Les innocents... François Truffaut le citait comme "le meilleur film anglais depuis qu'Hitchcock est parti aux États-Unis". Je réserverai mon jugement, mais il est certain que j'ai pris beaucoup de plaisir devant cette belle histoire de fantômes. J'y ai retrouvé Deborah Kerr pour la seconde fois en douze jours, avec, là encore, joie et bonheur !
Londres, fin du 19ème siècle. Miss Giddens obtient un premier poste de gouvernante pour s'occuper de Flora et Miles, deux jeunes enfants orphelins que leur oncle, un riche célibataire, avait jusqu'alors confiés aux bons soins de leur vieille nourrice, la souriante Madame Grose. Les deux femmes sont ravies de se rencontrer et sont vite d'accord sur l'idée de donner à leurs protégés une éducation tout aussi stricte que bienveillante. Seulement voilà: en plus de quelques domestiques attachés au domaine, le vieux manoir qui héberge ce petit monde semble également cacher des secrets et peut-être abriter des âmes perdues. Les innocents le sont-ils vraiment ? Rien n'est moins sûr. Porté par une mise en scène de grande qualité, le film a eu tôt fait d'envoûter l'amateur de frissons que je suis, en brouillant les repères qui permettent de distinguer l'illusion de la réalité. Il faut dire aussi que la caméra ne lâche pas l'héroïne d'une semelle, d'où un sentiment de malaise d'autant plus fort que l'ambiguïté paraît s'insinuer partout dans la maison. J'en suis ainsi venu à douter de ce que je percevais...
À ce stade, une précision: je n'ai pas lu Le tour d'écrou, la nouvelle d'Henry James - publiée en 1898 - dont le film est une adaptation. Anecdote amusante: le hasard a voulu que j'ai failli m'offrir le livre juste avant de découvrir cette histoire grâce à la chaîne TCM Cinéma. Partie remise, sans doute, et en attendant, commencer par l'image avant d'apprécier les mots n'aura jamais été frustrant: le noir et blanc du long-métrage est absolument splendide et la réalisation d'ensemble très inspirée. Je tiens à souligner que Les innocents ne joue pas qu'avec nos peurs, mais s'attaque aussi, mezza voce, à des tabous. De fait, la tension qui parcourt le récit a quelque chose... de sexuel. Pour une production du tout début des années 60, c'est audacieux ! Une hardiesse qui a été couronnée de succès, le prix Edgar-Allan-Poe venant notamment souligner les indéniables qualités d'un scénario écrit (entre autres) par l'écrivain américain Truman Capote, alors âgé de 37 ans. Tout cela n'a rien perdu de son pouvoir d’ensorcellement ! Je peux imaginer qu'il serait encore plus fort dans une salle obscure...
Les innocents
Film britannique de Jack Clayton (1961)
Un bon moment: cela confirme tout le bien que je pense du cinéma ancien. Les cinéphiles les plus curieux de ce genre de films noteront que l'acteur qui incarne le petit garçon - Martin Stephens, 11 ans - avait affiché quelques prédispositions dans Le village des damnés. J'ajoute que cet opus m'a donné envie de revoir Les autres, le modèle de stress qu'Alejandro Amenábar a offert à Nicole Kidman. À suivre...
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Et pour finir, plusieurs liens à vous suggérer...
Pascale et Dasola évoquent le film, mais n'en parlent pas en détails. Des images sont à voir chez Ideyvonne, tandis que "L'oeil sur l'écran" propose une chronique en bonne et due forme. Bref, plus qu'à choisir !
Londres, fin du 19ème siècle. Miss Giddens obtient un premier poste de gouvernante pour s'occuper de Flora et Miles, deux jeunes enfants orphelins que leur oncle, un riche célibataire, avait jusqu'alors confiés aux bons soins de leur vieille nourrice, la souriante Madame Grose. Les deux femmes sont ravies de se rencontrer et sont vite d'accord sur l'idée de donner à leurs protégés une éducation tout aussi stricte que bienveillante. Seulement voilà: en plus de quelques domestiques attachés au domaine, le vieux manoir qui héberge ce petit monde semble également cacher des secrets et peut-être abriter des âmes perdues. Les innocents le sont-ils vraiment ? Rien n'est moins sûr. Porté par une mise en scène de grande qualité, le film a eu tôt fait d'envoûter l'amateur de frissons que je suis, en brouillant les repères qui permettent de distinguer l'illusion de la réalité. Il faut dire aussi que la caméra ne lâche pas l'héroïne d'une semelle, d'où un sentiment de malaise d'autant plus fort que l'ambiguïté paraît s'insinuer partout dans la maison. J'en suis ainsi venu à douter de ce que je percevais...
À ce stade, une précision: je n'ai pas lu Le tour d'écrou, la nouvelle d'Henry James - publiée en 1898 - dont le film est une adaptation. Anecdote amusante: le hasard a voulu que j'ai failli m'offrir le livre juste avant de découvrir cette histoire grâce à la chaîne TCM Cinéma. Partie remise, sans doute, et en attendant, commencer par l'image avant d'apprécier les mots n'aura jamais été frustrant: le noir et blanc du long-métrage est absolument splendide et la réalisation d'ensemble très inspirée. Je tiens à souligner que Les innocents ne joue pas qu'avec nos peurs, mais s'attaque aussi, mezza voce, à des tabous. De fait, la tension qui parcourt le récit a quelque chose... de sexuel. Pour une production du tout début des années 60, c'est audacieux ! Une hardiesse qui a été couronnée de succès, le prix Edgar-Allan-Poe venant notamment souligner les indéniables qualités d'un scénario écrit (entre autres) par l'écrivain américain Truman Capote, alors âgé de 37 ans. Tout cela n'a rien perdu de son pouvoir d’ensorcellement ! Je peux imaginer qu'il serait encore plus fort dans une salle obscure...
