"Un bonimenteur doué et malin qui agite ici son savoir-faire visuel pour masquer là le néant qui emplit son outre". Je ne sais si les mots de Jean-Baptiste Thoret (historien, critique et cinéaste né en 1969) parviendront jusqu'à Alex Garland. Je les trouve vraiment sévères ! Je me dois de préciser que je ne les ai lus qu'après avoir vu Civil war.
Cet opus est sorti dans les salles françaises un peu avant la mi-avril. Jusqu'alors, je n'avais vu qu'un film scénarisé par Garland... et aucun de ceux qu'il a réalisés. Cette fois, la bande-annonce m'a convaincu d'enfin lui donner sa chance. Civil war avait tout l'air d'une oeuvre cinématographique majeure, sans concession, et traitant d'un sujet sensible: l'avenir politique des États-Unis et l'effondrement possible de leurs valeurs démocratiques, héritées des Pères fondateurs. Évidemment, que le film ait pour personnages principaux un groupe de photojournalistes ne pouvait que renforcer ma très vive curiosité. Je savais déjà que les Américains appellent "guerre civile" la Guerre de Sécession qui opposa le Nord et le Sud du pays de 1861 à 1865. Résultat: j'ai filé au cinéma - sans me poser davantage de questions !
J'ai alors découvert un pays mal en point, rongé par l'hégémonie presque dictatoriale de son président sur le peuple. Arrivé au terme d'un troisième mandat consécutif, ledit président a engagé l'armée contre deux États séparatistes et coalisés, le Texas et la Californie. Plus que les combats, le film nous invite à suivre quatre reporters lancés sur les routes pour le rencontrer en vue d'une ultime interview. Civil war laisse en effet supposer que, retranché dans la Maison Blanche, le chef de l'État vit ses dernières heures. Et il montre combien il est dangereux de documenter par l'image un conflit armé ! Certains disent que, pour cela, il prend appui sur des archétypes banals: la baroudeuse réfléchie, son collègue tête brûlée, le "vieux" revenu de toutes les batailles, la débutante alors confrontée au pire...
Cet opus est sorti dans les salles françaises un peu avant la mi-avril. Jusqu'alors, je n'avais vu qu'un film scénarisé par Garland... et aucun de ceux qu'il a réalisés. Cette fois, la bande-annonce m'a convaincu d'enfin lui donner sa chance. Civil war avait tout l'air d'une oeuvre cinématographique majeure, sans concession, et traitant d'un sujet sensible: l'avenir politique des États-Unis et l'effondrement possible de leurs valeurs démocratiques, héritées des Pères fondateurs. Évidemment, que le film ait pour personnages principaux un groupe de photojournalistes ne pouvait que renforcer ma très vive curiosité. Je savais déjà que les Américains appellent "guerre civile" la Guerre de Sécession qui opposa le Nord et le Sud du pays de 1861 à 1865. Résultat: j'ai filé au cinéma - sans me poser davantage de questions !
J'ai alors découvert un pays mal en point, rongé par l'hégémonie presque dictatoriale de son président sur le peuple. Arrivé au terme d'un troisième mandat consécutif, ledit président a engagé l'armée contre deux États séparatistes et coalisés, le Texas et la Californie. Plus que les combats, le film nous invite à suivre quatre reporters lancés sur les routes pour le rencontrer en vue d'une ultime interview. Civil war laisse en effet supposer que, retranché dans la Maison Blanche, le chef de l'État vit ses dernières heures. Et il montre combien il est dangereux de documenter par l'image un conflit armé ! Certains disent que, pour cela, il prend appui sur des archétypes banals: la baroudeuse réfléchie, son collègue tête brûlée, le "vieux" revenu de toutes les batailles, la débutante alors confrontée au pire...
