dimanche 31 mai 2020

Eastwood, cet inconnu

Non ? Si ! Encore lui ? Oui ! J'ai vraiment très envie de parler de Clint aujourd'hui, puisqu'il célèbre ce dimanche son 90ème anniversaire ! J'ai longtemps réfléchi à ce que je devais écrire pour marquer le coup. Finalement, je me suis dit que ce serait sympa d'évoquer mes lacunes eastwoodiennes, qui devraient nourrir d'autres chroniques à l'avenir...

Je dois dire que je suis fidèle au vieux monsieur qu'il est devenu. C'est plutôt ses débuts que je connais mal... et je suis donc convaincu qu'il faudra quand même qu'un jour ou l'autre, je regarde un épisode de Rawhide, la série western qui l'a propulsé sur le devant la scène entre 1959 et 1965 ! Certes, il avait déjà fait quelques apparitions sur les petits et grands écrans, ce qui en ajoute à ma soif d'images. J'ai appris récemment qu'avant ses débuts, Clint échappa à la mort dans un accident d'avion et que son premier contrat avec Universal avait été cassé du fait d'un débit vocal trop lent, d'une pomme d'Adam proéminente et d'une dent de travers. Tout le monde (ou presque) sait que c'est grâce à Sergio Leone qu'il finit par vraiment s'imposer dans la peau du porte-flingues solitaire et mutique. Le maestro italien avait pourtant d'abord pensé à d'autres grands noms du cinéma américain, Henry Fonda et Charles Bronson, qui préféreront passer leur tour - pour mieux revenir en force quelques années plus tard. Bref... disons que Eastwood et le cinéma, c'était pas gagné d'avance !

On ne peut pas nier que le bougre s'est drôlement rattrapé depuis ! D'ailleurs, j'ai imaginé vous proposer un top de ses meilleurs films déjà tournés, mais je me suis dit qu'il serait préférable d'attendre d'avoir tout vu (d'où le terme de lacunes, évoqué en introduction). J'avoue qu'avec le temps, je crois plus souvent trouver mon plaisir parmi ses réalisations qu'au coeur des films où il ne fait "que" jouer. Oui, il y a des exceptions, dans chacune des situations. La photo ci-dessus, issue du tournage de Mystic River, me rappelle notamment que j'ai encore, de toute façon, beaucoup d'autres choses à découvrir. J'assume même mes faiblesses et curiosités coupables pour les opus souvent jugés comme des nanars, à l'image de La sanction, Firefox ou Ça va cogner, l'un des films où Clint botte les fesses des bad boys et, entre deux bastons, donne la réplique à... un orang-outang ! L'objectivité m'oblige à reconnaître que sa longue carrière a connu quelques creux, mais le fait est que je l'aime aussi pour ses failles. Cela dit, pas envie de gloser sur ses idées politiques très droitières...

Il paraît que la musique adoucit les moeurs. Il me faut admettre ici qu'en dehors de celle qui peut accompagner ses films, celle de Clint m'est largement inconnue. Et que je n'ai pas sa connaissance du jazz. Plus ennuyeux: je n'en ai même pas vraiment le goût... et la country chère à son coeur aurait tendance à m'insupporter assez rapidement. Il est cependant possible que j'apprécie davantage ces sonorités méconnues en les écoutant live (et si possible dans une salle mythique comme le Carnegie Hall ou un petit bar paumé au sud des États-Unis). Cela n'arrivera pas tout de suite, mais à l'instar de Jean Rochefort avec les chevaux, notre ami Eastwood a su m'intéresser à sa passion. Bémol: sans lui faire offense, je crois qu'on peut dire que son fils Kyle le dépasse désormais en talent et en notoriété. Mais je constate cela comme une chance: le monde compte ainsi un grand artiste de plus ! Dès 1982 et Honkytonk man, il y avait une notion de transmission. Que les deux puissent encore collaborer, je trouve que c'est touchant. Tôt ou tard, il est bien possible que j'y vienne. À mon propre tempo...

Au bout du compte, ce qui m'attire le plus chez Clint, c'est son futur. Après tout, depuis 2010, il a tourné huit films et incarné un rôle important dans deux: il en a peut-être encore un peu sous le pied ! Lucide, je sais bien que ce fier nonagénaire ne sera pas aussi éternel que quelques-unes de ses compositions, mais je veux croire aussi qu'il continuera à travailler tant qu'il en aura la force. Je rappelle qu'après Million dollar baby en 2004 (seize ans !), il avait déjà dit son intention de ne plus tourner face à la caméra, avant de changer d'avis pour être dans Gran Torino, Une nouvelle chance et La mule. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, n'est-ce pas ? Je continuerai de voir ses anciens films en boucle, sans jamais nier mon amour quasi-inconditionnel pour Le bon, la brute et le truand, Sur la route de Madison ou Impitoyable. Ce n'est pas seulement de la nostalgie car, selon moi, ces travaux resteront des chefs d'oeuvre imparables. Voir ceux que j'ai jusqu'à présent laissés de côté ne leur nuira pas. Clint Eastwood est d'ores et déjà l'inconnu... que je connais le mieux !

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Une petite précision pour la suite...
D'abord, si vous êtes arrivés jusque-là, bravo et merci de m'avoir lu ! Je tourne la page, à présent, et vous donne rendez-vous demain midi pour découvrir un film algérien. Je pense que ça devrait vous plaire...

samedi 30 mai 2020

La vie adulte

Couvrir l'info à chaud: c'est le rôle de nombreux journalistes, sommés pourtant d'avoir un certain recul sur les événements qu'ils rapportent. Les artistes, eux, peuvent sans nul doute s'affranchir plus facilement de cette exigence de distanciation (mot à la mode). Campus m'a plu parce qu'il m'a semblé s'appuyer sur des faits réels et en quasi-direct !

