L'Allemagne est peut-être bien le premier pays étranger où je suis allé sans mes parents. J'ai un vague et bon souvenir des familles d'accueil qui m'y ont reçu, à peu près à l'époque de la chute du Mur de Berlin. Quelque chose de mon intérêt adolescent pour nos "grands voisins" subsiste encore, une petite trentaine d'années plus tard. Nostalgies...
Depuis 2015 et ses dix longs-métrages, le nombre de films allemands que je veux regarder déclinait régulièrement: j'ai inversé la tendance récemment en découvrant L'oeuvre sans auteur, un diptyque filmé inspiré de la vie du peintre Gerhard Richter (né à Dresde en 1932). Autant le mentionner tout de suite: l'artiste a participé à l'élaboration des films, mais il les a ensuite désavoués. Il faut dès lors prendre avec circonspection ce qui peut être vu comme "une histoire vraie". J'ai noté par ailleurs que cette expression n'apparaît jamais à l'image et que le héros s'est même vu attribuer un autre nom: Kurt Barnert. Nous le rencontrons alors qu'il est un petit garçon, en pleine visite d'une exposition de ce que les nazis ont appelé "l'art dégénéré". L'innocent bambin est accompagné par sa tante, qu'un zélé médecin enverra bientôt à l'hôpital soigner une prétendue pathologie mentale. Et l'on sait ce que Hitler et ses sbires ont finalement fait des "fous"...
Sous tension (presque) permanente, L'oeuvre sans auteur va suivre le chemin de Kurt Barnert, de 1937 au milieu des années 60, environ. C'est bien entendu l'occasion de réaliser un tableau intime de l'histoire de l'Allemagne, à partir du portrait d'un homme que seul l'amour sauvera peut-être. Il y a cependant plusieurs autres personnages positifs et lumineux dans cette belle fresque, à commencer par celui d'Elisabeth Seeband, l'amie et bientôt la femme du protagoniste principal. Elle sera également... sa muse: à ses côtés, Kurt Barnert fera ainsi éclore son incroyable talent d'artiste peintre ! Une qualité qu'il développera tout au long de ces décennies des plus tourmentées et sans aucun doute cruciales pour l'avenir de l'Europe toute entière. J'aime quand le cinéma regarde ainsi vers le passé à travers le prisme d'une personnalité unique, à laquelle le spectateur peut s'identifier. Ici, maîtriser l'histoire allemande n'est pas forcément indispensable...
On se souviendra juste qu'après la guerre, une partie des Allemands est tombée sous le joug d'un autre régime totalitaire: celui installé par le "grand frère" soviétique. Je rappelle simplement aux oublieux que deux Allemagne coexistèrent entre 1949 et 1990, avec un rideau de fer (et bien des valeurs politico-économiques) censés les séparer de 1961 à 1989. À partir d'un destin individuel, L'oeuvre sans auteur témoigne aussi du déchirement d'un peuple, tel que je l'ai appréhendé plus tard, en écoutant par exemple le père d'un copain m'expliquer qu'il n'avait pas pu voir sa soeur pendant dix-huit longues années ! C'est sans jamais sombrer dans le pathos que mes films d'aujourd'hui traitent ces sujets sensibles et celui, inévitable, de la dénazification. Je ne vais pas vous en dire plus, mais un personnage sombre s'impose dans ce récit sans complaisance: la terrible figure d'un vrai salaud, odieusement passé "entre les gouttes" ! Il est certain qu'il y en a eu...
Pourquoi diable avoir découpé tout cela en deux parties ? Je l'ignore. J'ai certes joué le jeu et pris deux soirées pour visionner l'ensemble du programme, mais j'aurais aussi bien pu enchaîner ces deux blocs de (bon) cinéma sans difficulté particulière. Une chose étonnante pour qui n'en a pas l'habitude: le premier film démarre sans générique et ce n'est donc qu'à la fin que le titre apparaît pour la première fois. Les crédits intermédiaires s'affichent alors... sans aucune musique. J'enfonce le clou: voir L'oeuvre sans auteur dans sa globalité et donc sans faire de pause au milieu est bien possible, sinon souhaitable. Oui, à vrai dire, ces trois heures et quelques minutes passent vite ! Les acteurs sont tous très bons: le duo Tom Schilling / Paula Beer incarne idéalement le jeune couple amoureux, quand Sebastian Koch se montre très convaincant en ordure intégrale. Résultat: du cinéma populaire (au sens noble du terme). Et je n'en attendais rien d'autre...
L'oeuvre sans auteur (première et seconde parties)
Films allemands de Florian Henckel von Donnersmarck (2018)
Avec en prime une très belle bande originale, voilà du bon travail ! Bon... cette rétrospective n'a tout de même pas l'ampleur d'un 1900. Elle s'inscrit toutefois, à ce que j'ai pu lire, dans un certain renouveau du cinéma allemand, comme La vie des autres, du même réalisateur. Le labyrinthe du silence et La révolution silencieuse ? Des plans B. Je vous avoue que j'ai toujours un gros faible pour Good bye Lenin...
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Vous aimeriez un autre avis sur mon film du jour ?
Il est facile d'en trouver: j'en ai notamment lu chez Pascale et Dasola.
