jeudi 18 mars 2010

Une amitié épistolaire

Tant pis pour le scoop ! Même si ce n'est pas nouveau, je constate qu'entre deux films d'abord orientés vers le jeune public, le cinéma d'animation nous réserve de temps à autre des bijoux plus matures. C'est le cas de Mary et Max, que j'avais manqué en salles et que j'ai donc fini par rattraper en DVD. Une oeuvre de l'Australien Adam Elliot qui, pour l'anecdote, est aussi la première venue de l'île-continent que je découvre depuis... janvier 2008 ! C'est une vraie petite pépite qui est parvenue jusqu'à nous. Elle raconte l'étrange correspondance d'une petite Australienne, coincée entre un père ouvrier et une mère alcoolique. Un beau jour, au cours d'une de ses rares sorties, Mary déchire un annuaire américain et, rentrée à la maison, se décide aussitôt à écrire à Max, un homme dans la quarantaine, qui vit seul en plein New York et souffre d'une certaine forme d'autisme.

Rien de très souriant dans ce point de départ, dont le réalisateur annonce d'emblée qu'il est inspiré d'une histoire vraie. Dont acte. Libre adaptation, en vérité: Mary est en fait une projection distancée d'Adam Elliot lui-même, le cinéaste entretenant bel et bien une relation épistolaire avec un Max, américain et autiste. Il sait donc de quoi il parle quand il évoque les conséquences de la maladie. L'intérêt du film ne réside toutefois pas dans la description clinique d'une "quelconque" affection et de l'asociabilité qui en résulte. Mary et Max est avant tout l'histoire de deux êtres qui ne se sont jamais rencontrés et qui, séparés par les mers et leurs différences, parviennent quand même à devenir amis. Si cela peut parfois prêter à sourire, ce n'est pas vraiment drôle, c'est même plutôt curieux. Ponctuellement, c'est aussi, oui, relativement émouvant. Et ce surtout parce que l'on suit finalement cette relation sur des dizaines d'années, jusqu'à un dénouement somme toute assez pathétique...

Je ne vous ai rien dit ! Plutôt que de vous dévoiler d'autres aspects du scénario, parlons plutôt technique. Comme vous l'aurez compris grâce aux images ici publiées, Mary et Max sont deux personnages de pâte à modeler. Je n'ai pas regardé l'ensemble des bonus du DVD, mais j'ai retenu d'une intervention d'Adam Elliot que ce dernier aimait "mettre les mains dans le cambouis". Pas question pour lui d'opter pour une relative simplicité en réalisant un film 3D assisté par ordinateur. La technique qu'il emploie - le stop-motion - suppose de concevoir toute la gamme d'expressions des petits personnages avant de les photographier image par image. Souhaiteriez-vous voir cités quelques chiffres pour mieux mesurer la performance ? Le film a été mis en chantier cinq ans avant sa sortie. Le tournage proprement dit a nécessité le travail en association de 120 artistes pendant 57 semaines. Et chaque jour, seules 30 secondes de métrage étaient obtenues. Le réalisateur estime même à 235 ans (!) le temps qu'il lui aurait fallu pour tout faire tout seul. Au bout de l'effort collectif, il y a ce film, remarquable par bien des aspects. Bravo !

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