mercredi 10 novembre 2021

La vérité ou la mort

Je dois bien le reconnaître: certaines de mes récentes "rencontres" avec Ridley Scott avaient abouti à une (relative) déception. À 84 ans bientôt révolus, le vieux lion britannique me paraissait presque perdu pour la cause cinématographique. Le fait est que je m'étais fourvoyé. Il rebondit avec son nouveau film, sorti mi-octobre: Le dernier duel !

La machine à remonter le temps s'arrête au 14ème siècle, en France. Le pays est dirigé par un Valois: le roi Charles VI, dit le Bien-Aimé. Vaincu dans une campagne militaire en Écosse, Jean de Carrouges, chevalier, retrouve son domaine et sa femme, la belle Marguerite. Cette dernière lui révèle aussitôt qu'en son absence, elle a été violée par un autre potentat local, Jacques Le Gris. Ex-compagnon d'armes de son époux, l'homme n'en est pas à sa toute première exaction ! Pour en finir, Carrouges s'apprête donc à en référer à son suzerain. Face à la probable difficulté à confondre son rival, il entend réclamer la tenue d'un duel à mort, seul moyen de les départager devant Dieu. Sachez-le: tout cela s'est bien déroulé et conclu en l'an de grâce 1386. Confronté aux incertitudes historiques, Scott choisit de nous proposer trois visions de ce drame: celle du mari, celle du - supposé - violeur et celle de la femme bafouée. Le film est ainsi fait de trois segments de longueur comparable (40 minutes environ), un pour chaque partie. Les variations sont évidentes ou, parfois, plus subtiles. Une réussite !

Il faut dire que le film peut s'appuyer sur des acteurs des plus investis et particulièrement convaincants, à la tête desquels on trouve un trio formé par Jodie Comer, Matt Damon et Adam Driver. La comédienne est sûrement la moins connue du grand public: je l'avais remarquée dans The white princess, une série télé de 2017 où elle montrait déjà quelques belles dispositions pour ce type de personnages des temps anciens. Les garçons, eux, n'ont plus grand-chose à prouver et offrent de nouveau le meilleur d'eux-mêmes, dans des rôles plus complexes qu'on ne peut l'imaginer de prime abord. Précision: si Driver s'en tient au jeu, avec le charisme qu'on lui connaît, Damon est aussi crédité comme coscénariste, secondé par son ami Ben Affleck - lequel incarne au  passage un nobliau influent, libidineux et aux cheveux décolorés. L'un des plaisirs procurés par Le dernier duel vient des résonances de son scénario avec la réflexion du monde actuel liée à la libération de la parole des femmes et à l'attention que l'on daigne leur accorder enfin, plus de six siècles plus tard. On n'a donc pas fini d'en débattre !

Le dernier duel
Film américano-britannique de Ridley Scott (2021)
Bien que marqué par des images très violentes, ce tout nouvel opus de Scott devrait ravir les fidèles du maître et de ses grandes heures dans le genre (cf. Kingdom of heaven... plutôt que Robin des bois). Il est notoire qu'il n'est pas si facile de reconstituer un Moyen-Âge crédible au cinéma: je n'ai même pas de bon exemple à conseiller ! Reste que le sujet m'intéresse. Et du coup, si vous avez des tuyaux...

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Et en attendant le prochain grand classique...

Vous aurez peut-être envie de connaître les avis de Pascale et Dasola. NB: Princécranoir et Benjamin ont également pris part à la discussion.

10 commentaires:

  1. Les experts sont d'accord pour affirmer que « Le Seigneur de la guerre » de Franklin J. Schaffner tourné en 65 propose la reconstitution « moyenâgeuse la plus crédible portée à l’écran . Tant au niveau des décors que des thèmes abordés et de la psychologie des personnages. Je partage....

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  2. Merci ! Je n'avais pas entendu parler de ce film... et je vais donc regarder ça de plus près.

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  3. Les trois acteurs sont épatants et le film vraiment passionnant je trouve.
    Et oui il y a encore du boulot pour que certains hommes ne confondent plus oui et non... La sonorité doit être proche à leurs oreilles... je sais pas.

    C'est vrai que l'intérieur des châteaux est bien propret. ça ne devait pas être le cas dans la réalité.

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  4. Une reconstitution très hollywoodienne, il va sans dire (surtout dans la tonalité des dialogues), mais une mise en scène qui sert admirablement le propos de fond.
    Comme tu dis, on n'en attendait pas tant de la part de Scott, surtout au travers d'une telle chronique historique. Comme quoi, quand il s'agit de duel, Sir Ridley est toujours un sérieux combattant.
    Merci pour le lien Martin.
    PS : cc cider m'a donné envie de voir "le seigneur de la guerre" (avec Charlton Heston me semble-t-il), film sur lequel j'avais déjà entendu beaucoup de bien.

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  5. @Pascale:

    Ouias, voilà, ce côté propret ! Tout reste tellement léché à la hollywoodienne que ça manque de réalisme, à mon avis... même si ça dit assez de choses intéressantes pour que je ne le reproche pas à Scott (loin de là, même, car j'aime aussi cet aspect flabmoyant).

    *** ATTENTION POSSIBLES SPOILERS ***

    Et puis, il y a la baston finale, qui, pour le coup, m'a paru bien "cradoque", comme elle a dû l'être en 1386...

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  6. @Princécranoir:

    Tout à fait ce que je pense: hollywoodien ... et malgré tout bien fichu et donc convaincant. De toute manière, même si Ridley Scott m'avait donc déçu ces derniers temps, j'ai trop de respect pour certains de ses films pour le dénigrer vraiment quand il a un "coup de moins bien".

    PS: à moi aussi, CC Rider donne envie de voir "Le seigneur de la guerre". Le premier qui en saisit la possibilité concrète n'aura qu'à en reparler à l'autre !

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  7. La baston finale est effroyable. J'ai dû fermer les yeux.

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  8. Je comprends. J'ai vu ou entrevu des choses bien plus dégueulasses, mais je comprends.
    Et je note avec plaisir que, malgré tout, elle ne t'a pas empêché de bien apprécier le film !

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  9. Bonsoir Martin, comme Pascale, le dernier duel est effroyable. Les pauvres chevaux m'ont fait de la peine. Un film que j'ai beaucoup apprécié malgré sa violence. Bonne soirée.

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  10. Comment ça, Pascale est effroyable ? Je n'avais pas remarqué...
    Blague (vaseuse) à part, je suis content que tu aies apprécié le film, Dasola.

    Je suppose que, dans les scènes les plus dures, les chevaux sont numériques. Sans certitude toutefois.

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