Depuis 2015 et ses dix longs-métrages, le nombre de films allemands que je veux regarder déclinait régulièrement: j'ai inversé la tendance récemment en découvrant L'oeuvre sans auteur, un diptyque filmé inspiré de la vie du peintre Gerhard Richter (né à Dresde en 1932). Autant le mentionner tout de suite: l'artiste a participé à l'élaboration des films, mais il les a ensuite désavoués. Il faut dès lors prendre avec circonspection ce qui peut être vu comme "une histoire vraie". J'ai noté par ailleurs que cette expression n'apparaît jamais à l'image et que le héros s'est même vu attribuer un autre nom: Kurt Barnert. Nous le rencontrons alors qu'il est un petit garçon, en pleine visite d'une exposition de ce que les nazis ont appelé "l'art dégénéré". L'innocent bambin est accompagné par sa tante, qu'un zélé médecin enverra bientôt à l'hôpital soigner une prétendue pathologie mentale. Et l'on sait ce que Hitler et ses sbires ont finalement fait des "fous"...
Sous tension (presque) permanente, L'oeuvre sans auteur va suivre le chemin de Kurt Barnert, de 1937 au milieu des années 60, environ. C'est bien entendu l'occasion de réaliser un tableau intime de l'histoire de l'Allemagne, à partir du portrait d'un homme que seul l'amour sauvera peut-être. Il y a cependant plusieurs autres personnages positifs et lumineux dans cette belle fresque, à commencer par celui d'Elisabeth Seeband, l'amie et bientôt la femme du protagoniste principal. Elle sera également... sa muse: à ses côtés, Kurt Barnert fera ainsi éclore son incroyable talent d'artiste peintre ! Une qualité qu'il développera tout au long de ces décennies des plus tourmentées et sans aucun doute cruciales pour l'avenir de l'Europe toute entière. J'aime quand le cinéma regarde ainsi vers le passé à travers le prisme d'une personnalité unique, à laquelle le spectateur peut s'identifier. Ici, maîtriser l'histoire allemande n'est pas forcément indispensable...
On se souviendra juste qu'après la guerre, une partie des Allemands est tombée sous le joug d'un autre régime totalitaire: celui installé par le "grand frère" soviétique. Je rappelle simplement aux oublieux que deux Allemagne coexistèrent entre 1949 et 1990, avec un rideau de fer (et bien des valeurs politico-économiques) censés les séparer de 1961 à 1989. À partir d'un destin individuel, L'oeuvre sans auteur témoigne aussi du déchirement d'un peuple, tel que je l'ai appréhendé plus tard, en écoutant par exemple le père d'un copain m'expliquer qu'il n'avait pas pu voir sa soeur pendant dix-huit longues années ! C'est sans jamais sombrer dans le pathos que mes films d'aujourd'hui traitent ces sujets sensibles et celui, inévitable, de la dénazification. Je ne vais pas vous en dire plus, mais un personnage sombre s'impose dans ce récit sans complaisance: la terrible figure d'un vrai salaud, odieusement passé "entre les gouttes" ! Il est certain qu'il y en a eu...
Pourquoi diable avoir découpé tout cela en deux parties ? Je l'ignore. J'ai certes joué le jeu et pris deux soirées pour visionner l'ensemble du programme, mais j'aurais aussi bien pu enchaîner ces deux blocs de (bon) cinéma sans difficulté particulière. Une chose étonnante pour qui n'en a pas l'habitude: le premier film démarre sans générique et ce n'est donc qu'à la fin que le titre apparaît pour la première fois. Les crédits intermédiaires s'affichent alors... sans aucune musique. J'enfonce le clou: voir L'oeuvre sans auteur dans sa globalité et donc sans faire de pause au milieu est bien possible, sinon souhaitable. Oui, à vrai dire, ces trois heures et quelques minutes passent vite ! Les acteurs sont tous très bons: le duo Tom Schilling / Paula Beer incarne idéalement le jeune couple amoureux, quand Sebastian Koch se montre très convaincant en ordure intégrale. Résultat: du cinéma populaire (au sens noble du terme). Et je n'en attendais rien d'autre...
L'oeuvre sans auteur (première et seconde parties)
Films allemands de Florian Henckel von Donnersmarck (2018)
Avec en prime une très belle bande originale, voilà du bon travail ! Bon... cette rétrospective n'a tout de même pas l'ampleur d'un 1900. Elle s'inscrit toutefois, à ce que j'ai pu lire, dans un certain renouveau du cinéma allemand, comme La vie des autres, du même réalisateur. Le labyrinthe du silence et La révolution silencieuse ? Des plans B. Je vous avoue que j'ai toujours un gros faible pour Good bye Lenin...
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Vous aimeriez un autre avis sur mon film du jour ?
Il est facile d'en trouver: j'en ai notamment lu chez Pascale et Dasola.
Oh que tu es tiède.
RépondreSupprimerCe film passionnant m'a emportée dans son tourbillon romanesque, romantique. Tout est troublant dans ce film qui traverse l'horreur.
C'est pour moi un des meilleurs de 2019 et une surprise majeure de l'été dernier.
C'est vrai que je n'ai pas utilisé un max de superlatifs, mais j'ai beaucoup aimé.
RépondreSupprimerPeut-être que j'ai été moins surpris que toi, parce que je connais bien l'histoire des Allemagne.