Résumons. Nous voilà donc propulsés au coeur d'une petite université américaine, vers 1968. Et voici Harry Bailey: il a repris ses études pour obtenir un diplôme qui lui permettrait de devenir professeur d'anglais. En fait, il se démène entre deux feux: d'anciens camarades lui reprochent d'être désormais trop proche des profs qu'il conspuait naguère. À cette époque où la jeunesse se réveille pour réclamer quelques droits nouveaux, le brave garçon est aussi un jeune vétéran de la guerre au Vietnam, revenu de certaines de ses illusions. L'âme tourmentée par des paradoxes insolubles, il gère difficilement sa vie sentimentale, notamment, ce qui lui pourrit encore l'existence. Autant le dire: j'ai trouvé ce personnage complexe plutôt attachant. Elliot Gould (que je connais mal) lui offre un visage... très seventies !

Campus n'est pas un film parfait. Quelques longueurs et redites plombent son rythme plutôt soutenu par ailleurs. Malgré un ton débridé et des péripéties assez cocasses, le récit a quelques "creux" et frôle le grotesque en deux/trois occasions. Bon... sur la durée totale du métrage, ce n'est cependant pas aussi ennuyeux. Je trouve que le témoignage d'une certaine époque est bien assez intéressant pour que l'on passe l'éponge sur quelques aspects moins réussis. Sincèrement, c'est bien un film intelligent sur un sujet que le cinéma n'a pas toujours abordé avec toute la vigueur nécessaire. Le vrai truc que j'ai trouvé malin, c'est qu'il n'assène pas de discours politique prédigéré et qu'il nous expose les façons d'être des uns et des autres sans se sentir obligé d'en rajouter. Une certaine forme de mélancolie émerge alors de situations chaotiques, même si la fin paraît ouverte à une - petite - forme d'espoir. Ce sera bien sûr à chacun d'en juger...

Campus
Film américain de Richard Rush (1970)

Un aveu: j'ignorais TOUT de ce film il y a encore quelques semaines. Bilan: une bonne surprise, donc, que l'on peut certainement ranger dans différents rayons (si l'on tient absolument à trier le cinéma). Évoquer la guerre du Vietnam sans montrer les images, Les visiteurs d'Elia Kazan y est parvenu aussi, dans un registre bien plus sombre. Sinon, bien sûr, il y a Apocalypse now. Un bon plan: voir... les trois !

vendredi 29 mai 2020

Le combattant

Je n'aime pas mélanger politique et cinéma. Je trouve toujours bien de débattre d'un film "engagé", mais quand on s'écarte durablement du septième art pour focaliser sur le fond du sujet, je décroche vite. Cela dit, c'est pour (r)éveiller ma conscience citoyenne que j'ai voulu regarder Hiver 54 - L'abbé Pierre. Plus à un paradoxe près, Martin...

Certain(e)s d'entre vous ont peut-être connu cette terrible saison météorologique, avec des températures inférieures à -15/-20° à Paris et parfois même plus basses encore dans d'autres régions de France. Tout le pays fut touché: les 5 et 6 février, Wikipédia dit qu'il tomba 30 cm de neige à Montpellier, 40 à Carcassonne et 85 à Perpignan ! Bref... comme son titre le suggère, le film que je souhaite évoquer aujourd'hui rappelle le combat alors engagé par l'abbé Pierre aux côtés des sans-abris. L'occasion de se souvenir aussi que l'homme d'église avait d'abord été résistant, puis député, et de suivre son long chemin dans la lutte contre les plus importantes des inégalités sociales. Chaque hiver, aujourd'hui, on nous dit que ce n'est pas le froid qui tue les SDF: c'est vrai, mais ce film nous rappelle aussi que, sans la mort d'un bébé d'abord ou d'une femme expulsée de son logement, les cris d'alarme du bon samaritain n'auraient peut-être jamais été entendus. Il y a bien sûr des exceptions notables, mais le film dresse un portrait bien peu flatteur de la classe dirigeante et de son cynisme mondain...

Ouf ! Il y a aussi des personnages positifs, dont deux femmes importantes, jouées par Claudia Cardinale et Isabelle Petit-Jacques. Pour tout dire, j'ai surtout apprécié la manière dont Lambert Wilson joue l'abbé Pierre: je crois pouvoir dire qu'il est engagé dans son rôle. J'ai déniché une déclaration de l'acteur relative à sa vision personnelle du personnage, qu'il avait rencontré. "Face à lui, j'ai presque honte d'être acteur. Je me sens mou, sans convictions. Il m'a fait réagir. Sortir de moi. J'aimerais être plus qu'un interprète: un porte-parole". D'après moi, cela résume bien ce qu'est Hiver 54 - L'abbé Pierre. Davantage qu'un film militant: un témoignage. Les nombreux échos qu'il trouve encore dans la France d'aujourd'hui nous montrent aussi qu'Henri Grouès fut surtout un homme déterminé et pragmatique. Jusque dans ses vifs éclats de colère, son inspiration chrétienne passe presque au second plan: le long-métrage n'a rien de prosélyte. L'espoir et l'action s'avèrent plus importants que toutes les prières. Une appréciation qui ne doit priver personne de son droit à être ému !

