lundi 28 juin 2010

Mortelle Espagne

J'ai bien failli découvrir l'Espagne la semaine prochaine. Ce sera finalement pour une autre fois. Reste le cinéma, inépuisable source de voyages dans toutes les directions. Et c'est bien de l'autre côté des Pyrénées que nous conduira le film d'aujourd'hui: Tristana, signé Luis Bunuel et sorti en 1970. Un long métrage dont l'action a lieu dans le Tolède de la fin des années 20. L'héroïne - dont vous aurez deviné le prénom - est une toute jeune femme: ses parents décédés tous deux, elle est recueillie par un vieil oncle, Don Lope. Ce dernier la considère d'abord comme une fille, puis la courtise ouvertement. L'innocente oie blanche devient vite l'amante de son protecteur. Comme vous l'imaginez, c'est un peu glauque, tout ça, à vrai dire...

Ce n'est rien en comparaison de la suite. Tristana, c'est avant tout l'histoire d'une sorte de descente aux enfers. Nul n'y est épargné. Certes, Don Lope donne de lui l'image d'un vieux satyre, mais la belle qu'il convoite n'est pas forcément très recommandable, dans le fond. Ingrate, elle s'entiche même d'un artiste peintre, lequel dit l'aimer jusqu'à ce qu'elle tombe malade. Adulte assez retorse, la femme rejetée fait marche arrière et retrouve sa vie d'avant, sans mieux la supporter. Aigrie, assez condescendante avec les uns et les autres, et notamment avec l'enfant muet de sa gouvernante, elle deviendra un monstre de cynisme glacé, pire encore que ceux qu'elle a fréquentés. Luis Bunuel ne nous fait pas le cadeau d'un happy end. Très sincèrement, il serait de fait franchement déplacé.

Tristana n'est certainement pas de ces films que l'on regarde le soir pour se détendre. Il n'en reste pas moins qu'il ajoute une page intéressante dans le grand livre du cinéma. L'aurez-vous relevé ? C'est le troisième long-métrage du réalisateur franco-espagnol chroniqué sur ce blog. Qu'en dire pour finir ? Que, dans son genre, c'est une réussite ? Ce serait vrai. L'intérêt de cette oeuvre est aussi de voir Catherine Deneuve dans un rôle particulièrement ingrat. Interrogée sur sa perception du personnage, la comédienne indiquait d'ailleurs qu'une fois le film tourné, elle avait mis beaucoup de temps à s'en remettre, sans regretter quoi que ce soit. Il est vrai que, comme elle le soulignait aussi, ses attitudes évoluent véritablement. L'occasion idéale pour elle de dévoiler plusieurs facettes complémentaires de son talent, le tout... à seulement 27 ans. Modeste ou au contraire altière, elle est presque toujours parfaite !

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