mercredi 31 janvier 2024

Une vie en clair-obscur

Je vous en avais parlé il y a deux ans: fin décembre 2021, le Musée d'Orsay, à Paris, accueillait une exposition consacrée au cinéma. L'originalité de la démarche consistait à l'évoquer au prisme des arts qui l'ont précédé et nous ont donc, en quelque sorte, mené jusqu'à lui. Résultat: un exposé - érudit et sensible - de la puissance des images !

J'y ai repensé dernièrement en découvrant Rembrandt, un film oublié consacré au très illustre peintre et graveur flamand (1606-1669). Cette production néerlando-germano-française a répondu à mon envie de mieux connaître la personnalité de l'artiste et de comprendre comment sa vie, pour le moins difficile, a pu influencer sa création. J'ai aussi apprécié de retrouver quelques visages familiers et aimés parmi les acteurs français du film: Jean Rochefort dans un rôle d'odieux personnage, Romane et Richard Bohringer, Ludivine Sagnier.

Dans le rôle-titre, l'acteur autrichien Klaus Maria Brandauer fascine. Johanna ter Steege est une parfaite Saskia (la première femme de). La mise en scène, elle, nous offre une reconstitution convaincante d'Amsterdam au 17ème siècle... et certains des plus beaux plans rappellent la magnificence des grandes toiles de l'artiste. Un artiste qui n'a laissé que peu de traces écrites, ce qui a donc obligé le couple à l'origine du scénario du film - Sylvie et Charles Matton - à faire preuve d'imagination. Tout en restant fidèle à l'esprit de Rembrandt ! De mon point de vue purement subjectif, je trouve qu'ils ont réussi. Et j'espère en convaincre d'autres amateurs de la peinture classique...

Rembrandt
Film (néerlando-germano-)français de Charles Matton (1999)

Grâce aux éditions Glénat, ma bonne ville de Grenoble a la chance d'exposer quelques-unes des oeuvres gravées du même Rembrandt. Évidemment, c'est aussi ce qui m'a donné envie de voir le film. Autant souligner ici que toutes les adaptations cinématographiques n'ont pas la même qualité. J'avais aimé La jeune fille à la perle. Mais Ivre de femmes et de peinture aussi, en bien plus "dépaysant" !

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Pour conclure, et parce que j'ai (vite) parlé de film "oublié"...

Je termine en vous envoyant chez Eeguab ou vers "L'oeil sur l'écran".

lundi 29 janvier 2024

Double chocolat

Bien... l'heure est venue de vous proposer la lecture d'une chronique autour du premier film que j'ai vu en 2024. Non: des deux premiers ! Comme l'an passé et sans l'avoir anticipé, j'ouvre avec un diptyque. L'occasion d'évoquer deux longs-métrages inspirés par la littérature britannique et plus précisément un livre de l'auteur gallois Roald Dahl.


Charlie et la chocolaterie
Film américain de Tim Burton (2005)

Ce premier opus reprend le titre du roman jeunesse - paru en 1964 - dont il est une libre adaptation. Nous découvrons un jeune garçon prénommé Charlie (si, si !) et sa famille, pauvre parmi les pauvres. Dans une ville engoncée dans un hiver rigoureux, les habitants parlent avec nostalgie des heures où ils connaissaient une belle prospérité. Las ! Ces temps sont révolus depuis que Willy Wonka, l'industriel local propriétaire d'une fabrique de chocolat, a renoncé à cette activité hautement lucrative. Or, un beau jour, le même bienfaiteur se décide à rouvrir ses portes et à accueillir cinq enfants pour une visite guidée. L'occasion d'un déluge de couleurs vives dans ce monde devenu gris. Je n'en dirais guère plus pour ne rien divulguer d'important. À noter: Johnny Depp reprend un rôle que Gene Wilder occupait dans une première version sortie au début de l'été 1971. Autre info "pour la route": quelques chansons émaillent le film. Next !

En bonus...
Un mot de Pascale. Des photos d'Ideyvonne. Et le regard de Vincent...

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Wonka
Film américain de Paul King (2023)

Le suivant ? Vous l'aurez compris avec le titre: arrivé dans les salles françaises peu avant Noël, ce film tourne autour du personnage emblématique du chocolatier Willy. Un personnage dont les financiers de la Warner ont racheté les droits en 2016, ce qui aura donc permis aux équipes artistiques (et techniques) de lui inventer un passé. "Réinventer" serait le terme exact, puisque le premier long-métrage contenait déjà quelques flashbacks explicatifs, affranchis de la source littéraire. Cette fois, on remonte le temps jusqu'à l'adolescence tardive du fameux magicien des sucreries, dont le capital-sympathie augmente au moins autant que son âge a reculé. Il faut reconnaître que, dans le rôle-titre, Timothée Chalamet livre une belle prestation. Suffisante, en tout cas, pour m'avoir fait oublier le look carton-pâte des décors et le côté sirupeux d'un scénario somme toute convenu. Aucun regret à la sortie du cinéma, au contraire. Du travail bien fait !

En bonus...
Une chronique de Pascale. Et la promesse de me retrouver mercredi...

vendredi 26 janvier 2024

Un regard vers demain

Il est plus que temps d'aller de l'avant: à l'instant précis où je prépare cette chronique, j'ai déjà bien entamé mon année cinéma et vu quelques films en salles - dont la liste et la note sont juste à droite. Rendez-vous lundi - matin - pour la reprise de mes textes "critiques" !

