samedi 12 mars 2016

Indissociables ?

J'ai aimé qu'Omar Sy, interrogé par Télérama sur sa vision de l'année dernière en France, ose répondre qu'il serait urgent d'arrêter de faire mention de l'origine des gens quand on dit déjà qu'ils sont Français. J'ai aimé aussi qu'il nous appelle à un travail sur nous-mêmes et dise alors que nous en sommes capables. Ce qui me conduit à Chocolat...

Après trois films tournés à l'étranger, ce tout nouveau long-métrage de l'ex-trublion de Canal+ le replace comme l'une des pièces majeures de l'échiquier cinématographique français. Omar y interprète le clown Chocolat, alias Rafael Padilla, enfant d'esclaves africains exploités dans la colonie espagnole de Cuba. Seuls quelques flashbacks documentent ce passé, mais Chocolat - le film - entre vite dans le vif de son sujet. Nous voilà en France, sous le chapiteau d'un cirque itinérant. Padilla y a pris le nom de Kananga et joue les cannibales pour effrayer les petits et les grands. Sorti de la piste, sa rencontre avec un autre artiste, George Footit, fait de lui le personnage amusant d'un duo comique épatant, bientôt recruté par le directeur d'une grande scène parisienne. D'indissociables amis ? Vous verrez. D'une histoire vraie, légèrement réécrite, il est tiré ici un beau récit de cinéma. Je le dirai tout net: tout m'a semblé être à sa juste place.

Chocolat s'illustre d'abord à mes yeux par de très belles prestations d'acteurs. Je parle au pluriel: si Omar m'a paru très investi et crédible dans la peau d'un personnage complexe, j'ai énormément apprécié que son jeu n'efface pas la grande performance de James Thierrée. C'est un fait: petit-fils de Charles Chaplin, l'intéressé a de qui tenir. Encore faut-il pouvoir assumer ce nom et cet héritage: le comédien fait mieux encore, apportant force et émotion à son personnage tourmenté, jouant aussi sur des numéros... qu'il a lui-même créés. Outre les deux protagonistes principaux, le scénario gagne en densité grâce à toute la troupe - Clotilde Hesme et Olivier Gourmet en tête. La reconstitution de la France de 1900, elle, est tout à fait soignée. J'ai trouvé louable que ce travail fasse écho à des problématiques contemporaines, sans en rajouter - le seul constat est déjà édifiant. J'oublie les quelques petites maladresses: c'est un vrai coup de coeur !

Chocolat
Film français de Roschdy Zem (2016)

J'aime bien Roschy Zem acteur. J'ai l'impression qu'il a progressé aussi derrière la caméra - après Omar m'a tuer, un peu caricatural. J'espère vous motiver à découvrir le parcours du vrai Rafael Padilla. Les quelques libertés prises par le film demeurent acceptables. Maintenant, j'aimerais découvrir un autre long-métrage sur un thème voisin: le (controversé) Vénus noire d'Abdellatif Kechiche. Patience...

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Si vous ne voulez pas attendre, deux solutions...
Vous pouvez lire Gérard Noiriel, historien spécialiste de l'immigration. Son livre, Chocolat, clown nègre, rappelle que Rafael Padilla aura été le premier artiste noir à devenir une vedette de la scène française. Sinon, vous pouvez également faire un p'tit tour chez Dasola et Tina. Pascale en a parlé également, en citant ses "autres films" de février. 

8 commentaires:

  1. Que tu es indulgent :-)
    James Thierrée ne tire jamais la couverture à lui mais il envahit l'écran.
    Omar Sy m'a paru très appliqué et comme je le dis dans ma critique, j'ai toujours vu Omar et jamais Chocolat.
    Clotilde souriante... elle mérite mieux que ça.
    Un film gentillet pour moi.

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  2. Je ne sais pas, je reste peu intéressé par ce film - moins par le sujet que par le traitement, que j'imagine assez convenu.

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  3. @Pascale:

    Indulgent, moi ? Oui, sans doute. J'ai toutefois trouvé que le film adoptait le ton juste pour traiter d'un sujet pas si évident. Il aurait pu être meilleur, mais sa modestie relative me touche. Entièrement d'accord avec toi sur James Thierrée.

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  4. @2flics:

    Je peux comprendre. Cela dit, si le sujet t'intéresse, tu devrais peut-être t'y risquer quand même.

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  5. Je vois que ce film t'a vraiment emballé ! :D
    Je regrette ses maladresses et quelques lourdeurs qui m'ont empêchée d'aimer pleinement ce film nécessaire et bien interprété (surtout Thierrée) même si je trouve qu'il est pas mal du tout.

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  6. Oui, tout à fait, il m'a emballé. Je reconnais qu'il possède quelques faiblesses, mais sa sincérité rattrape l'affaire, d'après moi. Je suis heureux que tu le juges nécessaire et bien interprété, cela dit.

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  7. Première critique positive que je lis. Les autres sont mitigées, voire pas emballées du tout. J'aime bien Omar Sy, et cette histoire me touche. Je pense que je tenterai.

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  8. Ah bon ? Pour moi, c'est clair que le film n'est pas parfait, mais sa sincérité a emporté mon adhésion. Franchement, raconter une histoire pareille, ça a quand même du sens. Je pense que ça te plaira, d'ailleurs. Reste à attendre que tu puisses le voir...

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