Il y a deux choses que je tiens à éviter au cinéma: 1) rater le début d'un film et 2) ne pas le voir en entier. Ce n'est qu'après avoir hésité que j'ai fini par me décider à découvrir Soy Cuba, en ciné-concert. Dans le programme que j'avais consulté, il était en effet mentionné que seule une partie du long-métrage serait diffusée. Petite surprise !
Soy Cuba est le fruit d'une collaboration inédite entre des producteurs soviétiques et cubains. Il se découpe en quatre histoires (distinctes) et évoque la révolution qui a amené Fidel Castro au pouvoir, en 1959. On peut le considérer comme un film militant, voire de propagande. Reste qu'à sa sortie, en 1964, il fut mal reçu par les diverses parties prenantes et suscita la polémique... avant de tomber dans l'oubli ! C'est à Guillermo Cabrera Infante, un romancier connu notamment pour avoir été le fondateur de la Cinémathèque de Cuba, qu'il doit d'avoir été diffusé dans un festival américain au début des années 90. Il fut ensuite réhabilité par Martin Scorsese et Francis Ford Coppola...
Pour ma part, j'ai vu le générique initial, ainsi que les parties 2 et 3. Soit, en résumé, un récit autour d'une famille de pauvres exploitants agricoles dont la terre est rachetée par un consortium, puis un autre évoquant le funeste destin d'un étudiant exalté et toutefois incapable d'abattre un milicien qu'il considère pourtant comme un tortionnaire. Oui, Soy Cuba est à l'évidence inspiré par la réalité de son temps. Mais ce n'est pas ce qui m'avait attiré: au départ, j'ai pris ma place pour ce ciné-concert parce que je me réjouissais de cette opportunité d'apprécier un autre film de Mikhaïl Kalatozov, le célèbre réalisateur soviétique (1903-1973). Assurément, mes attentes ont été comblées !
Épaulé par Sergueï Ouroussevski, son fidèle directeur photo, l'artiste inventa des images qui, aujourd'hui encore, font forte impression. Audacieux, les deux hommes n'hésitèrent jamais à user de techniques tout à fait innovantes: le résultat est si fort qu'on se demande parfois comment ils ont pu placer leur caméra ! Soy Cuba n'est pas qu'un film de virtuoses, cela dit: c'est également une oeuvre d'une puissance émotionnelle peu commune. La magie d'un somptueux noir et blanc est encore amplifiée par l'absence d'effet numérique: certaines scènes ont probablement nécessité de recourir à des centaines de figurants. Je n'ose même pas imaginer la beauté de celles que je n'ai pas vues...
Damien Litzler, l'un des musiciens qui jouaient live, a ensuite précisé qu'il n'avait pas projeté les séquences dansées et chantées du film. C'est compréhensible: la musique serait alors entrée en "concurrence" avec celle de son groupe, SZ. Aucun regret: les morceaux post-rock écrits pour le ciné-concert ne m'ont pas semblé dénaturer les images. Autant dire que je n'ai pas regretté ma soirée - et ce d'autant moins qu'elle était en accès libre, dans le cadre des Journées du patrimoine. Il faudra tout de même que je (re)voie Soy Cuba dans son intégralité. En tout, il dure deux heures vingt: j'en suis donc resté à la moitié. C'est bien suffisant pour vous le recommander vivement, camarades !
Soy Cuba
Film soviétique et cubain de Mikhaïl Kalatozov (1964)
Difficile de trouver quelque chose de comparable: le style Kalatozov est unique - et c'est très bien ainsi ! Rappel: j'ai parlé d'autres films du maître, Quand passent les cigognes et La lettre inachevée. J'espère avoir des occasions de mieux connaître le cinéma soviétique. J'avoue en revanche de (très) grosses lacunes sur le cinéma de Cuba et n'ai toujours pas vu... le deuxième épisode du Che de Soderbergh !
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Il est temps de laisser la parole à un spécialiste...
Je suis vraiment content d'ainsi relayer un texte de mon ami Vincent.
