lundi 18 octobre 2021

Un paradis éphémère

Entre l'Argentine et le Brésil, la plus importante des mythiques chutes d'Iguaçu atteint une hauteur de 80 mètres - l'équivalent d'un immeuble de 29 étages. Observer Jeremy Irons l'escalader pieds nus et à la main impressionne: c'est au début de Mission, un film que je voulais voir depuis... une bonne paye ! La Palme d'or du Festival de Cannes 1986 !

Le frère Gabriel est un jeune jésuite espagnol parti dans la jungle amazonienne, mu par l'espoir d'évangéliser les Guaranis, un peuple autochtone (NB: il compte aujourd'hui environ 80.000 représentants). Nous sommes ici entraînés vers l'an 1750, à l'heure où l'Espagne dispute au Portugal la possession et l'exploitation des terres fertiles d'Amérique du sud. Vous l'aurez compris: les deux grandes puissances européennes font peu de cas des "Indiens" et entendent les asservir. Une politique coloniale mortifère que le film décrit avec force détails. Cette fresque de deux heures met en scène toute une communauté locale - dont j'ai supposé la fierté à évoquer ainsi sa propre histoire...

Parmi les blancs, on croise plusieurs visages connus, les plus illustres étant, outre Jeremy Irons déjà cité, Robert de Niro et Liam Neeson. Mission est un régal pour les yeux: la reconstitution est parfaite. Impossible toutefois d'en parler en oubliant le plus bel atout artistique de cette splendeur du cinéma: la musique originale d'Ennio Morricone. L'air emblématique est joué au hautbois et apparaît d'une pureté incroyable. Il est repris par les meilleurs interprètes et son intensité vient même dépasser celle des choeurs féminins de la bande-annonce. Une telle harmonie de la forme et du fond est vraiment remarquable. D'aucuns estiment ce film dépassé ? Pas moi: j'aimerais au contraire qu'il en soit produit et tourné d'autres de cette nature à notre époque. Ce drame est un formidable hymne à la tolérance et à la cohabitation pacifique entre les peuples. On peut également y voir un manifeste écologique. C'est pour cela que je le juge d'une indéniable modernité !

Mission
Film britannique de Roland Joffé (1986)

Culte en son temps, mais formidablement préservé jusqu'à nos jours. J'insiste donc: avec ce film, je me suis tout simplement ré-ga-lé ! Lyrique et puissant, le long-métrage anticipe quelque peu sur un opus signé Ridley Scott: le très controversé 1492 - Christophe Colomb. Sur un sujet voisin, je vous recommanderais aussi The lost city of Z ou bien encore le Silence de Martin Scorsese. Car j'ai aimé les trois...

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Un petit lien pour finir...

Ce sera l'occasion pour vous de lire les réserves de "L'oeil sur l'écran".

6 commentaires:

  1. Hello Martin. Merci de parler de ce film, que j'ai envie de revoir depuis quelques jours (pour avoir écouté la très belle bande originale qui le sert magistralement). Je l'avais adoré à sa sortie au cinéma (cela ne nous rajeunit pas) : c'est, de mémoire, le seul film pour lequel des applaudissements saluèrent le générique de fin.
    Belle journée, l'ami !

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  2. Un film inoubliable je trouve qui n'a pourtant pas eu les honneurs de la critique à sa sortie il me semble.
    Un des très beaux rôles de De Niro je trouve du temps où il était un grand acteur. Son rôle de Sisyphe est fou et son évolution remarquable.
    Jeremie Irons est merveilleux. Je le revois pieds nus avec son hautbois qu'on lui casse je crois.
    Et le sacrifice de Liam Neeson...
    Une succession de scènes magnifiques.
    Et cette musique qui tourne souvent sur ma platine.

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  3. @Laurent:

    Ravi de te donner envie de le revoir ! Il supporte sans doute très bien la deuxième vision.
    J'ai déjà eu droit à des applaudissements au cinéma, mais je ne me souviens plus des films qui avaient été projetés...

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  4. @Pascale:

    Ah bon ? La critique était défavorable ? Il a tout de même eu la Palme d'or...
    Toutes les scènes dont tu parles sont extraordinaires. Et la musique, évidemment, est parfaite !

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  5. Oui j'ai le souvenir que tout le monde trouvait la Palme injustifiée. Mais je ne retrouve pas de critiques de l'époque. Il a eu le César aussi.

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  6. Erreur: il n'a pas eu le César du meilleur film étranger, battu qu'il a été par... "Le nom de la rose" !

    J'ai retrouvé la critique de Bruno Frappat, du Monde, parue le 4 octobre 1986. Extrait: "Une sorte de western théologique provoquant des cataractes d'émotions, des kilotonnes de remords et l'envie de demander - au nom de l'Occident chrétien - pardon aux rares descendants des Indiens guaranis pour le mal qu'on fit à leurs sympathiques aïeux". Ce n'est pas faux, mais c'est dit de manière pompeuse et outrancière.

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