Il y a du vrai dans cette remarque, mais j'ai apprécié que le film développe son propos autour d'acteurs moins renommés que d'autres. Cheffe de file, Kirsten Dunst était la seule que je connaissais déjà ! Elle n'est plus la petite blonde de ses débuts, bien sûr, mais son jeu m'apparaît encore plus convaincant qu'il y a encore quelques années. J'espère donc que Civil war contribuera à la replacer à sa place légitime: le devant de la scène. Ici, je l'ai trouvée très convaincante et bien entourée par un trio formé de Wagner Moura, Cailee Spaeny et Stephen McKinley Henderson (que je vous laisse ainsi découvrir). Le scénario les embarque dans une expédition des plus dangereuses. Plusieurs étapes seront indispensables pour accomplir leur mission d'information. "Au péril de leur vie" ? On peut le dire ainsi, en effet...
Pour nous en convaincre, la mise en scène déploie des moyens techniques colossaux. Le plus terrible, je trouve, est de reconnaître dans ces images des scènes familières, comme sorties des journaux télévisés - l'écho du bruit et de la fureur de notre monde, en somme. Cela dit, avant un final quasi-apocalyptique, il me semble pertinent d'affirmer que les instants les plus tendus sont presque silencieux. Une chose est sûre: Civil war ne nous ménage pas, nous spectateurs. Il est beaucoup trop immersif pour que nous en sortions indemnes. Bon... l'action prend vite le pas sur le reste et je peux comprendre ceux qui déplorent que le rôle de la presse ne soit donc que survolé. De là à ne voir dans le réalisateur qu'un bonimenteur, c'est exagéré ! Ferait-on face à un film clivant ? C'est à vous d'en juger, désormais...
Civil war
Film britannico-américain d'Alex Garland (2024)
Est-ce que cela pourrait arriver ? Il est certain que le long-métrage nous invite à y réfléchir, en ces heures où les États-Unis d'Amérique paraissent plus divisés que jamais, sur fond de rivalité Biden-Trump. C'est peut-être même ce qui le distingue d'un blockbuster lambda ! Pour une autre vision du photojournalisme, je recommande Camille. Ou, à mille lieues de tout contexte militaire, La panthère des neiges.
----------
Et pour finir, un avis en contrepoint ?
Il en existe plusieurs: vous en trouverez notamment un chez Pascale. Notez-le: celui de Dasola n'est pas franchement positif non plus. Princécranoir, lui, exprime un avis différent. Entre autres sources...
Ah oui ce film qui aurait dû être beaucoup plus marquant, j'avais presque oublié.
RépondreSupprimerJe trouve contrairement à toi que la place des reporters est centrale et me semble être le véritable sujet du film. Pour le reste c'est un road movie en terre assiégée (ce qui se voit peu) qui se traverse assez facilement.
Et oui la guerre de sécession est une guerre civile, les américains se sont entretués. C'est fou quand on y réfléchit. Comment l'appeler autrement ?
En résumé, à part 3 scènes marquantes réussies (celle de Jesse Plemmons, celle de la station service et l'attaque de la Maison Blanche (avec la super planque du Président, j'en rigole encore)) ce n'est qu'un blockbuster qui a échoué à me rendre la situation réaliste et donc terrifiante. Les infos continuent à être bien plus effrayantes.
Et lors de la scène au ralenti dans le couloir vers la fin, avec Kirsten qui choisit son moment pour faire son burn out... j'ai soupiré et levé les yeux au ciel. Ce genre de scènes ne devrait plus exister.
La petite Cailee (qui semble avoir 10 ans) a été Priscilla. Elle est sur les bons coups mais des films bien décevants.
Pourquoi dis-tu que ce n'est pas réaliste ? Les infos sont plus effrayantes parce qu'elles filment la réalité. Mais j'ai trouvé que les images du film n'en était pas loin.
RépondreSupprimerLe coup du burn out, admettons que ça vient comme un cheveu sur la soupe. Je pense que ça peut arriver.
Et je ne suis pas d'accord avec l'âge apparent de Cailee. Elle est menue, mais n'a pas l'air d'une enfant.