dimanche 11 novembre 2012

Les gueules cassées

Nous fêtons aujourd'hui le 94ème anniversaire de la fin des combats de la Première guerre mondiale. Si j'ai choisi de parler d'un film évoquant cet horrible conflit, c'est parce que j'estime qu'il est entré dans ma vie. Je me dis parfois que j'ai de la chance d'être vivant alors que mon grand-père paternel, Joseph, fut sérieusement blessé au cours de ces années sombres de l'histoire européenne. S'il était mort, il serait resté sans descendant et ma famille n'existerait pas. C'est aussi en pensant à lui que j'ai vu La chambre des officiers.

Adapté d'un premier roman de Marc Dugain, ce film puissant s'intéresse à un aspect particulier de la guerre: la survie des hommes blessés. Son héros, Adrien Fournier, est gravement touché au visage dès ses premiers jours sur le front. Le bel homme d'avant s'efface totalement derrière le corps meurtri du rescapé. L'ancien lieutenant intègre donc La chambre des officiers, un hôpital conçu spécialement pour les cas "comme lui". Le temps d'accepter le regard des autres sur lui-même. Le temps aussi de réapprendre à s'aimer. L'interrogation du film m'a paru largement dépasser l'exemple, certes particulièrement évocateur, d'Adrien Fournier. À qui veut bien justement dépasser les apparences, le long-métrage peut aussi proposer une réflexion sur l'acceptation des différences. Difficile d'être tout à fait insensible à ce qui est montré. Il est question aussi d'une recherche du bonheur. Et de la vie qui reprend ses droits...

Formellement, La chambre des officiers m'a dérouté. L'usage intensif d'un filtre jaune sur les images initiales et d'une bande son au piano m'a presque déplu, même. J'avais l'impression qu'on voulait forcer mon émotion, ce que l'histoire devait pourtant parvenir à faire seule. Et puis, finalement, ce scénario m'a fait oublier le reste. Malgré ces effets un peu faciles, j'ai véritablement été pris d'intérêt pour ce qui se passait à l'écran. Il me faut souligner ici qu'en plus d'être bien joués, les personnages du film m'ont d'abord paru formidablement écrits. Ainsi, aux côtés de ces fameuses gueules cassées, le scénario ménage-t-il une place importante aux familles des soldats, à ceux qu'ils aiment ou ont aimé, à leurs soignants, chirurgien ou infirmière...de quoi renforcer en moi cette idée même qu'au fond, nous sommes tous plus ou moins concernés. Je suis donc heureux d'avoir pu découvrir ce film, à la fois beau et intelligent.

La chambre des officiers
Film français de François Dupeyron (2001)
Bilan plus que positif, donc, et merci à Franck... qui se reconnaîtra. Vous voulez voir un autre film sur la Première guerre mondiale ? Laissez-moi alors vous conseiller Un long dimanche de fiançailles, dont je compte reparler un jour. Pour les divers traumatismes liés aux conflits armés, Birdy est un autre incontournable, à mon avis. Allez hop ! J'ose pousser jusqu'à Vol au-dessus d'un nid de coucou pour une étude des comportements face à une certaine normalité sociale. Rien de bien divertissant, certes, mais que du beau cinéma !

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Le hasard fait parfois bien les choses...

Il se trouve que le film passe justement ce soir sur D8.

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