"Je fais un sale métier, mais j'ai une excuse: je le fais salement". Après les débuts d'un cambriolage, cette petite phrase lue en voix off est l'une des premières dites par Jean-Paul Belmondo dans Le voleur. L'amertume prend ainsi, d'emblée, l'ascendant sur la flamboyance. Entrés dans le récit comme par effraction, nous voilà mis en garde...
Le film nous embarque sur la trace de Georges Randal, jeune homme du Paris de 1890, revenu du service national pour découvrir aussitôt comment son petit monde a tourné sans lui: mal. Sa cousine adorée envisage d'épouser un bourgeois sans envergure, tandis que son oncle et tuteur a dilapidé le gros de sa fortune dans des investissements douteux. Et voilà comment un bon garçon peut mal tourner, lui aussi. Par dépit plus que par occasion, l'homme raisonnable d'autrefois devient un filou, au mépris d'un risque qui pourrait bien le conduire jusqu'à la guillotine. Deux remarques à ce stade: la reconstitution d'époque est parfaite... et Bébel à l'unisson dans la peau du brigand. Le reste de la distribution est tout aussi magnifique: Julien Guiomar, Bernadette Lafont, Marlène Jobert, Françoise Fabian... entre autres !
Mieux vaut voir Le voleur en toute connaissance de cause: s'il y en a parmi vous qui veulent de l'action et des cascades, je crois préférable de dire tout de suite qu'ils n'en auront pas. Le film n'a vraiment rien d'une gaudriole et, à plusieurs reprises et dans l'observation attentive de ce jeune homme désabusé, il se rapproche du drame. J'ai senti également quelque chose que je n'avais pas anticipé: un souffle contestataire dans le propos général. Il pourrait être celui du roman originel de Georges Darien (1862-1921), un écrivain aux sympathies anarchistes. Clairement, cette transposition au cinéma n'apparaît pas comme une banale histoire de bandit. Il y a autre chose à apprécier sous le vernis des apparences, ce que je n'avais donc pas senti venir. Je ne me suis pas emballé, non, mais j'ai aimé me laisser surprendre.
Le voleur
Film français de Louis Malle (1967)
Vous l'aurez compris: dans une ambiance à la Arsène Lupin, le récit s'avère ici franchement plus sombre que dans les romans populaires de Maurice Leblanc. Si ce siècle finissant vous intéresse, peut-être qu'un film comme Les anarchistes pourrait également vous convenir. Pour un point de vue féminin, notons que le 19ème est aussi le siècle de Tess, Bright star, Les hauts de Hurlevent... ou Madame Bovary !
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Ce film méconnu n'est pas complément oublié...
La preuve: il fait aussi l'objet d'une chronique sur "L'oeil sur l'écran".
Le film nous embarque sur la trace de Georges Randal, jeune homme du Paris de 1890, revenu du service national pour découvrir aussitôt comment son petit monde a tourné sans lui: mal. Sa cousine adorée envisage d'épouser un bourgeois sans envergure, tandis que son oncle et tuteur a dilapidé le gros de sa fortune dans des investissements douteux. Et voilà comment un bon garçon peut mal tourner, lui aussi. Par dépit plus que par occasion, l'homme raisonnable d'autrefois devient un filou, au mépris d'un risque qui pourrait bien le conduire jusqu'à la guillotine. Deux remarques à ce stade: la reconstitution d'époque est parfaite... et Bébel à l'unisson dans la peau du brigand. Le reste de la distribution est tout aussi magnifique: Julien Guiomar, Bernadette Lafont, Marlène Jobert, Françoise Fabian... entre autres !
Mieux vaut voir Le voleur en toute connaissance de cause: s'il y en a parmi vous qui veulent de l'action et des cascades, je crois préférable de dire tout de suite qu'ils n'en auront pas. Le film n'a vraiment rien d'une gaudriole et, à plusieurs reprises et dans l'observation attentive de ce jeune homme désabusé, il se rapproche du drame. J'ai senti également quelque chose que je n'avais pas anticipé: un souffle contestataire dans le propos général. Il pourrait être celui du roman originel de Georges Darien (1862-1921), un écrivain aux sympathies anarchistes. Clairement, cette transposition au cinéma n'apparaît pas comme une banale histoire de bandit. Il y a autre chose à apprécier sous le vernis des apparences, ce que je n'avais donc pas senti venir. Je ne me suis pas emballé, non, mais j'ai aimé me laisser surprendre.
Le voleur
Film français de Louis Malle (1967)
Vous l'aurez compris: dans une ambiance à la Arsène Lupin, le récit s'avère ici franchement plus sombre que dans les romans populaires de Maurice Leblanc. Si ce siècle finissant vous intéresse, peut-être qu'un film comme Les anarchistes pourrait également vous convenir. Pour un point de vue féminin, notons que le 19ème est aussi le siècle de Tess, Bright star, Les hauts de Hurlevent... ou Madame Bovary !
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Ce film méconnu n'est pas complément oublié...
La preuve: il fait aussi l'objet d'une chronique sur "L'oeil sur l'écran".
du Louis Malle ça ne peut pas être mauvais
RépondreSupprimerCurieusement je me souviens parfaitement de la phrase que tu cites mais plus trop du film.
RépondreSupprimerEt Belmondo je crois qu'il n'a jamais été mauvais même s'il a fini par privilégier la gaudriole. Je l'adore dans ses rôles plus sombres.
@Les Caphys:
RépondreSupprimerSi vous le dites. J'ai une bonne image de ce réalisateur, mais je le connais encore mal...
@Pascale:
RépondreSupprimerJe ne suis pas sûr que je me souvienne du film longtemps après l'avoir vu.
Nous sommes tout à fait d'accord sur Belmondo. Les personnages tourmentés lui vont bien.