mardi 13 novembre 2012

Tranchées et cinéma

C'est décidé: je consacre une autre chronique à la Première guerre mondiale. Bravant la censure parfois, le septième art n'a pas attendu bien longtemps avant d'aborder la question du conflit. Certains films que j'imagine gonflés de patriotisme sont même sortis quand l'Europe venait tout juste d'entrer dans la tourmente. Qu'il s'en tourne aujourd'hui, je crois que c'est bon signe. Malgré la disparition inéluctable des derniers combattants, le souvenir demeure vivace.

J'aime à penser que nous aurons su retenir les leçons de ce passé. Militaire pour de faux, Charles Chaplin nous invitait, lui, à en rire dès 1918 et la sortie de Charlot soldat. Visible sur les écrans américains un petit mois avant l'armistice et en France seulement cinq mois plus tard, ce film (muet, bien sûr) fait la part belle au style burlesque de son auteur. Lequel, alors qu'il n'a pourtant pas soufflé sa 30ème bougie, est déjà le propriétaire de son propre studio. Travailleur, l'acteur a alors quelque 70 courts-métrages derrière lui !

Américain également, Lewis Milestone aborde la guerre sur un ton bien différent. En 1930, il signe l'adaptation cinéma d'un roman allemand, dont il conserve le titre: À l'ouest, rien de nouveau. Manifeste pacifiste vivement décrié par les Nazis, ce récit poignant d'Erich Maria Remarque évoque le sort de jeunes hommes encouragés à s'enrôler par leurs professeurs et qui jugent pourtant les combats inutiles. Sur grand écran, il obtint l'Oscar du meilleur film, Milestone décrochant au passage celui du meilleur réalisateur. Signe de temps encore apaisés, le long-métrage fut aussi récompensé d'un Prix Kinema Junpo, équivalent de l'Oscar au Japon. Incroyable mais vrai !

Un peu moins célébré sans doute, mais probablement mieux connu aujourd'hui encore, La grande illusion est l'un des grands classiques du cinéma français. C'est le 26ème film de Jean Gabin, le deuxième qu'il tourne sous la direction de Jean Renoir. Ses partenaires s'appellent Pierre Fresnais et Erich von Stroheim, rien que ça ! Récit d'évasion, le long-métrage réserve un beau rôle au personnage d'officier d'allemand que joue le second nommé. Considérant l'oeuvre subversive, l'occupant la fit interdire en France dès octobre 1940.

Même s'il ne fut pas censuré, il fallut attendre 1975 pour pouvoir apprécier en France Les sentiers de la gloire, quatrième des films de Stanley Kubrick. Kirk Douglas prête ses traits au personnage principal de ce long-métrage, que ses producteurs avaient présenté dans les salles américaines... dix-huit ans plus tôt ! Il est question ici de soldats injustement fusillés pour l'exemple, une question qui fait d'ailleurs toujours débat aujourd'hui. Kubrick s'inspire de faits réels, mais fait bel et bien oeuvre de fiction, puisqu'il compile en fait divers événements survenus sur plusieurs zones de conflit. Il tire aussi son récit du roman éponyme d'un ex-soldat, Humphrey Cobb.

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Voilà. Avec cette petite liste et les films évoqués dans la chronique précédente, je pense que ceux qui s'intéressent à la Première guerre mondiale auront quelques pistes cinématographiques à explorer. Convaincu de ne pouvoir prétendre à l'exhaustivité, je remercie d'avance ceux qui en diront davantage par le biais d'un commentaire.

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