jeudi 14 avril 2022

Dix ans et plus

Parce que sa mère s'est fâchée avec son père, Johnny part de chez lui pour vivre avec elle. Idem pour son grand frère et sa petite soeur. Quand on est encore un tout jeune garçon dans les quartiers populaires de Forbach (Moselle), la vie n'est pas tendre. Et elle l'est encore moins lorsqu'on se laisse alors malmener par d'autres enfants !

Cette histoire banale, c'est celle que raconte Petite nature, film sorti récemment. C'est ma mère, en visite chez moi, qui a souhaité le voir. On lui avait parlé de l'étonnante maturité d'Aliocha Reinert, l'acteur principal de ce récit tout à fait ancré dans la contemporanéité urbaine. C'est certes un bien grand mot pour dire que le long-métrage suit Johnny chez lui, à l'école, lors de ses rares moments de loisirs enfantins et même jusqu'à un musée où son enseignant l'entraîne. C'est à vous de découvrir l'importance de cet autre protagoniste, joué par Antoine Reinartz (cf. photo ci-dessus). Pour un peu, le scénario pourrait être résumé avec la rencontre entre ce môme et cet adulte...

Parce que c'était lui, parce que c'était l'autre. Montaigne et La Boétie revisités à l'ère moderne ? Le parallèle est tentant, mais audacieux. D'autres comédiens m'ont séduit, à l'image de Mélissa Olexa (photo), qui joue la mère de Johnny, et d'Izïa Higelin - la copine de son prof. Cette bonne distribution sublime un film au réalisme cru qui, traversé de belles choses, prend aussi des allures de drame. Le réalisateur explique qu'il est "en grande partie autobiographique", ce qui permet de croire que Johnny et sa famille pourront surmonter leurs difficultés sociales. Petite nature a donc bel et bien quelques aspects lumineux. Les évoquer me permet de "boucler la boucle" en revenant à présent sur la prestation d'Aliocha Reinert, bluffant de naturel dans ce rôle que je peux imaginer franchement difficile pour un gosse de son âge. Que ses partenaires soient à la fois pro et amateur l'a peut-être aidé. Mais il mérite bien les quatre étoiles pleines de ma note, croyez-moi !

Petite nature
Film français de Samuel Theis (2022)

À peine plus de 56.000 entrées pour ce film délicat au moment précis où je boucle cette chronique: cela ne m'étonne pas, mais c'est peu. Bon... sa relative dureté le destine plutôt aux "grandes personnes". J'ajoute juste qu'il n'est jamais misérabiliste ou même complaisant. Vous êtes évidemment en droit de préférer Nobody knows, Rosetta ou encore Billy Elliot (et son arrière-goût sucré). Je salue les quatre !

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