mercredi 22 mai 2024

Du jazz à l'âme

Est-ce seulement lié à la crise sanitaire ? En 2020, Disney fit le choix de lancer Soul, le dernier opus des studios Pixar, sur sa plateforme numérique, snobant ainsi bon nombre de salles de cinéma en France et dans le monde. Je me souviens qu'à l'époque, j'étais en colère ! Maintenant que j'ai vu le film, je le suis encore. Mais un peu moins...

Soul
nous invite à suivre les pas de Joe Gardner, professeur de jazz dans une petite école de New York. La chance semble lui sourire quand l'un de ses anciens élèves se souvient de son talent de pianiste et lui offre d'accompagner une diva de la musique afro-américaine. Seulement voilà... victime d'un accident, Joe se retrouve propulsé dans un autre monde, où on le charge d'accompagner une âme errante à la recherche de sa flamme, c'est-à-dire de la motivation personnelle qui lui permettra de s'incarner enfin en une créature bien vivante. Seul problème: 22 - c'est son nom - a déjà épuisé plusieurs mentors avant d'être confiée à Joe. Et elle préférerait ne pas avoir à lui obéir !

Je ne suis pas certain que ce film d'animation s'adresse aux enfants. Complexe, le scénario de Soul développe des concepts philosophiques pointus et manie des références que les plus jeunes d'entre nous auront peut-être de réelles difficultés à véritablement appréhender. Certains critiques évoquent même l'une des oeuvres les plus matures de Pixar. Pour ma part, j'ai plutôt savouré ces va-et-vient constants entre un Brooklyn reconstitué, le Grand-Avant de 22 et le Grand-Après auquel d'autres personnages sont a priori inéluctablement destinés. Présentée ainsi, l'histoire qui vous attend paraît un peu sombre, non ? Certes, d'un univers à l'autre, les émotions traversées vont changer...

Soul
regarde la condition humaine comme peu de films d'animation l'ont fait avant lui. Que dire ? J'ai trouvé très belle son idée de départ selon laquelle chaque créature de notre bonne vieille planète Terre possède ses propres traits de caractère, ainsi qu'une foi qui l'anime. Techniquement parlant, les images qui défilent devant nos yeux démontrent - s'il en était encore besoin - l'immense talent des artistes qui les ont créées et mises en mouvement. Autre atout: une musique aux petits oignons - qui valut d'ailleurs à Trent Reznor, Atticus Ross et Jon Batiste un Oscar amplement mérité (le deuxième du film). Comment ne pas aimer ce qui est si habilement réalisé ? Je l'ignore...

C'est aussi, sauf erreur de ma part, le fruit de quatre ans d'un travail acharné. Le générique de fin est aussi long que celui d'un film tourné en images réelles, ce qui n'a rien d'étonnant sachant que le métrage atteint une heure et quarante minutes, sans réel temps mort narratif. J'ai l'impression que les films d'animation sont de plus en plus longs. Bref... Soul est une perle et, à mes yeux, l'un des meilleurs Pixar parmi les vingt que je connais (sur 27 en tout, déjà sortis à ce jour). D'aucuns estiment qu'il manque une petite touche d'émotion: pas moi. Même sans réellement apprécier le jazz, je me suis vraiment régalé. Un plaisir à partager en famille, idéalement. Et avant d'en rediscuter !

Soul
Film américain de Pete Docter et Kemp Powers (2020)

Bon... il me semble bien que quelques (rares) salles triées sur le volet ont eu le privilège de diffuser ce film sur écran géant, le mois dernier. Quel dommage que cela n'ait pas été possible pour toutes ! Une chose est sûre: même épaulé, Pete Docter inscrit son nom comme celui d'un maître de l'animation, après les trois chefs d'oeuvre que sont Monstres et Cie, Là-haut et Vice-versa. Et la suite arrive...

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Si vous ne voulez pas attendre...

Je vais vous laisser découvrir ce que "L'oeil sur l'écran" en aura pensé.

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