Je ne pensais pas forcément vous reparler si vite d'Akira Kurosawa. Le truc, c'est qu'un copain chez qui je dînais m'a proposé de regarder un film au cours de cette soirée, m'invitant même à faire mon choix dans sa collection. J'ai opté pour Dersou Ouzala, un long-métrage coproduit par une société moscovite et tourné en Union soviétique...
Si, comme moi, cet état de fait vous étonne, vous comprendrez mieux le pourquoi du comment à partir du moment où vous saurez que le maître japonais, alors âgé de 65 ans, revisite ici les récits autobiographiques d'un explorateur russe, Vladimir Arseniev. L'idée n'est pas de tresser une couronne de lauriers à ce brave soldat chargé par l'armée tsariste de faire le relevé topographique de terres lointaines, le long de la frontière avec la Chine. Non ! Comme le titre l'indique clairement, c'est un autre homme, Dersou Ouzala, qui est objectivement le point central du récit. Encore que... il est question finalement d'une amitié entre ces deux personnages (réels). Bien loin de la frénésie qui anime ses grandes fresques, Akira Kurosawa offre sans doute l'une de ses oeuvres les plus humanistes. Et... c'est beau !
Parce qu'évidemment, cette belle histoire, le cinéaste la transcende. J'avoue que je n'ai pas pris le temps de chercher des informations détaillées sur la manière précise dont le livre est devenu un scénario. En revanche, côté mise en scène, quel maestria ! Il me faut souligner que les grandes qualités de Dersou Ouzala m'ont proposé un visage d'Akira Kurosawa que je ne connaissais guère jusqu'alors. La beauté de ces images n'est pas ostentatoire: elle naît souvent de longs plans fixes, régulièrement parcourus de dialogues d'une grande densité. Parce qu'il s'inscrit dans un cadre naturel, il est plus que tentant d'apprécier le film comme un manifeste écologique (avant l'heure). Mais j'insiste: j'ai surtout été sensible à la beauté d'une rencontre entre deux hommes que tout aurait pu opposer. Les historiens de l'art retiennent qu'avant de tourner, Akira Kurosawa dut imposer l'acteur principal, Maksim Mounzounk, à ses producteurs... drôle d'écho, non ?
Dersou Ouzala
Film "japono-soviétique" d'Akira Kurosawa (1975)
Pour ceux que ça intéressera, je précise juste que le long-métrage reçut en 1976 l'Oscar du meilleur film étranger. Je n'en parlerai pas comme de mon Kurosawa préféré, mais cette statuette est méritée. L'amitié improbable est ici bien plus forte que dans Intouchables. Vous me direz que je compare l'incomparable... et vous aurez raison. Du coup, j'attends vos suggestions d'autres grands films humanistes !
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Et en attendant, pour (peut-être) vous inspirer...
Je vous conseille d'aller lire "L'oeil sur l'écran" et "Le blog de Dasola".
Si, comme moi, cet état de fait vous étonne, vous comprendrez mieux le pourquoi du comment à partir du moment où vous saurez que le maître japonais, alors âgé de 65 ans, revisite ici les récits autobiographiques d'un explorateur russe, Vladimir Arseniev. L'idée n'est pas de tresser une couronne de lauriers à ce brave soldat chargé par l'armée tsariste de faire le relevé topographique de terres lointaines, le long de la frontière avec la Chine. Non ! Comme le titre l'indique clairement, c'est un autre homme, Dersou Ouzala, qui est objectivement le point central du récit. Encore que... il est question finalement d'une amitié entre ces deux personnages (réels). Bien loin de la frénésie qui anime ses grandes fresques, Akira Kurosawa offre sans doute l'une de ses oeuvres les plus humanistes. Et... c'est beau !
Parce qu'évidemment, cette belle histoire, le cinéaste la transcende. J'avoue que je n'ai pas pris le temps de chercher des informations détaillées sur la manière précise dont le livre est devenu un scénario. En revanche, côté mise en scène, quel maestria ! Il me faut souligner que les grandes qualités de Dersou Ouzala m'ont proposé un visage d'Akira Kurosawa que je ne connaissais guère jusqu'alors. La beauté de ces images n'est pas ostentatoire: elle naît souvent de longs plans fixes, régulièrement parcourus de dialogues d'une grande densité. Parce qu'il s'inscrit dans un cadre naturel, il est plus que tentant d'apprécier le film comme un manifeste écologique (avant l'heure). Mais j'insiste: j'ai surtout été sensible à la beauté d'une rencontre entre deux hommes que tout aurait pu opposer. Les historiens de l'art retiennent qu'avant de tourner, Akira Kurosawa dut imposer l'acteur principal, Maksim Mounzounk, à ses producteurs... drôle d'écho, non ?
Film "japono-soviétique" d'Akira Kurosawa (1975)
Pour ceux que ça intéressera, je précise juste que le long-métrage reçut en 1976 l'Oscar du meilleur film étranger. Je n'en parlerai pas comme de mon Kurosawa préféré, mais cette statuette est méritée. L'amitié improbable est ici bien plus forte que dans Intouchables. Vous me direz que je compare l'incomparable... et vous aurez raison. Du coup, j'attends vos suggestions d'autres grands films humanistes !
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Et en attendant, pour (peut-être) vous inspirer...
Je vous conseille d'aller lire "L'oeil sur l'écran" et "Le blog de Dasola".
Bonjour Martin, Derzou Ouzala est l'un des dix films que je conseillerai de voir. (Je suis sur ton questionnaire). Bonne après-midi.
RépondreSupprimerRavi de voir que tu as aimé Martin ; c'est effectivement un des films les plus contemplatifs de Kurosawa. En ce qui me concerne, mon avis tient en un mot : chef-d'oeuvre ! :D Ah, la scène du lac gelé... Ah, ce début et cette fin ("Dersou..."). Incroyable que Kurosawa ait pu réaliser un tel film étant donné les circonstances. C'est un de mes Kurosawa préférés et j'en parlerai certainement un jour.
RépondreSupprimerStrum
@Dasola:
RépondreSupprimerAh ah, excellent ! Je ne te cache pas que j'ai hâte de recevoir ton mail et de connaître les neuf autres.
@Strum:
RépondreSupprimerJ'aime aussi beaucoup la fin de la première partie. Je n'ai encore vu que cinq films d'Akira Kurosawa, mais je dois dire qu'à ce jour, il ne m'a jamais déçu. Ce sera à coup sûr un plaisir de lire ta future analyse sur cet opus - ou un autre des longs-métrages du maître.
Sinon, s'agissant de ta demande de suggestion de films humanistes, si l'on reste dans les films de Kurosawa je te conseille son magnifique Barberousse.
RépondreSupprimerStrum
Je le regarderai à coup sûr si j'en ai l'occasion. Merci du conseil, l'ami !
RépondreSupprimerMon prochain, je pense toutefois que ça devrait être "La forteresse cachée".