Avant cela, je fais le choix de vous laisser tout un - long - week-end pour me confier vos envies cinéphiles de ce nouveau millésime. L'idée: ouvrir mes horizons et orienter certains de mes choix futurs. J'ai certes repéré quelques longs-métrages que je juge prometteurs pour les mois à venir, mais ils ne sont pas si nombreux, en réalité. Parmi eux, il y a bien sûr Juror #2, que la presse annonce déjà comme l'ultime réalisation de Clint Eastwood... sans donner de date de sortie précise. Les autres ? Je n'en parlerai qu'après les avoir vus. Et je tiens résolument à ce que le cinéma continue de me surprendre. J'espère aussi, bien sûr, que mes écrits susciteront des discussions enflammées entre les grands et petits passionnés que nous sommes. Ensemble, nous devrions connaître une très belle année cinéma 2024 !

lundi 22 janvier 2024

Et mes gagnants de 2023 sont...

Près de 181 millions d'entrées: en 2023, la fréquentation des salles françaises n'est pas (encore ?) revenue à son niveau d'avant la Covid. Mais elle n'avait plus grimpé aussi haut toutes ces dernières années ! Je trouve que nous avons eu droit à un millésime d'excellente facture. L'heure est venue d'en extraire douze films pour dire ma préférence...

1. The Fabelmans / Steven Spielberg
États-Unis
Dans mon Panthéon personnel, Steven Spielberg occupe une place privilégiée. J'ai vécu un véritable instant de grâce devant ce film autobiographique qui ne porte pas son nom... et je n'étais pas le seul. Cela faisait longtemps que je n'avais plus vu une salle aussi calme pendant le générique final. C'est ce qu'on appelle la magie du cinéma !

2. Empire of light / Sam Mendes
Grande-Bretagne
Un film de cinéma qui dit tout de l'importance de la salle de cinéma. Une histoire d'amour, aussi, qui nous prend aux tripes et nous émeut aux larmes. Le réalisateur a très bien fait de se contenter de tourner deux James Bond avant de passer à autre chose. Bonus: Micheal Ward crève l'écran. Est-ce qu'on en reparlera vite ? Je l'ignore. Je l'espère...

3. Habib, la grande aventure / Benoît Mariage
Belgique
Mon regret de l'année écoulée: le box-office riquiqui de ce joli film. Affûtez vos microscopes, les amis: à peine 3.488 entrées ! Un chiffre incompréhensible, même si la date de sortie le plaçait en concurrence avec le nouveau Dany Boon. Si vous le pouvez, je vous suggère donc de rattraper cette histoire d'art et d'identité. Pour y réfléchir. Et rire !

4. Houria / Mounia Meddour
France
Un film français pour d'obscures raisons juridiques, mais dont l'Algérie est le véritable coeur battant. Le portrait d'une jeune femme d'aujourd'hui, qui rappelle que la liberté est un vrai et long combat. J'ai dit plusieurs fois ici tout le bien que je pensais de Lyna Khoudri. Quelle belle carrière, à 31 ans seulement: je n'y relève aucune erreur !

5. La bête dans la jungle / Patric Chiha
France
En allant voir ce film, je me suis "risqué sur le bizarre" (© Audiard). Certes étrange, ce huis-clos - presque - intégral dans une discothèque doit nous faire comprendre que le temps passe et ne se rattrape pas. Euh... en tout cas, c'est ce que j'ai compris de ce film mélancolique. Anaïs Demoustier est superbe, mais le tout assez austère, à dire vrai.

6. The survival of kindness / Rolf de Heer
Australie
Un autre film différent dans un cinéma international (trop) aseptisé. J'ai fait confiance à un réalisateur que je savais tout à fait capable d'inventer des univers étranges... et on peut dire que j'ai été servi ! Sous d'épaisses couches de bizarrerie se cache un humanisme profond et un peu désespéré, auquel je suis sensible. Une idée de la beauté...

7. Les feuilles mortes / Aki Kaurismäki
Finlande
Il y a quelques années, le plus francophile des cinéastes finlandais entretenait le doute sur la suite de sa carrière. Désormais, il a 66 ans et semble ne plus parler de prendre sa retraite bientôt. Tant mieux ! Son style me paraît inimitable et cette façon qu'il a de parler des gens me touche toujours. Là, en plus, il s'autorise un clin d'oeil à Chaplin...

8. Hinterland / Stefan Ruzowitzky
Autriche
Combien de films tournés sur une guerre vue du côté des vainqueurs ? Celui-là renverse la perspective et  invente ainsi un excellent thriller dans le camp des vaincus. Une réussite totale, grâce aussi au choix audacieux de triturer l'image pour donner au décor des formes biscornues. Cela aurait pu être laid. Ou ridicule. Non: c'est très beau !

9. L'astronaute / Nicolas Giraud
France
Il faut que je vous le redise: l'idée que nous soyons sur une planète minuscule à l'échelle de l'univers me fascine. Du coup, celles et ceux qui dépassent les frontières de la Terre... suscitent mon admiration. Il n'en fallait pas davantage pour que je vibre devant cette histoire d'explorateur spatial amateur. Et cette fin ! Un pur frisson d'émotion !

10. Tant que le soleil frappe / Philippe Petit
France
Swann Arlaud: à lui seul, il peut expliquer que je sois allé voir ce film. Aucune déception à l'arrivée: le scénario est à la hauteur du talent que je prête à l'acteur, interprète crédible de cet architecte idéaliste dans un monde qui - euphémisme... - bouscule l'humain et la nature. Dur parfois, ce long-métrage conserve un peu d'optimisme. Salutaire !