Hiver 54 - L'abbé Pierre
Film français de Denis Amar (1989)

Ce vrai-faux biopic se montre riche d'enseignements pour aujourd'hui. J'étais encore au collège lorsqu'il est sorti, mais je persiste dans l'idée qu'il est toujours pertinent. Présenté ici il y a peu, La cité de la joie m'a paru plus aseptisé - et même s'il nous fait voyager jusqu'en Inde. Quitte à parler de la grande pauvreté ailleurs dans le monde, je crois que je préfère l'approche du documentaire. Un exemple ? Les pépites.

jeudi 28 mai 2020

Sous le soleil austral

Le cinéma a ceci de magique que, parfois, il parvient à transcender les histoires les plus ordinaires, simplement... en les "délocalisant". Dernièrement, j'ai fait un pari avec Mystery Road: cette enquête autour d'un meurtre aurait pu être banale, mais son cadre australien ouvre une (petite) porte à l'originalité. Je l'ai poussée avec bonheur...

D'emblée, en effet, le film nous embarque dans une magnifique scène nocturne, à l'écart de toute ville significative. Un chauffeur routier stoppe son camion, inspecte les environs et, dans un fossé, découvre le cadavre d'une jeune femme, d'ores et déjà en assez piteux état. L'ambiance est posée, avec d'autant plus d'acuité que la scène entière se déroule sans dialogue et avec le seul son de la nature alentour. Mystery Road n'est pas un film bavard, à l'image de son personnage principal - le flic chargé de l'enquête - et, en fait, des divers habitants d'un pays ravagé par le trafic de drogues et les rivalités ethniques. L'Australie profonde ne ressemble pas vraiment à une carte postale...

Casser le mythe, c'est aussi une part de l'intérêt de ce long-métrage. Ainsi, en choisissant pour héros un représentant des forces de l'ordre né au sein de la communauté aborigène, il dresse le portrait édifiant d'un homme presque isolé: méprisé par les Blancs, mais aussi rejeté par sa propre famille (à la dérive). C'est ainsi qu'il nous permet aussi d'apprécier la prestation solide d'Aaron Pedersen dans ce rôle fort. J'avoue: je n'avais jamais entendu parler de ce comédien auparavant. Belle découverte: dès son entrée en scène, il impose un charisme évident, correspondant parfaitement avec ce que l'on peut attendre de son personnage. Un bon point d'ancrage face à la terra incognita...

Dans l'un des nombreux rôles ambigus du métrage, les plus cinéphiles d'entre vous auront peut-être reconnu Hugo Weaving, dont le visage légèrement buriné sait lui aussi attirer le regard du spectateur. Attention à ne pas vous abandonner à cette idée que Mystery Road n'est qu'un western de plus, dans un contexte vaguement revisité. Sincèrement, les coups de feu, ici, existent bien, mais ils sont rares. Malgré quelques petites maladresses, c'est surtout une atmosphère incertaine que le film parvient à déployer - et c'est ce que j'ai aimé. L'enquête criminelle est décisive, mais passe parfois au second plan. Comme le héros, on est alors mal à l'aise. Un peu perdu, à vrai dire...

La réussite du long-métrage sur le plan formel me paraît indiscutable. Pourquoi saluer ce minimalisme en fait très travaillé ? Pour une raison originale, elle aussi: parce qu'il est largement l'oeuvre d'un homme seul, Ivan Sen, réalisateur, mais aussi scénariste, directeur photo, monteur et auteur de la (discrète) bande originale. Mais quel boulot ! Bon... cet univers est vraiment le sien: il a également signé une suite de ce premier film et même produit une série adaptée dans la foulée. Je n'irai pas jusqu'à parler de lui comme d'un auteur, mais c'est juste parce que je n'ai encore rien vu d'autre parmi cette offre pléthorique. Les territoires vierges ont le droit de garder un peu de leur mystère...

Mystery Road
Film australien d'Ivan Sen (2013)

Une belle découverte, si ce n'est une vraie et remarquable surprise. Épuré jusqu'à l'os, cet envoûtant thriller rural m'a séduit. L'occasion d'en voir la suite... un jour, peut-être: je n'en fais pas ma priorité. Autant vous conseiller d'autres polars poisseux de cet acabit venus d'ailleurs, comme La isla mínima et, surtout, Memories of murder. L'Amérique vous attire ? No country for old men reste un vrai must !

mercredi 27 mai 2020

Dérapage incontrôlé

Les faits dits réels sont une matière sensible que le cinéma utilise fréquemment, mais pas toujours intelligemment. Dès lors qu'il évoque la criminalité, le septième art peut déplaire et/ou faire polémique. J'ai eu envie de (re)voir L'appât, non pour juger rétrospectivement chaque protagoniste de cette sombre histoire, mais pour y réfléchir...

Résumons le point de départ: dans la France des années 80, une fille et deux garçons, à Paris, rêvent d'une vie dorée. Ils s'auto-persuadent que tout irait mieux s'ils avaient BEAUCOUP d'argent. Leur obsession persistante est de savoir comment procéder pour en gagner assez. C'est leur non-réussite professionnelle qui, se répétant, les conduit droit sur le chemin du crime. À peine majeure, la fille se croit capable de séduire des hommes riches, assez en tout cas pour s'introduire chez eux et ouvrir la porte aux garçons, apprentis cambrioleurs. Chacun jugera le film en son âme et conscience, mais il est certain qu'il respecte la froide réalité des faits sur un point précis: le meurtre de deux personnes. L'intérêt cinématographique, lui, reste discutable. Mais autant le dire tout de suite: je me range parmi ses défenseurs...