Soy Cuba est le fruit d'une collaboration inédite entre des producteurs soviétiques et cubains. Il se découpe en quatre histoires (distinctes) et évoque la révolution qui a amené Fidel Castro au pouvoir, en 1959. On peut le considérer comme un film militant, voire de propagande. Reste qu'à sa sortie, en 1964, il fut mal reçu par les diverses parties prenantes et suscita la polémique... avant de tomber dans l'oubli ! C'est à Guillermo Cabrera Infante, un romancier connu notamment pour avoir été le fondateur de la Cinémathèque de Cuba, qu'il doit d'avoir été diffusé dans un festival américain au début des années 90. Il fut ensuite réhabilité par Martin Scorsese et Francis Ford Coppola...
Pour ma part, j'ai vu le générique initial, ainsi que les parties 2 et 3. Soit, en résumé, un récit autour d'une famille de pauvres exploitants agricoles dont la terre est rachetée par un consortium, puis un autre évoquant le funeste destin d'un étudiant exalté et toutefois incapable d'abattre un milicien qu'il considère pourtant comme un tortionnaire. Oui, Soy Cuba est à l'évidence inspiré par la réalité de son temps. Mais ce n'est pas ce qui m'avait attiré: au départ, j'ai pris ma place pour ce ciné-concert parce que je me réjouissais de cette opportunité d'apprécier un autre film de Mikhaïl Kalatozov, le célèbre réalisateur soviétique (1903-1973). Assurément, mes attentes ont été comblées !
Épaulé par Sergueï Ouroussevski, son fidèle directeur photo, l'artiste inventa des images qui, aujourd'hui encore, font forte impression. Audacieux, les deux hommes n'hésitèrent jamais à user de techniques tout à fait innovantes: le résultat est si fort qu'on se demande parfois comment ils ont pu placer leur caméra ! Soy Cuba n'est pas qu'un film de virtuoses, cela dit: c'est également une oeuvre d'une puissance émotionnelle peu commune. La magie d'un somptueux noir et blanc est encore amplifiée par l'absence d'effet numérique: certaines scènes ont probablement nécessité de recourir à des centaines de figurants. Je n'ose même pas imaginer la beauté de celles que je n'ai pas vues...
Damien Litzler, l'un des musiciens qui jouaient live, a ensuite précisé qu'il n'avait pas projeté les séquences dansées et chantées du film. C'est compréhensible: la musique serait alors entrée en "concurrence" avec celle de son groupe, SZ. Aucun regret: les morceaux post-rock écrits pour le ciné-concert ne m'ont pas semblé dénaturer les images. Autant dire que je n'ai pas regretté ma soirée - et ce d'autant moins qu'elle était en accès libre, dans le cadre des Journées du patrimoine. Il faudra tout de même que je (re)voie Soy Cuba dans son intégralité. En tout, il dure deux heures vingt: j'en suis donc resté à la moitié. C'est bien suffisant pour vous le recommander vivement, camarades !
Soy Cuba
Film soviétique et cubain de Mikhaïl Kalatozov (1964)
Difficile de trouver quelque chose de comparable: le style Kalatozov est unique - et c'est très bien ainsi ! Rappel: j'ai parlé d'autres films du maître, Quand passent les cigognes et La lettre inachevée. J'espère avoir des occasions de mieux connaître le cinéma soviétique. J'avoue en revanche de (très) grosses lacunes sur le cinéma de Cuba et n'ai toujours pas vu... le deuxième épisode du Che de Soderbergh !
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Il est temps de laisser la parole à un spécialiste...
Je suis vraiment content d'ainsi relayer un texte de mon ami Vincent.
Cité à de nombreuses reprises, ce film reste mythique pour moi. Je n'ai pas encore eu le plaisir de le découvrir. Tu as eu la chance de le voir dans un contexte exceptionnel, certes dans une version tronquée. Mais tout de même, j'aurais aimé en être.
RépondreSupprimerIl faudrait que je le vois. C'est tout ce que j'ai d'intéressant à dire sur ce film.
RépondreSupprimerMais j'aime tellement pas voir les films à la télé que ça semble compromis... sauf lors d'un festival !
@Princecranoir:
RépondreSupprimerJ'espère que tu auras l'occasion de le voir et, effectivement, je l'ai vue dans d'excellentes conditions.
Il me semble qu'une version restaurée vient de sortir en DVD. Cela ne remplacera pas le grand écran, mais... c'est à voir.
@Pascale:
RépondreSupprimerAvec un peu de chance, tu pourras le voir en ciné-concert, toi aussi. Cela vaut assurément le coup !