11. De grandes espérances / Sylvain Desclous
France
Peut-on faire de la politique sans se compromettre jamais ? Ce film intelligent et haletant pose la question à qui voudra bien y réfléchir. Les différents acteurs de cette histoire (à suspense !) sont parvenus à me scotcher au fauteuil - et c'est pile ce que j'attends de ce genre de récit. Mes compliments à Rebecca Marder, une ambitieuse fragile !

12. Le garçon et le héron / Hayao Miyazaki
Japon
J'ai souvent du mal à conclure un top et, avouons-le, d'autres films auraient pu apparaître dans le classement de mes préférences 2023. J'ai fini par retenir celui-là en me disant qu'il était bien de distinguer ce qui sera probablement l'ultime création du grand maître japonais. Des images qui, animées sur un écran géant, m'ont vraiment ébloui...

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Vous aimeriez lire d'autres tops ?
C'est bien sûr possible et notamment chez Pascale, Dasola et Vincent. Un peu après eux, mais avant moi, Benjamin a publié... son florilège.

Et vous avez un point de vue différent ?
Les commentaires vous sont bien entendu ouverts pour en témoigner.

vendredi 19 janvier 2024

Mes trophées embobinés

J'en ai à présent terminé avec les films que j'ai vus l'année dernière. Avant mon traditionnel top des sorties cinéma, j'avais envie d'innover en vous proposant mes Prix d'interprétation (masculine et féminine). J'ai finalement choisi de décerner huit "trophées", façon César. Précision: je ne retiens aucun critère de nationalité. À vous de voir...

Prix de la nostalgie (décerné à un classique ressorti en salles)

Lauréat : La strada (F. Fellini - 1954)
+ 2ème : Les soeurs Munakata (Y. Ozu - 1950)
+ 3ème : Nanouk l'Esquimau (R. J. Flaherty -1922)

Prix du plaisir (décerné à un film "coup de coeur")

Lauréat : Indiana Jones et le cadran de la destinée (J. Mangold)
+ 2ème : Ninja Turtles - Teenage years (J. Rowe et K. Spears)
+ 3ème : Élémentaire (P. Sohn)

Meilleurs costumes

Lauréat : Tran Nu Yên-Khê pour La passion de Dodin Bouffant
+ 2ème : Jean-Marc Mireté pour La dernière reine
+ 3ème : Pascaline Chavanne pour Mon crime

Meilleure photographie

Lauréat : Maxx Corkindale pour The survival of kindness
+ 2ème : Nicolas Loir pour Soudain seuls
+ 3ème : Benedict Neuenfels pour Hinterland

Meilleur scénario original

Lauréats : Naïla Guiguet et Thomas Salvador pour La montagne
+ 2ème : Soudade Kaadan pour Nezouh
+ 3ème : Sofia Alaoui pour Animalia

Prix d'interprétations masculines

Lauréat : Micheal Ward dans Empire of light
+ 2ème : Koji Yashuko dans Perfect days
+ 3ème : Saleh Bakri dans Le bleu du caftan
Accessit (second rôle) : Benoît Magimel dans Omar la fraise

Lauréat espoir : Bastien Ughetto dans Habib, la grande aventure
+ 2ème espoir : Milo Machado Graner dans Anatomie d'une chute
+ 3ème espoir : Paul Kircher dans Le règne animal

Prix d'interprétations féminines

Lauréate : Lyna Khoudri dans Houria
+ 2ème : Lily Gladstone dans Killers of the flower moon
+ 3ème : Mwajemi Hussein dans The survival of kindness
Accessit (second rôle) : Kerry Condon dans Les banshees d'Inisherin

Lauréate espoir : Ella Rumpf dans Le théorème de Marguerite
+ 2ème espoir : Oulaya Amamra dans Divertimento
+ 3ème espoir : Meriem Amiar dans Omar la fraise

Meilleurs films / Meilleures réalisations

Je mêle ces deux catégories... et vous demande encore de patienter jusqu'à lundi pour découvrir mon palmarès cinéma du millésime 2023. Attention: je ne prends pas en compte les dates de sortie, mais celles auxquelles j'ai découvert les films retenus. Il devrait y en avoir douze.

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Un dernier mot pour aujourd'hui...

Si cette "rétrospective" vous inspire, n'hésitez pas à la commenter ! En sachant que j'assume sa totale subjectivité - et son incomplétude.

jeudi 18 janvier 2024

Dumas et des lames

C'était prévu: après le très honorable succès public du premier volet au début du mois d'avril dernier, Les trois mousquetaires - Milady est venu compléter cette adaptation du roman d'Alexandre Dumas avant la fin du millésime 2023 (et plus précisément le 13 décembre). Statistiquement, ce nouvel opus attire moins que son prédécesseur...

Je ne suis pas bien certain que tout cela soit digne d'un grand intérêt pour ceux qui n'ont pas vu l'épisode 1 (cf. ma chronique du 24 juin). Prudent, le réalisateur a introduit un bref résumé des événements précédents dans cette vraie-fausse suite. On y retrouve D'Artagnan lancé à la poursuite des mystérieux spadassins qui ont kidnappé l'élue de son coeur, la belle Constance Bonacieux. Lui aussi jeté en prison par un ennemi inconnu, il parvient à s'évader et se retrouve soudain face à celle qu'il croyait être une féroce adversaire: Milady de Winter. Puis, très vite, son devoir se rappelle à lui: avec ses amis Athos, Porthos et Aramis, il réintègre l'armée du roi - Louis XIII - et participe au siège de La Rochelle, place-forte aux mains des chefs protestants. Sur cette base, le scénario brode une énième histoire à complots multiples, mais qui me semble s'écarter significativement du roman originel. Et, autant vous le dire: sur ce point, je ne vois rien à redire.