Soyons clairs: L'appât ne peut certainement pas faire l'unanimité. Pour ma part, je ne le vois pas du tout comme un film complaisant. Parler froidement de ces jeunes n'est pas cautionner leurs actes ! C'est vrai cependant que cela peut nous interroger sur notre société et la manière dont certains "décrochent", sans personne - au travail, à l'école ou dans leurs familles - pour les rattraper. Si mes souvenirs sont bons, c'est également cette réflexion qui irrigue le roman originel de Morgan Sportès, dont le film est (aussi) l'adaptation. Petite précision: les images, elles, m'ont saisi au coeur, par leur côté virevoltant au début du long-métrage, bonne illustration du tourbillon de la jeunesse, et leur fixité ensuite, dès lors que tout devient glacé. Quoi qu'on puisse penser de ce fait divers sordide, je veux affirmer que l'on tient là une belle oeuvre de cinéma, avec quelques bémols sans doute, une ou deux redites, quelques interprétations moyennes. Paradoxe: quelque chose me dit que le récit aurait été plus glauque s'il était resté purement imaginaire. Attention: il est déjà bien noir...

L'appât
Film français de Bertrand Tavernier (1995)
Je n'ai rien dit de Marie Gillain, au centre du scénario: l'actrice belge n'a ici que 19 ans et est impressionnante dans ce rôle de tentatrice. Anecdote: j'ai eu la chance de la rencontrer et lui ai dit quelques mots sur Ni pour ni contre, une autre de ses prestations à contre-emploi. Et j'avais oublié celle du film évoqué aujourd'hui, nigaud que je suis ! Vingt-cinq ans plus tard, je vois un lien avec Roubaix, une lumière...

mardi 26 mai 2020

Dis-moi oui

Je les imaginais assurément plus nombreux: quelque 128.000 Français vivent aujourd'hui aux États-Unis - ce qui en fait le deuxième pays d'expatriation de nos compatriotes derrière la Suisse. Je vais éviter d'évoquer leurs conditions d'immigration: en réalité, j'en ignore tout. Simplement, c'est (un peu) le sujet du film dont je veux vous parler...

1990. Dans l'Amérique dirigée par Bush père, Georges est un immigré français supposément musicien, mais qui vit en fait d'expédients. Brontë, elle, est une jeune militante écolo, qui aimerait s'installer dans un appartement plutôt chic, avec terrasse et jardin d'hiver. Chacun de leur côté, ils ont à vrai dire peu de chances de s'en sortir. Mais unis, ils devraient pouvoir y arriver... et c'est donc en faisant semblant de convoler que les deux "empêchés" font connaissance. Vous avez bien lu: Green card - du nom du titre de séjour nécessaire pour vivre durablement aux States - commence par un mariage blanc. Andy MacDowell et Gérard Depardieu venant apporter une belle touche glamour à la pseudo-noce, c'est très facile de les aimer tout de suite. L'idée du film repose précisément sur cette sympathie qu'ils doivent susciter. Autant dire que, si ça ne fait pas écho en vous, c'est fichu. Et qu'il ne faut pas exclure que vous trouviez la guimauve indigeste...

Je vous le dis comme je le pense: Green card est un film gentil. Derrière le décor américain, il a bénéficié de l'apport de producteurs australiens - avec Peter Weir placé derrière la caméra - et français. Trente ans plus tard, que reste-t-il du rêve américain ? Des miettes que le 11-Septembre et Donald Trump ont fini d'éparpiller, dirais-je. Cela étant, je ne souhaite pas être cynique et je tiens à ajouter honnêtement que, bien qu'un peu trop sucré, le récit m'a plu. L'utopie que le scénario développe me séduit toujours, finalement, et je note avec amusement qu'à l'époque, elle valait une nomination à l'Oscar. Sans surprise, on retrouve ici New York en toile de fond. Big Apple n'est pas le visage le plus représentatif de l'Amérique ? Tant pis ! Lorsque l'on a su s'attacher aux personnages, on a fait le plus difficile pour apprécier ce conte de fées moderne. Il n'en reste qu'assez peu d'émotions après la projection, c'est un fait, mais tous les bonbons n'ont pas le même goût: à vous de voir si celui-ci vous plaît (ou pas). Un atout de plus: il se distingue par sa totale absence de prétention...

Green card
Film américain de Peter Weir (1990)

Une sucrerie qui ne bousculera certes pas l'ordre établi du cinéma mondial, mais qui a donc le mérite d'une certaine simplicité narrative et formelle. Attention: ne pas confondre avec le récent Green book ! L'immigration est un sujet qui traverse évidemment le septième art américain (ou autre) depuis longtemps, avec des films moins roses tels The immigrant. Venu du Mexique, je suggère aussi Rêves d'or...

lundi 25 mai 2020

Faute de Palme...

J'aurais vraiment aimé aujourd'hui vous parler du Festival de Cannes. Ce week-end, la liste des Palmes d'or devait s'allonger d'une unité supplémentaire, ce qui m'aurait offert l'occasion d'un bilan personnel. Tant pis... ce sera pour une autre fois, pas trop tardive, j'espère. Compensation: je reviens sur des Grands Prix du jury que j'ai pu voir.

D'abord, un petit rappel: si la première édition du Festival de Cannes était programmée en 1939, le Grand Prix du jury, lui, n'est décerné que depuis 1967. Il a eu d'autres noms et, au départ, était censé récompenser un film "grand public", là où la Palme d'or était conçue pour honorer une oeuvre "art et essai". Ce distinguo a fait long feu. Désormais, on parle du Grand Prix du jury comme le trophée attribué au deuxième meilleur film de la sélection, presque aussi prestigieux. Plutôt que trop en dire, je me suis penché sur la liste des titres. Depuis 2000, il se trouve que j'en ai vu dix: ça m'a paru un chiffre intéressant pour en parler. Les voici donc réunis en images et liens...

