plan sur une cicatrice pour que le passé ressurgisse et qu'une émotion passe sans que le réalisateur ait besoin d'ajouter un dialogue ou une image supplémentaire. La pudeur fondamentale de ce style me plaît beaucoup. Je suis heureux aussi d'ajouter un petit drapeau à ma page "Cinéma du monde". Il est toujours agréable d'ouvrir ainsi son horizon. Et donc merci, Cannes !
Ilo Ilo
Film singapourien d'Anthony Chen (2013)
Une précision d'ordre géographique: le titre reprend le nom d'une ville et d'une province des Philippines, qu'on écrit en un seul mot. Du point de vue cinématographique, le travail d'Anthony Chen, 29 ans, me fait penser à celui de Hirokazu Kore-eda (cf. index des réalisateurs). J'attends justement la sortie du prochain long-métrage du cinéaste japonais pour mieux en juger - possible que j'en reparle cet hiver.
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Si vous ne souhaitez pas attendre...
Vous pouvez toujours lire un autre avis sur "Le blog de Dasola". Pascale donne aussi le sien (cf. "Sur la route du cinéma").
Retenu pour la Quinzaine des réalisateurs, Ilo Ilo marquera l'histoire du cinéma dans son pays, puisqu'il est aussi le tout premier film singapourien primé sur la Croisette. L'histoire se déroule en 1997-98. L'archipel s'enfonce alors dans la crise économique. Loin du pamphlet social qu'il aurait pu être, le long-métrage nous propose de faire connaissance avec une famille ordinaire, Teck, Leng et Jiale, leur fils d'une dizaine d'années. C'est en fait lui, je crois, qui donne le tempo. Parce qu'il n'est pas très travailleur et plutôt turbulent, ses parents décident d'embaucher une nounou pour s'en occuper, aller le chercher à l'école, l'aider à faire ses devoirs, partager sa chambre. Le boulot passe d'abord pour ce couple en attente d'un autre enfant et inquiet de la dégradation de son niveau de vie. Ce qui se passe à l'écran trouve alors un écho dans ce que nous pouvons vivre aujourd'hui. D'ailleurs, la nounou de Jiale est... une travailleuse immigrée. Teresa vient des Philippines. Elle doit s'intégrer, s'adapter à une nouvelle vie.
Je ne voudrais surtout pas faire de généralités sur le cinéma asiatique: je suis à mon avis beaucoup trop peu connaisseur pour ça. Reste que j'ai trouvé dans ce film une sensibilité que j'avais décelée dans d'autres oeuvres venues d'Asie. Comment l'expliquer ? Disons juste qu'une fois encore, la caméra m'a paru suivre les personnages sans les juger. Il n'y a pas de manichéisme, dans Ilo Ilo. Il n'y a pas non plus d'apitoiement. Il y a des femmes et des hommes confrontés à certaines situations et qui tâchent de s'en sortir. Il y a aussi beaucoup d'empathie, je dirais même de respect, pour eux. Il suffit parfois d'un rapide gros plan sur une cicatrice pour que le passé ressurgisse et qu'une émotion passe sans que le réalisateur ait besoin d'ajouter un dialogue ou une image supplémentaire. La pudeur fondamentale de ce style me plaît beaucoup. Je suis heureux aussi d'ajouter un petit drapeau à ma page "Cinéma du monde". Il est toujours agréable d'ouvrir ainsi son horizon. Et donc merci, Cannes !
Ilo Ilo
Film singapourien d'Anthony Chen (2013)
Une précision d'ordre géographique: le titre reprend le nom d'une ville et d'une province des Philippines, qu'on écrit en un seul mot. Du point de vue cinématographique, le travail d'Anthony Chen, 29 ans, me fait penser à celui de Hirokazu Kore-eda (cf. index des réalisateurs). J'attends justement la sortie du prochain long-métrage du cinéaste japonais pour mieux en juger - possible que j'en reparle cet hiver.
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Si vous ne souhaitez pas attendre...
Vous pouvez toujours lire un autre avis sur "Le blog de Dasola". Pascale donne aussi le sien (cf. "Sur la route du cinéma").
2 commentaires:
Bonjour et merci pour cette belle critique ! J'avais hésité à aller le voir, mais ton enthousiasme m'a convaincu. A plus, Liv
Bonjour Martin, merci une fois encore pour le lien. En y repensant, ce film fera partie de mes préférés de 2013 car oui, il n'y a pas de manichéisme, ni de misérabilisme. Bonne journée.
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