Les innocents
Film britannique de Jack Clayton (1961)
Un bon moment: cela confirme tout le bien que je pense du cinéma ancien. Les cinéphiles les plus curieux de ce genre de films noteront que l'acteur qui incarne le petit garçon - Martin Stephens, 11 ans - avait affiché quelques prédispositions dans Le village des damnés. J'ajoute que cet opus m'a donné envie de revoir Les autres, le modèle de stress qu'Alejandro Amenábar a offert à Nicole Kidman. À suivre...
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Et pour finir, plusieurs liens à vous suggérer...
Pascale et Dasola évoquent le film, mais n'en parlent pas en détails. Des images sont à voir chez Ideyvonne, tandis que "L'oeil sur l'écran" propose une chronique en bonne et due forme. Bref, plus qu'à choisir !
Jack Clayton qui avec "les chemins de la haute ville" donnera l'occasion à notre Simone nationale de décrocher l'oscar de la meilleure actrice cuvée 1960...
RépondreSupprimer"Les chemins de la haute ville" que je regrette d'avoir laissé passer dernièrement...
RépondreSupprimerBonsoir Martin. J'aime beaucoup ce film ambigu et troublant. Je ne savais pas que Truman Capote y était pour quelque chose. Je crois sans en être sûr que Le corrupteur avec Brando en est un remake, plus ou moins. A bientôt.
RépondreSupprimerBonsoir Martin, un des meilleurs rôles de Deborah Kerr et il faut noter que Martin Stephens qui interprète le petit garçon avait joué un des enfants dans Le village des damnés 1 an auparavant. Bonne soirée.
RépondreSupprimerDasola n'a pas dû te lire jusqu'au bout :-)
RépondreSupprimerBravo d'avoir retrouvé que j'ai vu ce film. En te lisant, je me disais : ça me dit quelque chose... Je suis très fan de Deborah Kerr.
@Eeguab:
RépondreSupprimerJe n'ai pas vu le Brando dont tu parles, mais merci pour cette nouvelle piste cinéphile. "Les innocents" est vraiment bien et porté notamment par une photo noir et blanc magnifique !
@Dasola:
RépondreSupprimerNous sommes d'accord en tous points. Et j'ai relevé cette anecdote sur le petit Stephens dans ma chronique...
@Pascale:
RépondreSupprimerCe sont des choses qui arrivent !
Dommage que tu n'aies pas écrit de chronique. Je connais encore mal Deborah Kerr, mais je l'ai trouvée remarquable dans tous les films où je l'ai vue.
Hitchcock a toujours eu en filigrane la sexualité. C'était sa marotte :)
RépondreSupprimerComme il y a très longtemps que je ne l'ai pas vu, et que je l'avais bien apprécié (moi aussi à un moment je ne déterminais plus le vrai du faux), je vais voir s'il est encore en replay sur TCM.
Sinon, cette chère Deborah (ma 2ème actrice préférée après Audrey) est programmée sur mon blog. Elle apparaîtra dans "le narcisse noir"...
Je n'ai pas trop aimé "Le narcisse noir", même si je lui reconnais de grandes qualités esthétiques.
RépondreSupprimerJe vais tâcher de voir d'autres films de Deborah Kerr. Si tu as des suggestions, Ideyvonne...
Je te conseillerai "Dieu seul le sait" (Heaven Knows, Mr. Allison)de John Hudson où elle joue avec Robert Mitchum et l'excellent "Tant qu'il y aura des hommes" (From Here to Eternity, film oscarisé 8 fois ;)
RépondreSupprimerMerci pour ces conseils, Ideyvonne. Je note pour "Dieu seul le sait".
RépondreSupprimer"Tant qu'il y aura des hommes", je l'ai déjà vu, beaucoup aimé... et chroniqué.
C'est d'ailleurs, je crois, le tout premier film que j'ai vu avec Deborah Kerr. Très bon souvenir.
S'agissant du cinéma anglais, il ne faut pas faire confiance à Truffaut, il a dit dessus beaucoup de bétises, notamment celle-ci. Reste que Les Innocents est excellent. Deborah Kerr est formidable bien sûr. C'est dans Elle et lui que je la préfère et c'est un des plus beaux films du monde. Sinon, je recommande chaudement les nouvelles d'Henry James de manière générale.
RépondreSupprimerJustement, j'ai commandé le livre il y a quelques jours ! :D
RépondreSupprimerJ'ai eu l'occasion de voir ce film il y a quelques années en salle, quel souvenir !
@Strum:
RépondreSupprimerOui, la citation truffaldienne était bien péremptoire. Et sans date précise, difficile de se situer...
Je vois que nous sommes d'accord sur le film et c'est tant mieux. Je vais me pencher sur Henry James !
@Tina:
RépondreSupprimerTu as le droit de revenir après ta lecture pour nous livrer un avis éclairé !
Quelle chance d'avoir pu voir le film sur grand écran ! J'imagine que c'est un souvenir marquant...