2018 / BlacKkKlansman / Spike Lee (États-Unis)
J'ai dit et je répète qu'avec un suprémaciste blanc à la tête de l'État américain, un tel pamphlet est salutaire. La chose la plus incroyable reste encore qu'il parvienne... à nous faire rire. La classe in-té-grale !

2017 / 120 battements par minute / Robin Campillo (France)
Le coronavirus nous aura-t-il fait oublier le Sida ? J'espère que non. Avec un peu de recul, je me souviens de ce long-métrage (césarisé) comme d'un uppercut. Du genre de ceux qui font du bien, en réalité...

2013 / Inside Llewin Davis / Ethan et Joel Coen (États-Unis)
Oui, je sais: j'en ai également parlé dans une autre de mes listes récentes. Franchement, il le mérite: c'est l'un des meilleurs films musicaux que je connais. Avec des frangins au sommet de leur talent.

2011 / Le gamin au vélo / Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique)
Autres frères, autre ambiance, autre genre... mais la réputation plombante des cinéastes belges n'a pas lieu d'être, cette fois. Le film reste clairement social, oui, mais, de fait, il est tout aussi lumineux !

2010 / Des hommes et des dieux / Xavier Beauvois (France)
Le drame des moines de Tibhirine, traité avec une parfaite sobriété. Je ne crois pas ce long-métrage réservé aux seuls croyants: il parle d'humanité, plutôt que de religion. Et il est beau, tout simplement...

2008 / Gomorra / Matteo Garrone (Italie)
Digne d'un documentaire, un coup de poing qui casse l'image glamour de la mafia napolitaine. Une polémique est née sur les conditions réelles de tournage, mais le message demeure d'une rare puissance...

2007 / La forêt de Mogari / Naomi Kawase (Japon)
À l'image du protagoniste principal, le film ne se laisse pas approcher facilement. Je vous dirais en fait qu'il faut juste lui laisser le temps. Sur le thème universel du grand âge, il s'avère profond... et touchant.

2005 / Broken flowers / Jim Jarmusch (États-Unis)
L'un des plus grands malentendus du palmarès cannois, à mes yeux. Souvent présenté comme une comédie, il s'agit au contraire d'un film résolument mélancolique. Ce qui n'empêche pas Bill Murray d'y briller !

2004 / Old boy / Park Chan-wook (Corée du Sud)
Ce n'est pas mon préféré du réalisateur, mais c'est celui qui l'a révélé dans le monde occidental, je crois. Il serait mieux que je le revoie avant d'en dire des choses fausses. Sur le plan formel, c'est costaud...

2002 / L'homme sans passé / Aki Kaurismäki (Finlande)
Le personnage principal est amnésique... et j'ai oublié ce dont le film traite, au fond. Qu'à cela ne tienne: la confiance (presque) aveugle que j'accorde au réalisateur joue en sa faveur ! Nous en reparlerons...

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Une précision...
Le garçon planqué derrière son beau diplôme en tête de chronique s'appelle Xavier Dolan. Québécois, il a décroché le Grand Prix en 2016 pour Juste la fin du monde. C'est un film que je n'ai pas encore vu...

Et une petite réflexion pour finir...
Je suis un peu nostalgique: le Festival de Cannes et cette ouverture internationale dont il témoigne pour le cinéma me manquent un peu. Grands Prix du jury ou pas, j'espère avoir encore bien d'autres films de qualité à vous présenter ces prochains temps. Une quête infinie. Même sans Cannes, je ne l'oublie pas et m'y remets donc dès demain !

samedi 23 mai 2020

Au nom des pères

Marcel Pagnol n'a fait confiance qu'à lui-même pour boucler sa trilogie marseillaise. 1936: il avait alors provisoirement renoncé au théâtre. C'est donc dans les salles de cinémas qu'il proposa au public français de venir découvrir la fin de l'histoire, avec les mêmes protagonistes. Une bonne vingtaine d'années ont désormais passé sur le Vieux Port...

Attention: comme avant-hier, en parlant de ce film, je vais évoquer certains points de l'intrigue qui pourraient vous être encore inconnus si vous n'avez pas eu la chance de voir l'un ou l'autre des épisodes précédents. En réalité, il faut au moins que je révèle que César introduit un personnage: Césariot, le fils de Fanny et de Marius. Quand nous reprenons le fil, le jeune homme est encore persuadé d'être l'enfant d'un autre: le brave Panisse, qui a épousé sa mère délaissée par son amant, sauvant ainsi l'honneur de la jeune femme. Oui, mais voilà: l'homme, de trente ans l'aîné de son épouse, souffre d'une grave maladie et n'a plus guère que quelques heures à vivre. Même si les amis qui l'entourent s'efforcent de rire, il est évident pour nous, spectateurs, que la suite ne prêtera pas à la galéjade. C'est précisément ce que j'aime dans ces films: leur capacité à mêler l'humour à la tragédie. Oui, l'esprit, l'âme Pagnol pour moi... c'est ça !

