mardi 16 décembre 2008

Prison irlandaise, réflexion universelle

1963. L'acteur américain Steve McQueen joue le personnage principal de La grande évasion, soldat enfermé dans un camp de prisonniers de la seconde guerre mondiale. 2008. Un autre Steve McQueen, réalisateur anglais celui-là, présente son premier long métrage, Hunger, au Festival de Cannes. Une oeuvre qui évoque notamment les dernières semaines de la vie de Bobby Sands, membre de l'Armée révolutionnaire irlandaise incarcéré à la prison de Maze, mort là-bas après une grève de la faim de 66 jours, le 5 mai 1981, faute d'avoir fait plier Maggie Thatcher et obtenu le statut de prisonnier politique.

Sur la Croisette, Hunger a marqué le jury et obtenu la Caméra d'or, récompense créée en 1978 pour consacrer le meilleur premier film parmi l'ensemble des sélections du Festival. Imaginant que j'allais découvrir une nouvelle oeuvre "coup de poing", je suis allé vérifier mon pressentiment il y a un peu plus d'une semaine. Je n'ai pas été déçu. Toute la difficulté pour moi est dès lors de parler d'un scénario qu'il est préférable de découvrir seul, de ne pas trop en dire, donc, de peur de gâcher le plaisir. Faut-il seulement parler de plaisir ? Honnêtement, le terme me paraît inadapté, voire presque grossier dans le contexte. Non, cette grosse heure et demie de cinéma n'est pas plaisante. Dire qu'elle est prenante serait sans doute plus juste. De fait, il m'apparaît bien difficile, à moins d'être profondément insensible, de ne pas être happé par ce qui est ici montré.

Hunger est presque un film muet. Je dis "presque", car les dialogues n'en sont pas absents. Simplement, sans doute sont-ils toutefois réduits au strict minimum. En fait, de prime abord, c'est par l'image que le spectateur est visé. "Regardez !", semble dire le réalisateur, qui ouvre son récit par l'arrivée d'un nouveau prisonnier à Maze, osant ainsi ne pas se focaliser d'emblée sur son personnage principal. Démarche intéressante qui permet sûrement de s'identifier encore plus facilement à ce type, dont on sait peu de choses. Pourtant, au fil des situations présentées, l'histoire écarte les bons sentiments et ne laisse finalement que peu de place à l'empathie. Jamais le propos n'est en tout cas manichéen, bons Irlandais contre méchants Anglais, braves taulards contre salopards de gardiens. Chacun analysera comme il l'entend, se fera sa propre idée, selon ses convictions personnelles. Par sa maîtrise parfaite, le film dit tout de même beaucoup de choses sur ces "héros" tragiques, en peu de mots, donc. La porte à la réflexion et au débat est ainsi rouverte. Bingo !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ayant vu le film avec toi, je partage entièrement ton point de vue...