Avec ses scènes d'action filmées à l'épaule et sa photographie sombre, le film vu au printemps souffrait d'un déficit de luminosité flagrant. Les trois mousquetaires - Milady corrige le tir: bon point. Pour autant, cette sortie de fin d'année, probablement programmée dans l'espoir d'un box-office XXL, n'est pas pleinement convaincante. Certaines séquences sont tout à fait réussies, mais le long-métrage manque d'un souffle épique pour susciter un enthousiasme durable. Autre "problème": bien que promu comme la conclusion d'un diptyque cinématographique, il ressemble en fait au numéro 2 d'une trilogie. J'ai par ailleurs cru comprendre que l'un des personnages secondaires serait prochainement le héros... d'une série télé ! Le septième art français se relèvera de cet affront, mais je déplore l'aspect marketing du procédé: j'aurais préféré une vraie fin, aussi apocryphe soit-elle. Reste le plaisir de retrouver des actrices et acteurs, sous-exploités parfois, mais qui font le boulot - Eva Green et Vincent Cassel en tête. Finalement, étant bon public, je retiendrai surtout la sortie familiale !

Les trois mousquetaires - Milady
Film français de Martin Bourboulon (2023)

Une petite pointe de déception, mais je n'ai rien vu de très honteux. Je préfère Les trois mousquetaires avec Gene Kelly, voilà tout. Peut-être qu'il faut accepter que les films dits de capes et d'épées soient désormais un peu démodés: les tous premiers étaient muets ! Dans ce corpus, on passe de Scaramouche à La fille de D'Artagnan. Et, en léger décalage, je choisis plutôt La princesse de Montpensier.
 
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Pour conclure et revenir au film du jour...

À lire: les avis contrastés de Pascale, Dasola, Strum et Princécranoir. Et à relire... si ce n'est pas déjà fait: ma chronique du premier volet !

mercredi 17 janvier 2024

Paris est une fête

Quiconque s'intéresse - de près ou de loin - au cinéma hollywoodien sait bien que plusieurs des films produits par les studios après-guerre témoignent d'un penchant plus qu'appuyé pour notre belle capitale. Illustration aujourd'hui avec Un Américain à Paris, l'un des standards de la comédie musicale. En têtes d'affiche: Leslie Caron et Gene Kelly.
 
Hier soldat, Jerry Mulligan s'est installé à Montmartre comme peintre. Ses amis, Adam et Henri, sont respectivement pianiste et chanteur de cabaret. La vie est belle, mais les garçons plutôt désargentés. Finalement, la chance sourit à Jerry, repéré par une galeriste fortunée, prête à financer ses débuts dans le grand monde parisien. Seul problème: fier et indépendant, le petit veinard refuse de vivre aux crochets d'une femme, si belle et généreuse puisse-t-elle être. D'ailleurs, il s'est déjà amouraché d'une autre, une dénommée Lise connue pour être par ailleurs... la jeune fiancée de son copain Henri. Je vous laisse découvrir comment les choses s'arrangeront (ou pas). Nommé huit fois aux Oscars, Un Américain à Paris fut récompensé de six statuettes - dont celle du meilleur film. Son aspect vintage n'enlève rien à ses qualités, à commencer par une direction artistique virtuose, elle aussi "oscarisée". Et la musique de George Gershwin fait le reste, bien sûr, pour nous faire rêver à une France fantasmée ! Ce Paris n'a sûrement jamais existé, mais la danse fait tout oublier...

Un Américain à Paris
Film américain de Vincente Minnelli (1951)

Je ne doute pas un instant que les amateurs du genre seront comblés. Il faut bien reconnaître que les (nombreux) passages chorégraphiés sont époustouflants, en particulier le ballet final - de 18 minutes ! Cela étant dit, du même réalisateur, j'ai préféré un autre film emblématique des fifties: Tous en scène, sorti quant à lui en 1953. Mais, mieux encore, le vrai must absolu reste Chantons sur la pluie !

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Pour compléter mon propos...

Vous aurez peut-être envie de voir les images réunies par Ideyvonne. De son côté, Eeguab nous offre l'une de ses judicieuses comparaisons.

mardi 16 janvier 2024

Un rêve d'enfant triste

J'ai cru me souvenir d'un livre que j'avais lu devant un film au titre étonnant: L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet. Un film que Jean-Pierre Jeunet a conçu pour une projection en 3D. Las ! J'ai dû me contenter de la version "à plat", toujours disponible sur le site Internet d'Arte. Avis aux retardataires qui veulent la voir...

Le petit T.S. - 10 ans - vit avec son père, sa mère et sa grande soeur dans le Montana. Son frère jumeau est mort dans des circonstances tragiques et T.S. se sent coupable d'avoir provoqué l'accident fatal. Pour tromper son chagrin, il a conçu une machine à mouvement perpétuel et, pour cela, doit recevoir un prestigieux prix scientifique. Évidemment, personne dans le jury ne sait que l'inventeur génial prochainement couronné n'est en fait qu'un enfant de la campagne. Cette vérité pourrait toutefois éclater: T.S. écrit une lettre d'adieu aux siens et grimpe à bord d'un train pour rallier la grande ville. Illusoire ? L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet nous invite à rêver avec son jeune héros. Cela fonctionne... ou pas. Certain(e)s d'entre vous resteront sur le bas-côté ou sortiront aussitôt des rails empruntés par ce drôle de personnage 100% imaginaire. Quant aux autres, ils s'accrocheront à son espoir et sauront le suivre jusqu'au bout de son périple (sans s'interdire alors de rêver avec lui). L'occasion de découvrir un film imparfait, mais plutôt joli, en réalité !