Il est vraisemblable que la tâche soit plus aisée avec des pointures comme Charpin pour donner corps et coeur à toutes ces belles figures méridionales. Les historiens du cinéma parlent toutefois de difficultés certaines pour Pagnol, quand il lui a fallu trouver ses comédien(ne)s. Question d'accent, entre autres: la crédibilité des unes et des autres repose largement sur la maîtrise des expressions et de la verve marseillaises. Sincèrement, de ce point de vue, je veux vous assurer que César m'a comblé: même Orane Demazis, très souvent présentée comme trop "nunuche" pour incarner Fanny, m'a paru convaincante. Que ce film et ceux qui l'ont précédé puissent symboliser Marseille avec éclat m'amuse d'autant plus qu'à l'origine, la trilogie filmée n'a vu le jour qu'avec le précieux soutien... d'une antenne de la Paramount ! Or, face au troisième volet, on ne peut imaginer que le premier opus sortait de studios situés dans le Val-de-Marne. La magie du cinéma...

Ancienneté du film oblige, on s'étonne certes moins que les scènes urbaines soient rares: César est en quelque sorte un long-métrage d'intérieurs, même si Pagnol réserve de belles séquences à sa ville chérie, ainsi d'ailleurs qu'à la région environnante. Il est indiscutable qu'il aime les petites gens qu'il donne à voir, sans jamais se moquer de leurs quelques travers. La présence d'un Lyonnais dans le groupe d'amis apporte une touche de décalage et renforce notre plaisir ! Après les cartes et les boules, on découvre le trompe-couillon, un jeu inédit et plus typique encore, dont les "subtilités" prêtent à sourire. Cela étant, je le dis clairement: les deux ou trois apartés de ce genre n'ont qu'un intérêt limité, qui nous éloigne un instant de la trame principale. Très clairement, il s'est essentiellement agi pour Pagnol non pas d'illustrer la vie dans le Sud, mais bien de conclure son récit. N'avait-il pas tout en tête dès le départ ? Euh, en fait, pas vraiment...

L'anecdote vaut le détour: la légende dit que, coincé par une panne d'inspiration à la moitié de son scénario, l'auteur fit une rencontre déterminante avec une vieille dame, qui lui demanda d'écrire la fin avant... qu'elle ne passe l'arme à gauche. Ce qui fut fait et bien fait. Par la suite, ce n'est que dix ans plus tard, en 1946 donc, que le script fut transformé en une pièce de théâtre - une réécriture dans le sens inverse des deux premiers volets. Je vous rassure: jamais la qualité du film ne m'a réellement semblé pâtir de ces péripéties en coulisses. D'aucuns considèrent César comme le plus faible des trois chapitres de la saga: quant à moi, j'estime que le tout se tient admirablement. Bon... si vous ne devez en voir qu'un, le mieux reste de commencer au début, oui, mais ces six grosses heures de cinéma passent vite. Désormais, ces merveilles existent en copie restaurée: quel bonheur ! J'ai parlé de patrimoine et, soyez-en sûrs: le terme n'est pas usurpé...

César
Film français de Marcel Pagnol (1936)

Difficile de détacher cette conclusion du reste de la trilogie: j'espère que ma chronique vous aura montré que j'apprécie surtout l'oeuvre d'ensemble. Ce qui est singulièrement beau, ici, c'est que les acteurs n'ont pas l'air d'avoir pris de l'âge: un gage d'immortalité, peut-être. Vous m'excuserez de ne pas évoquer d'autres films pour comparaison. Il est probable qu'un jour prochain, j'en revienne à Pagnol lui-même...

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Et maintenant, avant d'enfin tourner la page...

La chronique de "L'oeil sur l'écran" peut vous tenir lieu de point final.

jeudi 21 mai 2020

Abandonnée

La trilogie marseillaise de Pagnol, épisode 2 ! L'ouverture de Fanny correspond exactement à la conclusion du film précédent. Mon titre dévoile ce qu'il advient de la vendeuse de coquillages, laissée à terre par le garçon qu'elle aime, parti mesurer les fonds de l'Océan Indien sans même en avoir eu la décence d'en aviser son père. Déjà si loin...

Ce deuxième film est également l'adaptation d'une pièce de théâtre éponyme, écrite tout juste quelques mois auparavant. Le succès populaire fut immédiat et même plus fort que celui du premier volet. Quelques critiques professionnels - nostalgiques des grandes heures du cinéma muet - firent la fine bouche, mais Pagnol fut aussi défendu par quelques grands noms, à commencer par un certain Jean Renoir, qui avait pour sa part une douzaine de longs-métrages derrière lui. Mon avis ? Fanny est encore meilleur que Marius. Les personnages dessinés et les enjeux clarifiés, la suite coule (presque) de source. Sans surprise, la même troupe a été convoquée pour tenir les rôles principaux: une fois de plus, elle nous livre de remarquables numéros d'acteurs, naturellement portés par des dialogues souvent truculents. Bientôt neuf décennies plus tard, ce saisissant portrait de la France méridionale de l'entre-deux-guerres parvient à nous toucher au coeur. J'imagine que la qualité d'écriture de l'oeuvre compte pour beaucoup. Et j'espère pouvoir un jour l'apprécier de nouveau... dans un théâtre !

Retenez-le: c'est un autre homme qui a pris place derrière la caméra. J'ose supposer qu'il n'a pas trop dévié du texte, mais le réalisateur s'autorise quelques apartés urbains, qui viennent joliment renforcer les aspects les plus pittoresques de ce grand beau panorama du Sud. Exemple: après la partie de cartes du premier opus, que la faconde des protagonistes a fait entrer dans la légende, nous sommes conviés cette fois à un jeu de boules, peut-être plus croquignolesque encore. C'est que, dans le Midi, on n'hésite pas à faire s'arrêter un tramway quand un point crucial est en jeu ! Bref... Fanny fleure bon Marseille et c'est un plaisir supplémentaire que d'apercevoir la cité phocéenne au détour d'un plan. Je donne ici une mention particulière à la scène où l'héroïne, accablée par une nouvelle annoncée par son médecin, descend la Canebière à grandes enjambées: un long travelling latéral imprime aussitôt - et durablement - notre rétine de spectateur passif. J'en ai presque oublié que le cinéma parlant était alors une invention récente. Sans attendre, le film, lui, posait des jalons pour l'éternité...

