Yorgos Lanthimos ne s'arrête décidément plus d'avoir du succès ! Sélectionnés à Cannes ou à Venise, les quatre films que le réalisateur grec a réalisés entre 2009 et 2017 ont à chaque fois été récompensés. Son dernier, lancé à la Mostra à la fin de l'été dernier, en est reparti avec le Grand Prix du jury. Un atout pour la réussite de La favorite...
Cela dit, j'étais très loin de ces considérations festivalo-festivalières quand j'ai découvert la bande-annonce du long-métrage. L'honnêteté m'oblige à vous dire que, tout de suite, je me suis senti intéressé. Mieux: attiré ! Mon amour quasi-inconditionnel des films en costumes peut parfaitement s'épanouir sur le sol d'Angleterre - il l'a déjà fait. Rejoindre la cour de la reine Anne (1665-1714) me faisait très envie. Pour être tout à fait honnête, j'ignorais encore tout de son histoire ! J'avais imaginé que le scénario témoignerait de la très grande rivalité entre deux femmes très proches de la souveraine et je jubilais d'avance d'observer le jeu de massacre promis par la bande-annonce. Objectivement, sur le fond, j'étais proche de la vérité: la couronne britannique s'incarne ici dans une monarque peu au fait des réalités du royaume et qui laisse presque l'une de ses conseillères gouverner pour elle. Oui, il règne une drôle d'ambiance de décadence au palais...
Et que fait Anne ? Elle tente de résister à la goutte, élève des lapins censés remplacer ses 17 enfants morts nés ou en bas âge et couche parfois avec sa première courtisane ! Et voilà qu'une autre ambitieuse débarque tout à trac, prête à entamer une partie de jeu d'échecs ! Franchement, malgré un a priori très favorable, je me suis vite lassé de la contemplation des turpitudes de ces dames. La reconstitution m'est apparue plus "tape-à-l'oeil" qu'autre chose, la faute sûrement aux incessants mouvements de caméra, fondus enchaînés et images arrondies par l'utilisation répétée (et peu utile) d'un objectif fish eye. J'épargnerai au trio Olivia Colman / Rachel Weisz / Emma Stone quelques-unes de mes critiques les plus virulentes: les trois actrices n'ont rien perdu de leur talent et je n'ai rien à redire contre l'idée qu'on puisse aller voir le film pour elles - c'est un peu ce que j'ai fait. Au reste, La favorite m'a déçu: il m'a semblé vulgaire et prétentieux. Yorgos Lanthimos innove à chaque film: c'est un bon point pour lui. Mais, cette fois, j'ai trouvé qu'il tombait dans le piège de l'esbroufe...
La favorite
Film britannique de Yorgos Lanthimos (2018)
Un film de "petit malin", que j'ai trouvé plus roublard qu'intelligent. L'impression (fâcheuse) d'une singularité noyée dans le bling-bling. Même proche des faits historiques, tout cela ne m'a guère passionné. Autant donc revoir Canine, un autre des films du même cinéaste. Maintenant, si ce sont les jeux de cour qui vous intéressent, je juge plus judicieux de vous suggérer Elizabeth ou, à la limite, The queen.
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Et pour être tout à fait complet...
Je vous renvoie également à la lecture des sites de Dasola et Strum. Pascale, elle, a bien voulu nous proposer un joli "tir groupé" féminin !
Cela dit, j'étais très loin de ces considérations festivalo-festivalières quand j'ai découvert la bande-annonce du long-métrage. L'honnêteté m'oblige à vous dire que, tout de suite, je me suis senti intéressé. Mieux: attiré ! Mon amour quasi-inconditionnel des films en costumes peut parfaitement s'épanouir sur le sol d'Angleterre - il l'a déjà fait. Rejoindre la cour de la reine Anne (1665-1714) me faisait très envie. Pour être tout à fait honnête, j'ignorais encore tout de son histoire ! J'avais imaginé que le scénario témoignerait de la très grande rivalité entre deux femmes très proches de la souveraine et je jubilais d'avance d'observer le jeu de massacre promis par la bande-annonce. Objectivement, sur le fond, j'étais proche de la vérité: la couronne britannique s'incarne ici dans une monarque peu au fait des réalités du royaume et qui laisse presque l'une de ses conseillères gouverner pour elle. Oui, il règne une drôle d'ambiance de décadence au palais...