L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet
Film franco-canadien de Jean-Pierre Jeunet (2013)

Je pense qu'il faut voir ce long-métrage comme un conte atypique pour l'apprécier à sa juste valeur. Et lire d'abord le roman éponyme n'est pas forcément la moins bonne des idées ! Jean-Pierre Jeunet démontre souvent qu'il est plutôt à son aise dans de tels univers décalés (cf. Delicatessen et Le fabuleux destin d'Amélie Poulain). Dans le genre, je cite Une sirène à Paris ou La sciences des rêves...

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Et pour apporter quelques nuances...

J'en termine en vous suggérant de lire les avis de Pascale et Laurent.

lundi 15 janvier 2024

Relevé des compteurs

Il me reste trois des films que j'ai vus en 2023 à vous présenter. Avant cela, en ce début de semaine, je souhaitais revenir sur l'année écoulée en livrant les chiffres de ma pratique du cinéma en salles. L'occasion d'un premier bilan avant les tops que je prévois de publier à partir de vendredi. Et de quoi mettre deux ou trois perles en avant !
 
En 2023, j'ai donc vu... 68 films au cinéma.
J'avais atteint exactement le même total en 2022 !

Parmi ces 68 films, 13 ont été réalisés par des femmes:
- Youssef Salem a du succès de Baya Kasmi,
- Divertimento de Marie-Castille Mention-Schaar,
- Le bleu du caftan de Maryam Touzani,
- Houria de Mounia Meddour,
- About Kim Sohee de July Jung,
- La dernière reine d'Adila Bendimerad (et Damien Ounouri),
- Nezouh de Soudade Kaadan,
- Sur la branche de Marie Garel-Weiss,
- Animalia de Sofia Alaoui,
- Anatomie d'une chute de Justine Triet,
- Le théorème de Marguerite d'Anna Novion,
- Settembre de Giulia Louise Steigerwalt,
- La Vénus d'argent d'Héléna Klotz.

Je compte 61 sorties récentes... et donc 7 films vus en reprise:
- Soeurs de sang de Brian De Palma (1973),
- Double destinée de Roberto Gavaldón (1946),
- La strada de Federico Fellini (1954),
- Nanouk l'Esquimau de Robert J. Flaherty (1922),
- Gerry de Gus van Sant (2002),
- Les soeurs Munakata de Yasujiro Ozu (1950),
- La complainte du sentier de Satyajit Ray (1955).

J'ai vu des films venus de 18 pays différents:
- France : 31 films,
- États-Unis : 14 films,
- Italie : 3 films,
- Japon : 3 films (dont un réalisé par un Allemand),
- Grande-Bretagne : 2 films,
- Inde : 2 films,
- Maroc : 2 films (l'un réalisé par une femme... et l'autre aussi),
- Algérie : 1 film,
- Australie : 1 film,
- Autriche : 1 film (lors de ma première séance de 2023),
- Belgique : 1 film,
- Corée du Sud : 1 film,
- Espagne : 1 film,
- Finlande : 1 film,
- Irlande : 1 film,
- Mexique : 1 film,
- Turquie : 1 film.

Et enfin, j'ai vu 6 films du top 10 du box-office français !
- Le 1er : Super Mario Bros - Le film,
- Le 2ème : Barbie,
- Le 3ème : Astérix & Obélix - L'Empire du milieu,
- Le 4ème : Oppenheimer,
- Le 5ème : Alibi.com 2,
- Le 6ème : Les gardiens de la galaxie vol. 3,
- Le 7ème : Les trois mousquetaires - D'Artagnan,
- Le 8ème : Élémentaire,
- Le 9ème : Indiana Jones et le cadran de la destinée,
- Le 10ème : Mission : Impossible - Dead Reckoning.

(*) Une précision: je parle du box-office tel qu'arrêté au 31 décembre.

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Sur ces bonnes paroles, je vous donne rendez-vous demain...

Comme je vous le disais, j'ai encore trois de mes films vus en 2023 dans la file d'attente. Le seul vu au cinéma arrive jeudi ! Patience...

dimanche 14 janvier 2024

Christine, Wenceslas, Michel...

Nous les appelons les "sans domicile fixe". Un euphémisme qui permet d'oublier que la plupart d'entre eux n'ont pas de domicile DU TOUT. C'est la Fondation Abbé Pierre qui cite le chiffre: en début d'année dernière, la France comptait 330.000 sans-abris - soit deux fois plus que dix ans plus tôt ! En 2013, Claus Drexel est allé à leur rencontre...

Lui parle de découverte. Le cinéaste s'intéresse peu à ce qui conduit tant d'hommes et de femmes à dormir dehors. Il donne plutôt un écho direct à leurs propos. Au bord du monde est donc un documentaire atypique, bien différent des reportages télévisés sur le même sujet...
 
Bien qu'entièrement tourné de nuit, le film enferme une lumière particulière, qui - si j'ose dire - sublime les protagonistes d'un récit évidemment tragique. On découvre alors, c'est un fait, des hommes et des femmes "comme nous", qui tiennent des propos complexes d'une voix posée. Il y a des exceptions, bien sûr, mais la majorité n'apparaît pas totalement désocialisée. Et pourtant ! Recroquevillée dans une couverture de survie, une femme évoque ses sept années dans la rue et affirme qu'elle y restera tant qu'aucune solution décente ne lui permettra de retrouver un vrai toit avec ses enfants. Mieux loti d'un certain point de vue, un homme dispose d'un refuge sous un pont parisien, qu'on voit comme un poste de contrôle fluvial ou une remise abandonnée par les bateliers. Il dit vivre là depuis 23 ans et précise qu'il pourrait désormais être obligé de partir rapidement. Ces destins pathétiques sont filmés plein axe, avec beaucoup d'humanité. L'immense mérite de Claus Drexel est de redonner un prénom à celles et ceux qui restent sur le côté - et y survivent, comme des fantômes !