Fanny
Film français de Marc Allégret (1932)

La note quasi-parfaite pour ce grand classique, en fait indémodable ! Assurément, il faut se replonger dans l'époque pour "adhérer" au récit et lui rendre les honneurs qui lui sont dus: le sort de la pauvre Fanny est celui d'une fille de son temps. La société a changé depuis, oui. Vous pourriez faire un constat équivalent avec La fille du puisatier ou Manon des sources, dont j'ai parlé récemment. À voir et à revoir !

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Et si jamais vous souhaitez lire un autre avis...

Vous n'oublierez pas d'aller faire un tour du côté de "L'oeil sur l'écran".

mardi 19 mai 2020

Le fils en partance

Assez tourné autour du pot ! Aujourd'hui, j'honore enfin une promesse que je me suis faite depuis un moment: revenir sur Marius, l'épisode inaugural de la très fameuse trilogie marseillaise de Marcel Pagnol. Pour mon père, il s'agit d'un film-culte et c'est aussi pour cette raison que je reprends le flambeau. En vous embarquant vers le grand Sud...

Marius, 23 ans, est le fils de César, patron d'un bistro du Vieux Port. Il aide son père dans son travail, mais l'idée d'un jour lui succéder derrière le comptoir n'a pas l'air de le démanger beaucoup. Le garçon rêve vaguement d'une autre vie et se verrait plutôt occuper un poste sur la Malaisie, un bateau en partance pour une contrée lointaine. C'est ce qui inquiète Fanny, la jeune et jolie vendeuse de coquillages qu'il fréquente depuis l'enfance, sans s'être interrogé sur la nature exacte de ses sentiments. Or, dans cette France populaire du début des années 30, il peut se passer longtemps avant que les jeunes gens aient une première opportunité d'unir leurs destinées. Il faut encore qu'ils le veuillent, bien sûr, mais aussi que leurs parents y consentent. Bref... je ne vais pas vous faire un dessin ! Oui, Il y a dans Marius tous les éléments d'un mélodrame classique et c'est en effet une piste que le scénario (adapté d'une pièce de théâtre) nous invite à explorer. Cependant, le film est souvent présenté comme un pan du patrimoine cinématographique français: il ne peut être réduit à un genre unique !

Futur académicien, Pagnol chante aussi un certain "esprit de terroir". Bon... je suis loin d'être convaincu qu'il y serait pareillement parvenu ailleurs qu'à Marseille, lui qui était natif d'Aubagne, dans la région. Plus qu'un décor, la ville est pour lui un cadre, avec tous les aspects folkloriques - et/ou caricaturaux - que cela peut contenir. L'étranger prend le risque de s'y perdre, mais, dans le même temps, il y trouve un peu de cet enviable plaisir qu'ont les Méridionaux à vivre chez eux. Paradoxe: en mettant en chantier ce long-métrage, le grand Marcel s'était créé quelques inimitiés, certains de ses confrères dramaturges s'inquiétant de la concurrence croissante d'un cinéma devenu parlant depuis peu. L'histoire retient également que les équipes techniques n'eurent guère le temps d'alimenter la polémique: deux autres Marius furent en effet tournés simultanément... en allemand et en suédois. Ne sachant rien de ces doublons, je n'imagine pas d'autres acteurs qu'Orane Demazis, Raimu, Charpin et Pierre Fresnais dans le costume des personnages principaux. Mon engagement: en reparler très vite...

Marius
Film français d'Alexander Korda (1931)

Je ne crois pas exagérer si j'affirme que ce beau film est fondateur. Moins lyrique que d'autres à venir, il mérite quand même le détour !  Encore peu expérimenté, Pagnol avait su confier l'usage de la caméra à un vrai spécialiste, à qui, dit-on, il apprit la valeur des dialogues. Quelques personnalités du cinéma frémirent alors de l'émergence soudaine des stars des planches. Et ce n'était pourtant que le début...

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Envie d'aller un peu plus loin ?
Je peux à présent vous recommander la lecture de "L'oeil sur l'écran". 

lundi 18 mai 2020

La fête des monstres

J'ai l'habitude de dire que l'animation autorise toutes les fantaisies. C'est grâce à Aurelia (coucou !) et donc avec un a priori très positif que j'ai enfin pu découvrir Hôtel Transylvanie. Ce premier épisode d'une série de trois est l'oeuvre du studio Sony Pictures Animation. Moins coté que Pixar, par exemple, mais plutôt efficace malgré tout !

Vous ne le saviez peut-être pas, mais le comte Dracula a une fille. Parce que de vilains villageois ont tué sa femme, il a dû l'élever seul. Une fois par an, c'est pour elle qu'il organise une gigantesque fête d'anniversaire, avec d'autant plus de facilité que son manoir est loin de tout et assez grand pour accueillir tous ses amis les monstres. Unique problème: pour célébrer ses 118 ans, Mavis irait bien voir ailleurs comment les autres vivent. Il convient donc de la raisonner. Oui mais voilà: bientôt, un jeune randonneur débarque au château. Une menace pour les créatures de la nuit... et tout l'enjeu du film. Hôtel Transylvanie démarre allegro... et ne faiblit jamais vraiment !

