Le septième art ne saurait toujours être le miroir de "la vraie vie". Reste que je le crois capable, à sa manière, de nous ouvrir également à l'altérité, à ceux qui nous sont différents, et peu importe les raisons de cette différence. Dès lors, je suis heureux d'avoir vu Willy 1er. L'un des films marquants de l'année. L'un de ceux qui sortent du lot...
Avec aplomb et dignité, Willy 1er adapte et évoque l'histoire (vraie) de son acteur principal, Daniel Vannet. Cet homme n'est pas comédien professionnel: c'est un Français du nord, en lutte contre les difficultés de sa condition d'illettré. Quand le film débute, peu après le suicide de son jumeau, Willy / Daniel vit toujours chez ses parents, à 50 ans passés et sous la protection d'une curatrice. Mais parce qu'on lui parle d'un placement en foyer d'accueil, son deuil le pousse à se révolter. Enfin, il se décide à prendre son autonomie: "À Caudebec j'irai. Avoir un appartement, j'en aurai un. Un scooter, j'en aurai un. Des copains, j'en aurai... et je vous emmerde !". Ce sont ses idées pour la suite...
Non sans courage, Willy prend alors la route et fait... 9 km à pied. Mine de rien, c'est pour lui le début d'une nouvelle vie. Je vous laisse découvrir cette histoire si vous en avez l'occasion: ce vrai/faux biopic d'un homme bien déterminé à ce qu'on lui marche plus sur les pieds offre un voyage étonnant au coeur de ce qu'on peut appeler la France profonde. À nos côtés: des comédiens tous amateurs - à l'exception notable de Noémie Lvovsky. Willy 1er suit, pas après pas, l'évolution d'un personnage bien plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord. Empathique, la caméra le filme sous toutes les coutures et le montre tel qu'il est: paumé, oui, mais aussi amusant, violent parfois, etc...
L'un des aspects étonnants du film est qu'il compte non pas un, deux, mais bien quatre réalisateurs ! Aucun n'a encore dépassé la trentaine et chacun vit sa première expérience au format du long-métrage. Vous voulez mon point de vue ? C'est une franche et belle réussite. Évitant avec adresse les pièges du voyeurisme, Willy 1er parvient efficacement à évoluer constamment sur le fil du rasoir. Il se frotte sans hésitation aux situations les plus glauques, qu'il désamorce alors avec un humour noir franchement ravageur. Il s'approche également au plus près du ridicule, mais redevient profond quand il le faut. Conséquence: on rit, on tremble, on pleure... bref, on vit, à l'unisson.
Je ne sais pas si le film marchera auprès du public dit "ordinaire". Pour l'heure, je sais qu'il a plutôt bien marché - et reçu quelques prix - dans les festivals. À Cannes, il y a quelques mois, il avait été soutenu par l'Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (ACID). Pour peu que nous en ayons l'envie et l'opportunité, c'est à nous aussi, cinéphiles et spectateurs, d'oser défendre ce petit film admirable. Comme son principal protagoniste, Willy 1er ne se laisse pas aimer facilement. D'aucuns lui trouveront des défauts et pourront les juger impardonnables. Pour ma part, je suis content que ce cinéma existe. Et d'autant plus quand je relève qu'il est l'oeuvre de jeunes Français...
Willy 1er - Film français - 2016
Marielle Gautier, Hugo P. Thomas, Ludovic et Zoran Boukherma
Je me crois lucide: face à certaines situations, il se peut que certains d'entre vous se sentent gênés. Cela dit, le cinéma n'a jamais été avare de personnages "différents", depuis Freaks, jusqu'à Rain man ou Le huitième jour. Et le film a eu un prix du Festival grolandais ! Maintenant, si vous préféreriez un récit pathétique, je vous oriente aussitôt vers celui de L'énigme de Kaspar Hauser. À vous de voir...
----------
Une conclusion de dernière minute...
Le titre de ma chronique est une référence directe à une chanson écrite par Georges Moustaki, que Serge Reggiani a interprété aussi. Je ne suis pas le premier à y avoir pensé et ne vous dirai rien d'autre sur le sujet... si ce n'est que ce laïus vise à vous inciter à voir le film.