Au bord du monde
Documentaire français de Claus Drexel (2013)

Un sujet certes difficile à aborder, mais un film qui ne sombre jamais dans le misérabilisme. Plusieurs prix lui ont été décernés à sa sortie. Puisqu'il reste malheureusement d'actualité, il est judicieux de le voir. Vous préférez la fiction ? Je vous rappellerai que le même réalisateur est l'auteur de Sous les étoiles de Paris, une jolie et très triste fable portée par Catherine Frot. En plans B: Louise Wimmer et/ou Hector !

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Et pour insister un peu...

Vous pourrez noter que notre amie Pascale parle d'un film "essentiel".

samedi 13 janvier 2024

Toutes voiles dehors

La seule image de cette chronique restera sans doute insuffisante pour vous convaincre toutes et tous que Vaiana : La légende du bout du monde est l'un des plus beaux films Disney des années 2000-2010. Tant pis: je vous invite à le voir pour forger votre propre opinion. Sachez en tout cas que je ne regrette pas mon choix du jour de Noël !
 
Vaiana (ou Monoa en version originale) est une adolescente épanouie. Elle vit avec ses parents sur une petite île de Polynésie. Son amour pour la nature n'a d'égal que son esprit aventureux. Au grand désarroi de son père qui espère qu'elle prendra sa succession en tant que chef de la communauté, la jeune fille n'a qu'un rêve: voguer sur l'océan. Cela lui est interdit, mais, poussée par sa grand-mère, elle grimpe sur un bateau dans l'idée de repérer de nouveaux bancs de poissons. C'est le début d'une étonnante aventure, qui l'éloignera de son village pour mieux le sauver, lui et tout l'écosystème qui assure sa survie. Afin d'atteindre son but, Vaiana devra d'abord apprendre à cohabiter avec un dénommé Maui, demi-dieu de son état et donc immortel. J'insiste: TOUT ce qui défile devant nos yeux est d'une grande beauté. Et mieux: face à ce spectacle, je ne me suis pas ennuyé une seconde. Le récit se déroule sans temps mort, et si quelques chansons criardes ne vous rebutent pas, je me sens prêt à parier que le film vous plaira. Il vous suffira de renouer avec votre âme d'enfant. Fastocheeeeeeee !

Vaiana : La légende du bout du monde
Film américain (2016) de Ron Clements et John Musker
+ Don Hall et Chris Williams
Un très bon cru, arrivé juste quelques mois après l'excellent Zootopie. Comme je le dis souvent, Disney n'a pas fini de nous émerveiller. Rappel: en 2023, le studio aux grandes oreilles a fêté son siècle d'existence, sans apporter de garanties quant au maintien des sorties de ses nouvelles créations dans les salles obscures. Le film du jour paraît taillé pour l'écran géant... et est comparé aux meilleurs Ghibli !

vendredi 12 janvier 2024

En l'état, désunis

Il faut se souvenir qu'Alfred Hitchcock ne s'est installé aux États-Unis qu'au début du printemps 1939. J'imagine qu'un jour, l'un de ses films tournés en Angleterre pourra faire l'objet d'une chronique embobinée. Avant cela, je souhaite vous présenter l'un des opus de ses débuts américains: Joies matrimoniales. Un "objet" relativement atypique...

Au cours de leurs fameux entretiens, Hitch avoua à François Truffaut que c'est uniquement par amitié pour la comédienne Carole Lombard qu'il accepta ce scénario, éloigné de ceux qui feront sa réputation. Bien lui en a pris, cela dit: à peine un an plus tard, la belle blonde disparaissait dans un accident d'avion. Elle se montre ici pétillante dans le rôle d'Ann Smith, une femme qui apprend que l'engagement que son mari et elle ont pris lors de leur mariage n'a aucune valeur juridique. Ce dont David - ledit époux - était informé avant elle. Ulcérée par cette cachotterie, Ann met un terme brutal à quatre ans d'un bonheur parfait. Sur cette base loufoque, Joies matrimoniales nous détaille ensuite l'ensemble des stratagèmes que David utilisera pour reconquérir sa bien-aimée. Un véritable argument de comédie. Or, même si l'homme derrière la caméra aborde un registre inhabituel pour lui, il s'en tire parfaitement - et grâce aussi à de bons acteurs. Je ne vois de fait aucune raison de bouder son plaisir devant un film mineur, peut-être, mais tout à fait sympathique. À voir sans hésiter !

Joies matrimoniales
Film américain d'Alfred Hitchcock (1941)

Une aimable sucrerie, digne de ce temps où on qualifiait les studios hollywoodiens de "machines à rêves". Il est vrai également qu'arrivé entre Rebecca et Soupçons, ce gentil petit film peut surprendre. Bon... il n'est pas au niveau des classiques comme New York - Miami ou Vacances, mais reste recommandable aux amateurs de cinéma vintage. Et demeure à votre écoute pour d'autres bons plans du genre.

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Afin d'approfondir le sujet...

Vous pouvez vous tourner vers les blogs de mon ami Eeguab et de Lui.

jeudi 11 janvier 2024

La femme noire

Je m'attendais à un film étrange quand, grâce à sa bande-annonce énigmatique, je me suis décidé à aller voir The survival of kindness. Étrange, le seul autre film de Rolf de Heer que je connaissais déjà l'est aussi - oh, le gentil euphémisme (cf. mon index, juste à droite) ! Et cela faisait presque trois ans que je boudais le cinéma australien...