Et que fait Anne ? Elle tente de résister à la goutte, élève des lapins censés remplacer ses 17 enfants morts nés ou en bas âge et couche parfois avec sa première courtisane ! Et voilà qu'une autre ambitieuse débarque tout à trac, prête à entamer une partie de jeu d'échecs ! Franchement, malgré un a priori très favorable, je me suis vite lassé de la contemplation des turpitudes de ces dames. La reconstitution m'est apparue plus "tape-à-l'oeil" qu'autre chose, la faute sûrement aux incessants mouvements de caméra, fondus enchaînés et images arrondies par l'utilisation répétée (et peu utile) d'un objectif fish eye. J'épargnerai au trio Olivia Colman / Rachel Weisz / Emma Stone quelques-unes de mes critiques les plus virulentes: les trois actrices n'ont rien perdu de leur talent et je n'ai rien à redire contre l'idée qu'on puisse aller voir le film pour elles - c'est un peu ce que j'ai fait. Au reste, La favorite m'a déçu: il m'a semblé vulgaire et prétentieux. Yorgos Lanthimos innove à chaque film: c'est un bon point pour lui. Mais, cette fois, j'ai trouvé qu'il tombait dans le piège de l'esbroufe...
La favorite
Film britannique de Yorgos Lanthimos (2018)
Un film de "petit malin", que j'ai trouvé plus roublard qu'intelligent. L'impression (fâcheuse) d'une singularité noyée dans le bling-bling. Même proche des faits historiques, tout cela ne m'a guère passionné. Autant donc revoir Canine, un autre des films du même cinéaste. Maintenant, si ce sont les jeux de cour qui vous intéressent, je juge plus judicieux de vous suggérer Elizabeth ou, à la limite, The queen.
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Et pour être tout à fait complet...
Je vous renvoie également à la lecture des sites de Dasola et Strum. Pascale, elle, a bien voulu nous proposer un joli "tir groupé" féminin !
Il ne t'a pas échappé que j'ai publié cette chronique féminine le 8 mars...
RépondreSupprimerEt je suis daccord avec toi. J'ai eu le tournis et la gerbe parfois. Vulgaire et prétentieux oui, à la limite du gore parfois.
Rachel Weisz est la seule qui m'ait émue.
Et je plains Olivia Colman.
Nous sommes d'accord. Un film prétentieux et déplaisant. Merci pour le lien !
RépondreSupprimer@Pascale:
RépondreSupprimerEffectivement, cela ne m'avait pas échappé... même si je ne l'ai pas relevé dans ma chronique.
Pourquoi plains-tu Olivia Colman ? Le rôle lui a tout de même valu un Oscar.
Bon, je dois dire que je l'avais largement préférée dans "Tyrannosaur". Tu t'en souviens ?
Je la plains parce que cette hystérie, ces plaies, cet enlaidissement... mais en fait elle a choisi ce rôle...
SupprimerMerci de me remettre Tyrannosaur en mémoire.
@Strum:
RépondreSupprimerPas d'quoi, cher ami !
Drôle d'unisson, hein ? Bah ! Il y aura vite un prochain film que nous aimerons tous les deux.
ALLELUJAH ! J'ai eu du mal à supporter ce film, j'en ai tiré la même conclusion que la tienne ! (heureusement, l'Oscar d'Olivia est loin d'être honteux...).
RépondreSupprimer@Pascale:
RépondreSupprimerC'est un vrai rôle de composition... et l'Oscar va lui ouvrir des portes.
Vraiment, je ne suis pas sûr que je la plaindrai... même si le personnage est vraiment ingrat !
@Tina:
RépondreSupprimerMoi, à vrai dire, je n'ai pas trouvé grand monde pour défendre le film.
Je suis allé le voir avec un copain qui l'a bien aimé, mais sans enthousiasme débordant.
Je continue de penser que Yorgos Lanthimos a compris comment fonctionnait un certain cinéma...