Vous voudrez bien m'excuser: il y a quinze jours, je suis resté muet sur la Journée de la femme. Quelques soirs plus tôt, j'avais regardé un film qui irait bien avec ce sujet important: Portrait de femme. Nicole Kidman, 29 ans, y est filmée par Jane Campion, 42 printemps. Le long-métrage adapte un roman de l'écrivain anglais Henry James. Pour sa sortie, en 1881, l'auteur n'était pas encore devenu américain.
Harold Bloom, un critique littéraire et professeur réputé, présente cette histoire comme une autobiographie cachée. Sa jeune héroïne s'appelle Isabel Archer: elle est américaine également, mais demeure chez sa tante, dans un manoir anglais, vers la fin du 19ème siècle. Plusieurs hommes lui font une cour assidue, parmi lesquels on peut citer Ralph Touchett, son cousin, ou Caspar Goodwood, un Bostonien entreprenant. Isabel est touchée, n'en montre rien et préfère la vie loin des obligations du mariage. Elle hérite alors de la fortune considérable de son vieil oncle et rencontre Gilbert Osmond, un veuf aussi déterminé à la séduire qu'elle l'est à lui résister, collectionneur d'art avisé et propriétaire d'une somptueuse villa florentine. Isabel sent petit à petit sa volonté vaciller, d'autant plus vite qu'une amie légèrement plus âgée, Mme Merle, côtoie elle aussi ce cher Osmond. Portrait de femme aurait pu s'écrire au pluriel. Et tout va changer...
Le film date d'une époque où Nicole Kidman était l'une de mes actrices préférées. Si je trouve qu'elle s'est un peu égarée, elle me paraît excellente dans ce registre. Elle porte vraiment à merveille les robes des époques révolues et son talent d'interprétation nous attache presque viscéralement à un personnage plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord. Sans réelle surprise compte tenu de ses origines littéraires, Portrait de femme est vraiment un film très (bien) écrit. Pour chipoter un peu, je pourrais aussi relever quelques maladresses stylistiques dans cette relecture cinéma, telles que notamment l'usage ponctuel de ralentis disgracieux ou d'une musique trop larmoyante. Heureusement, ce ne sont que de petits bémols à une partition aboutie et probablement respectueuse du matériau de départ. J'ajoute que la distribution est très bonne, avec John Malkovich impeccable, ou Viggo Mortensen et Christian Bale en protagonistes secondaires. Je dois conclure avec les autres rôles féminins, sublimés entre autres par Barbara Hershey, Shelley Duvall et Valentina Cervi.
Portrait de femme
Film américano-britannique de Jane Campion (1996)
Les connaisseurs auront noté que ce long-métrage correspond également au premier film européen de Jane Campion, trois ans après le triomphe cannois de La leçon de piano. Je confesse volontiers une préférence pour cette autre création de la réalisatrice néo-zélandaise. Idem pour son dernier film, Bright star (2009). Gageons donc que Lady Jane n'a pas encore fini de nous émerveiller...
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Sur la grande toile, vous pourrez lire aussi...
Deux avis féminins: celui de Chonchon et/ou celui de Sentinelle.
Harold Bloom, un critique littéraire et professeur réputé, présente cette histoire comme une autobiographie cachée. Sa jeune héroïne s'appelle Isabel Archer: elle est américaine également, mais demeure chez sa tante, dans un manoir anglais, vers la fin du 19ème siècle. Plusieurs hommes lui font une cour assidue, parmi lesquels on peut citer Ralph Touchett, son cousin, ou Caspar Goodwood, un Bostonien entreprenant. Isabel est touchée, n'en montre rien et préfère la vie loin des obligations du mariage. Elle hérite alors de la fortune considérable de son vieil oncle et rencontre Gilbert Osmond, un veuf aussi déterminé à la séduire qu'elle l'est à lui résister, collectionneur d'art avisé et propriétaire d'une somptueuse villa florentine. Isabel sent petit à petit sa volonté vaciller, d'autant plus vite qu'une amie légèrement plus âgée, Mme Merle, côtoie elle aussi ce cher Osmond. Portrait de femme aurait pu s'écrire au pluriel. Et tout va changer...
Le film date d'une époque où Nicole Kidman était l'une de mes actrices préférées. Si je trouve qu'elle s'est un peu égarée, elle me paraît excellente dans ce registre. Elle porte vraiment à merveille les robes des époques révolues et son talent d'interprétation nous attache presque viscéralement à un personnage plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord. Sans réelle surprise compte tenu de ses origines littéraires, Portrait de femme est vraiment un film très (bien) écrit. Pour chipoter un peu, je pourrais aussi relever quelques maladresses stylistiques dans cette relecture cinéma, telles que notamment l'usage ponctuel de ralentis disgracieux ou d'une musique trop larmoyante. Heureusement, ce ne sont que de petits bémols à une partition aboutie et probablement respectueuse du matériau de départ. J'ajoute que la distribution est très bonne, avec John Malkovich impeccable, ou Viggo Mortensen et Christian Bale en protagonistes secondaires. Je dois conclure avec les autres rôles féminins, sublimés entre autres par Barbara Hershey, Shelley Duvall et Valentina Cervi.
Portrait de femme
Film américano-britannique de Jane Campion (1996)
Les connaisseurs auront noté que ce long-métrage correspond également au premier film européen de Jane Campion, trois ans après le triomphe cannois de La leçon de piano. Je confesse volontiers une préférence pour cette autre création de la réalisatrice néo-zélandaise. Idem pour son dernier film, Bright star (2009). Gageons donc que Lady Jane n'a pas encore fini de nous émerveiller...
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Sur la grande toile, vous pourrez lire aussi...
Deux avis féminins: celui de Chonchon et/ou celui de Sentinelle.
Comme tu le sais, j’ai beaucoup aimé ce film, même si j’avais quelques appréhensions avant de le voir. Il faut dire que l’accueil des critiques à l’époque de sa sortie était très réservé et qu’il sera son plus gros échec commercial de sa carrière. Pour la petite histoire, l’action de Portrait de femme se situe une vingtaine d’années plus tard que celle de La leçon de piano, un film que j’avais beaucoup aimé également et que je compte revoir prochainement.
RépondreSupprimerJ'ignorais que le film n'avait pas marché. Quel casting, pourtant ! Il faut croire que ce n'est pas facile de rebondir après une Palme d'or.
RépondreSupprimerJ'espère que tu écriras une chronique sur "La leçon de piano". Je serais curieux de lire ton avis détaillé, plus de vingt ans après.