Bref... j'ai répondu à l'appel de ma curiosité et je ne le regrette pas. The survival of kindness est l'une des oeuvres cinématographiques les plus singulières que j'ai approchées au cours de l'année écoulée. Après une mystérieuse scène d'introduction, le personnage principal apparaît: il s'agit d'une femme noire, enfermée dans une cage métallique abandonnée au milieu du désert, sous un soleil de plomb. Après quelques jours et nuits d'effort, elle parvient enfin à se libérer. Que faire alors ? Marcher: c'est apparemment le seul choix possible. Et, pour qui regarde, il s'agit donc de suivre ce simple mouvement rectiligne. Pour aller où ? Dans des lieux en déliquescence, dirait-on. La vie humaine n'y a qu'une importance toute relative et le langage semble désormais se réduire à quelques borborygmes inarticulés. Certains (privilégiés ?) survivent en portant des masques à gaz. D'autres - qui n'en ont pas - sont pourchassés comme des pestiférés. Et abattus. L'idée qu'une épidémie soit passée par là s'impose ainsi. Rien de très réjouissant dans cette possible allégorie de notre monde.

Celles et ceux qui auront traduit le titre anglophone de cet opus bizarroïde auront pourtant noté qu'il évoque "la survie de la bonté". C'est vrai: The survival of kindness laisse encore passer la lumière. Ses faisceaux sont ténus, cela dit, et sujets à interprétations multiples. Je suis ressorti du cinéma avec davantage de questions qu'au moment où j'y suis entré. Une précision: il est même impossible de s'appuyer sur les dialogues, puisqu'il n'y en a tout simplement pas ! Enfin, si: aux grognements déjà évoqués s'ajoutent de brefs échanges verbaux entre la femme noire et deux enfants souriants qu'elle croise sur son chemin... mais elle et eux parlent deux langues différentes. J'ai envie de croire que c'est une invitation lancée aux spectateurs pour les encourager à n'écouter que leur coeur et leurs émotions. Attention: ils seront soumis à rude épreuve... et cela peut heurter. Pour ma part, je suis content d'avoir vécu cette expérience originale et satisfait d'avoir pu "sortir des clous" - les occasions sont rares. Qu'un tel cinéma puisse exister, en soi, cela ne peut que me réjouir...

The survival of kindness
Film australien de Rolf de Heer (2022)

Pas d'erreur dans la date: bien que primé à Berlin, le film a attendu plus d'un an après sa sortie australienne pour arriver jusqu'aux salles françaises (où je suppose que sa diffusion reste très confidentielle). Cela ne me découragera pas à vous conseiller de voir Bad boy Bubby si vous le pouvez - c'est l'autre film évoqué en début de chronique. Delicatessen et La science des rêves vous paraîtront dans la norme !

mercredi 10 janvier 2024

Après la tempête

Elle fut la première navigatrice à boucler un tour du monde en solo lors d'une compétition. C'était en 1991. Ensuite, une autre de ses vies fit d'elle la présidente du WWF France, de 2009 à 2021. J'ai réentendu récemment qu'Isabelle Autissier, 67 ans, était également romancière. Elle a écrit le livre dont est tiré le film d'aujourd'hui: Soudain seuls...

Ben et Laura, en couple depuis cinq ans, voguent en Atlantique sud. Avant de mettre le cap vers un port chilien, ils font escale sur une île vierge de toute présence humaine, profitant d'une fenêtre météo favorable. L'aventure romantique tourne court: une grosse tempête éclate et force les tourtereaux à se réfugier dans des locaux de pêche à la baleine abandonnés. Pire: au petit matin, leur bateau a disparu ! La suite ne sera pas vraiment rieuse, comme vous pouvez l'imaginer. Stop ! Soudain seuls n'est pas - ou pas seulement - le récit poignant d'un combat pour la survie d'un homme et d'une femme contraints d'affronter une nature hostile: c'est aussi, inattendu, celui d'une lutte engagée contre la perte de tout sentiment amoureux face au danger mortel. En ce sens, c'est un film bien sombre, si ce n'est pessimiste. Et sur ce point précis, je veux simplement ajouter que le scénario conduit vite Ben et Laura à se déchirer. Un peu trop vite, peut-être...

N'ayant pas (encore) lu le bouquin, je ne peux donc pas vous garantir que l'adaptation est fidèle. Je peux en revanche évoquer l'implication sans faille du duo Mélanie Thierry / Gilles Lellouche. Il est à noter qu'ils n'étaient pourtant pas les tous premiers choix du réalisateur ! En fait, au départ, le film devait s'appuyer sur une grosse production anglo-saxonne, avec Vanessa Kirby et Jake Gyllenhaal en vedettes. Mais, apparemment, cela n'a pas fonctionné DU TOUT sur le plateau. Je vais vous faire une p'tite confidence: j'ai tendance à m'en réjouir. Pourquoi ? Simplement parce que je pense que c'est sa nationalité française qui a d'abord attiré mon regard vers le film, ainsi bien sûr que la présence de comédiens dont j'apprécie le travail, en général. Bon... pour le reste, Soudain seuls devrait offrir un plaisir visuel certain à celles et ceux d'entre vous que le monde des glaces fascine. Il ne m'a pas semblé qu'il soit véritablement porteur d'un message écolo fort, mais, parfois, la beauté des images parle d'elle-même. Autant dès lors se laisser porter par le courant. Et en toute sécurité...