Tout va tellement vite que je suis sûr d'avoir raté des détails rigolos. Techniquement, Hôtel Transylvanie est irréprochable: son rythme effréné est indiscutablement le premier atout dans son drôle de jeu. Et quelle inventivité, mes aïeux ! Le seul bestiaire est un absolu régal pour qui aime les bestioles bizarroïdes. Avec bon nombre de visages connus: ce qui pourrait être un défaut dans un autre film "référencé" vient ici, au contraire, renforcer la tonalité comique de l'aventure. OK, Bram Stoker y trouverait peut-être à redire, mais les puristes peuvent passer leur chemin sans se forcer à jouer les rabat-joies. Franchement, des raisons de bouder son plaisir ? Je n'en vois aucune !

Hôtel Transylvanie
Film américain de Genndy Tartakovsky (2012)

Une réussite totale, à laquelle il manquera peut-être juste une touche d'émotion - un simple détail qui ne doit pas vous inciter à renoncer. OK... évoqué en introduction, Pixar a fait mieux: Monstres et Cie. J'ajoute que ce n'est pas DU TOUT le même genre d'histoire, en fait. Pourquoi toujours comparer ? Rien n'interdit d'aimer l'un et l'autre. NB: Mille et une bobines référence déjà plus de cent autres "animés" !

samedi 16 mai 2020

5 + 1

Je l'ai sûrement déjà dit: lorsque j'ai ouvert ce blog, mon intention était de voir un maximum de films différents. Les choses ont évolué depuis: aujourd'hui, après 1.988 longs-métrages et 2.364 chroniques en tout, j'aime dire que certains réalisateurs sont ici des "habitués". D'où l'idée d'intégrale évoquée hier: j'y reviens... avec six Américains.

Martin Scorsese - 12 films chroniqués
Le dernier que j'ai revu
: Gangs of New York 
Top 3: Taxi driver / La valse des pantins / Silence
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Si j'ai bien compté, mon cher homonyme a réalisé 25 longs-métrages de fiction. Conclusion: il m'en reste une grosse moitié à découvrir ! Verrai-je aussi tous les courts et les documentaires ? Tous les films qu'il a produits ? Pas sûr. Je vais tâcher de ne pas (trop) m'éparpiller. Mes premiers choix ? La dernière tentation du Christ et Raging Bull.

Joel et Ethan Coen - 16 films chroniqués
Le dernier que j'ai vu
: Arizona Junior 
Top 3: Fargo / Inside Llewyn Davis / No country for old men
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La ballade de Buster Scruggs, leur dernier opus, est d'abord apparu comme une exclusivité Netflix. Il ne me reste plus qu'à le saisir au vol si je le vois passer sur une autre chaîne ou un support numérique quelconque. À part cela, j'ai bel et bien vu et chroniqué tous les films des frangins, à l'exception (notable) de The big Lebowski. Un jour... 

Steven Spielberg - 18 films chroniqués
Le dernier que j'ai revu: Hook ou la revanche du capitaine Crochet 
Top 3: E.T. / Indiana Jones et la dernière croisade / 1941
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De tous les cinéastes, il est certainement celui qui me rattache le plus aux plaisirs de l'enfance (laquelle peut aussi être tardive, bien sûr). J'avais l'objectif de voir tous ses films des années 70, la décennie originelle et celle de ma naissance. C'est fait, mais j'ai du boulot avant de boucler mon marathon. En attendant son West Side story...

Woody Allen - 19 films chroniqués
Le dernier que j'ai vu: Un jour de pluie à New York
Top 3: Stardust memories / Alice / Tout le monde dit I love you
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Je le confesse: c'est une surprise de retrouver mon binoclard préféré sur la deuxième marche du podium. Les incessantes polémiques autour de sa personnalité n'ont pas altéré ma satisfaction de l'avoir découvert seul, c'est-à-dire sans y avoir été conduit par mes parents. J'ai encore plein de films à voir, dont un Annie Hall très prometteur !

Clint Eastwood - 25 films chroniqués
Le dernier que j'ai vu: Le cas Richard Jewell 
Top 3: Sur la route de Madison / Impitoyable / Honkytonk man
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Mon indiscutable chouchou ! Et mon total ne tient même pas compte de certains longs-métrages, où il n'est crédité "que" comme acteur ! Avec le temps, et à quelques exceptions près, j'ai d'ailleurs constaté que je le préfère (presque) placé derrière la caméra. Parmi la poignée de ses films de réalisateur à voir, je retiens Breezy et Mystic river...

Billy Wilder - 10 films chroniqués
Le dernier que j'ai revu: Boulevard du crépuscule
Top 3: Certains l'aiment chaud / Sabrina / Avanti !
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Vous l'aurez noté: j'ai cité cinq cinéastes en vie et donc susceptibles d'ajouter quelques titres à la longue liste de mes envies de cinéma. J'avais le souhait de boucler ma liste avec une référence du Hollywood classique et suis ravi de tomber sur un génie. J'adore sa mélancolie comique. Rayon films noirs, Assurance sur la mort me fait de l'oeil...

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Et vous, alors ? Vous avez aussi des incontournables ?
Je serais ravi de lire vos commentaires (et conseils de visionnage). J'ai quelques autres idées en stock, à commencer par Charlie Chaplin. Un jour ou l'autre, je reviendrai aussi sur mes préférences françaises et/ou non-américaines. Je suis déjà bien avancé sur Cédric Klapisch !