Et finalement une autre, encore plus tardive...
Cela m'avait échappé: l'ami 2flics a créé un nouveau blog, avec textes sur le cinéma (et plus !). Il a consacré au film sa première chronique.
Avec aplomb et dignité, Willy 1er adapte et évoque l'histoire (vraie) de son acteur principal, Daniel Vannet. Cet homme n'est pas comédien professionnel: c'est un Français du nord, en lutte contre les difficultés de sa condition d'illettré. Quand le film débute, peu après le suicide de son jumeau, Willy / Daniel vit toujours chez ses parents, à 50 ans passés et sous la protection d'une curatrice. Mais parce qu'on lui parle d'un placement en foyer d'accueil, son deuil le pousse à se révolter. Enfin, il se décide à prendre son autonomie: "À Caudebec j'irai. Avoir un appartement, j'en aurai un. Un scooter, j'en aurai un. Des copains, j'en aurai... et je vous emmerde !". Ce sont ses idées pour la suite...
Non sans courage, Willy prend alors la route et fait... 9 km à pied. Mine de rien, c'est pour lui le début d'une nouvelle vie. Je vous laisse découvrir cette histoire si vous en avez l'occasion: ce vrai/faux biopic d'un homme bien déterminé à ce qu'on lui marche plus sur les pieds offre un voyage étonnant au coeur de ce qu'on peut appeler la France profonde. À nos côtés: des comédiens tous amateurs - à l'exception notable de Noémie Lvovsky. Willy 1er suit, pas après pas, l'évolution d'un personnage bien plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord. Empathique, la caméra le filme sous toutes les coutures et le montre tel qu'il est: paumé, oui, mais aussi amusant, violent parfois, etc...
L'un des aspects étonnants du film est qu'il compte non pas un, deux, mais bien quatre réalisateurs ! Aucun n'a encore dépassé la trentaine et chacun vit sa première expérience au format du long-métrage. Vous voulez mon point de vue ? C'est une franche et belle réussite. Évitant avec adresse les pièges du voyeurisme, Willy 1er parvient efficacement à évoluer constamment sur le fil du rasoir. Il se frotte sans hésitation aux situations les plus glauques, qu'il désamorce alors avec un humour noir franchement ravageur. Il s'approche également au plus près du ridicule, mais redevient profond quand il le faut. Conséquence: on rit, on tremble, on pleure... bref, on vit, à l'unisson.
Je ne sais pas si le film marchera auprès du public dit "ordinaire". Pour l'heure, je sais qu'il a plutôt bien marché - et reçu quelques prix - dans les festivals. À Cannes, il y a quelques mois, il avait été soutenu par l'Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (ACID). Pour peu que nous en ayons l'envie et l'opportunité, c'est à nous aussi, cinéphiles et spectateurs, d'oser défendre ce petit film admirable. Comme son principal protagoniste, Willy 1er ne se laisse pas aimer facilement. D'aucuns lui trouveront des défauts et pourront les juger impardonnables. Pour ma part, je suis content que ce cinéma existe. Et d'autant plus quand je relève qu'il est l'oeuvre de jeunes Français...
Willy 1er - Film français - 2016
Marielle Gautier, Hugo P. Thomas, Ludovic et Zoran Boukherma
Je me crois lucide: face à certaines situations, il se peut que certains d'entre vous se sentent gênés. Cela dit, le cinéma n'a jamais été avare de personnages "différents", depuis Freaks, jusqu'à Rain man ou Le huitième jour. Et le film a eu un prix du Festival grolandais ! Maintenant, si vous préféreriez un récit pathétique, je vous oriente aussitôt vers celui de L'énigme de Kaspar Hauser. À vous de voir...
----------
Une conclusion de dernière minute...
Le titre de ma chronique est une référence directe à une chanson écrite par Georges Moustaki, que Serge Reggiani a interprété aussi. Je ne suis pas le premier à y avoir pensé et ne vous dirai rien d'autre sur le sujet... si ce n'est que ce laïus vise à vous inciter à voir le film.
Et finalement une autre, encore plus tardive...
Cela m'avait échappé: l'ami 2flics a créé un nouveau blog, avec textes sur le cinéma (et plus !). Il a consacré au film sa première chronique.