Soudain seuls
Film français de Thomas Bidegain (2023)

Plutôt connu pour son talent de scénariste, le réalisateur s'affirme ici pour la qualité de sa mise en scène. Les deux acteurs font le reste ! J'ai passé un bon moment et espère un jour voir All is lost, un film américain où Robert Redford affronte seul une tempête en mer. Qu'ai-je d'autre à proposer ? D'aborder l'océan avec Calme blanc, oui. Mais je choisirais plutôt La tortue rouge ou Les enfants de la mer...

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Si vous avez lu toute ma chronique...

Vous l'aurez noté: les invraisemblances du film ne m'ont pas dérangé. Désormais, je vous invite à comparer mon avis avec celui de Pascale.

mardi 9 janvier 2024

À feu vif

Ce n'est pas un scoop: le restaurant fait partie de ces lieux agréables où passer un bon moment alors que d'autres s'agitent à votre service. Un établissement chic est le cadre presque unique de The chef. Comme le titre le suggère, ce film nous sert le portrait d'une toque anglaise, un soir où les clients ont afflué, quelques jours avant Noël...

Évacuons d'emblée le point faible du film: oui, le nombre de galères affrontées par Andy Jones paraît un peu exagéré pour être crédible. Reste le plaisir d'un récit haletant dont le titre original parle de point d'ébullition - ce qui vous donne une idée plus précise du sujet abordé. Porté par un casting aux petits oignons, avec un Stephen Graham convaincant (et ultra-investi) dans le rôle-titre, The chef est épatant de virtuosité. Il faut dire que l'action est filmée sans interruption. Afin de nous immerger dans la frénésie culinaire, la mise en scène adopte une technique à l'efficacité éprouvée: celle du plan-séquence. Un choix formel qui a pu faire dire à certains critiques professionnels que ce long-métrage virevoltant n'offrait rien de vraiment nouveau. Peut-être... et alors ? Moi, je l'ai trouvé affûté et plutôt fascinant dans son genre, me demandant quel climax il comptait me réserver. Je vous recommande de profiter d'un deuxième service, sans hésiter !

The chef
Film britannique de Philip Barantini (2021)

Le réalisateur se veut persuasif: "J'ai travaillé dans la restauration. Je suis passé par tous les postes... jusqu'à devenir chef moi-même. J'en ai gardé le souvenir d'un stress permanent que j'ai voulu communiquer au spectateur". Mission (bien) accomplie, à mon avis. Loin de La passion de Dodin Bouffant, évoquée il y a quelques jours. Pour repasser à table, la carte de Soul Kitchen mérite un coup d'oeil !

lundi 8 janvier 2024

Une enfance en Inde

Je me suis rappelé des samedis matins où j'allais découvrir des films lors de séances organisées à la bibliothèque Louis-Nucéra de Nice. Dernièrement, j'ai retrouvé un cinéaste connu là-bas: Satyajit Ray. Ses exégètes le citent parfois comme la référence du cinéma indien. Cet enfant d'une famille aisée fut aussi un écrivain... et un musicien !

Une rencontre avec le cinéaste français Jean Renoir et sa découverte du néoréalisme italien l'inspirèrent pour La complainte du sentier. Souvent désigné sous son titre originel (Pather Panchali), ce film-clé circule aujourd'hui dans une admirable copie restaurée. Une aubaine qui permet dès lors de l'apprécier dans les meilleures conditions  possibles - ce que j'ai donc fait en décembre, face à un grand écran. J'ai ainsi découvert le monde d'Apu, un garçon pauvre né au Bengale dans les années 1910. Autant le préciser d'emblée: le long-métrage est l'adaptation du roman éponyme (et d'essence autobiographique) d'un certain Bibhutibhushan Bandopadhyay. Ses personnages majeurs forment une famille, soumise à des difficultés toujours croissantes. Un jour, le père choisit de rejoindre la ville pour trouver un travail assez rémunérateur pour que les siens puissent s'en sortir dignement. Vous l'aurez deviné: il tarde alors à revenir. Rien de très surprenant...

Il n'y a d'ailleurs que pour son aspect dépaysant que le long-métrage saura vous étonner, si tant est que vous soyez habitués aux drames cinématographiques. Entendons-nous bien: La complainte du sentier mérite bien l'excellente réputation qui est la sienne de nos jours. C'est avant tout un film d'une grande beauté plastique, sublimé aussi par la musique d'un maître en la matière: le génial Ravi Shankar. Comme l'a souligné un critique, nous entrons ainsi en communion avec les personnages, profitant du lyrisme et de la force poétique unique de cette oeuvre d'un autre temps, pas si éloigné du nôtre. Celles et ceux d'entre vous qui pourraient l'avoir vue avant moi gardent peut-être en mémoire une scène presque onirique, marquée par le passage d'un train. J'y ai vu le symbole d'un ailleurs inaccessible aux protagonistes du film et c'est bien évidemment "dur à encaisser". Aucun regret toutefois: tout cela est vraiment superbe à regarder. NB: d'autres Satyajit Ray attendent leur tour sur ma pile de DVDs. Premier de son auteur, celui-là est en outre l'ouverture d'une trilogie !

La complainte du sentier (
ou Pather Panchaly)
Film indien de Satyajit Ray (1955)

Filmer la misère n'a rien d'indigne: le cinéaste bengali l'avait compris devant Le voleur de bicyclette, un autre chef d'oeuvre du cinéma mondial. Les moissons du ciel nous le rappelleront un peu plus tard. Autant rester en Inde pour un autre exemple: Tonnerres lointains pourrait assouvir votre soif de découvertes dans ce genre particulier. Ailleurs en Asie, L'île nue est cité, lui aussi, au rang d'incontournable.

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Pour finir et enrichir vos connaissances...

Je vous suggère à présent de passer sur les blogs de Strum et Eeguab.