Michel Descombes est artisan dans le Vieux-Lyon. Un jour, un flic passe à sa boutique et le conduit hors de la ville, là où on a retrouvé sa camionnette, vide. La police soupçonne Bernard, le fils de Michel, d'avoir fui avec une fille après avoir tué un autre homme. Un choc ! La suite tient plus à mon avis de l'étude de moeurs que de l'enquête...
L'horloger de Saint-Paul fut le premier film de Bertrand Tavernier. Quelques mois après la mort du réalisateur, le découvrir m'a permis de retrouver deux acteurs parmi les plus grands de mon Panthéon personnel: Philippe Noiret et Jean Rochefort. Je n'ai pas aimé le film autant que leur jeu et leur évidente complémentarité / complicité. Sans eux, il est probable que tout cela n'ait pas eu la même saveur. L'intérêt du film se focalise essentiellement sur les évolutions psychologiques de ce (beau) personnage de père, tout d'abord muet d'incompréhension et prêt à rejeter son fils, puis relativement nuancé face à son avocat et se déclarant même solidaire devant les jurés d'assises. Assurément, la justice, les forces de l'ordre et les médias n'ont pas le beau rôle: on sent bien que l'homme derrière la caméra n'apprécient guère leurs représentants, mais j'ai regretté un propos parfois très caricatural - cela correspond bien à l'époque, peut-être. Petite déception qui privera le long-métrage d'une note supérieure. Oui, mais cet opus a initié une carrière de 42 ans. Là, je dis respect !
L'horloger de Saint-Paul
Film français de Bertrand Tavernier (1974)
Cette adaptation d'un roman de Simenon m'a paru assez littéraire. Intéressante, c'est vrai, mais un brin trop bavarde. Rien à reprocher d'important aux acteurs, investis comme on rêverait qu'ils le soient. J'avoue: j'ai préféré la confrontation flic / suspect de Garde à vue. L'interrogatoire de Roubaix, une lumière mérite qu'on s'y attarde. Côté jeunesse criminelle, L'appât (de... Tavernier !) est à voir aussi.
L'horloger de Saint-Paul fut le premier film de Bertrand Tavernier. Quelques mois après la mort du réalisateur, le découvrir m'a permis de retrouver deux acteurs parmi les plus grands de mon Panthéon personnel: Philippe Noiret et Jean Rochefort. Je n'ai pas aimé le film autant que leur jeu et leur évidente complémentarité / complicité. Sans eux, il est probable que tout cela n'ait pas eu la même saveur. L'intérêt du film se focalise essentiellement sur les évolutions psychologiques de ce (beau) personnage de père, tout d'abord muet d'incompréhension et prêt à rejeter son fils, puis relativement nuancé face à son avocat et se déclarant même solidaire devant les jurés d'assises. Assurément, la justice, les forces de l'ordre et les médias n'ont pas le beau rôle: on sent bien que l'homme derrière la caméra n'apprécient guère leurs représentants, mais j'ai regretté un propos parfois très caricatural - cela correspond bien à l'époque, peut-être. Petite déception qui privera le long-métrage d'une note supérieure. Oui, mais cet opus a initié une carrière de 42 ans. Là, je dis respect !
L'horloger de Saint-Paul
Film français de Bertrand Tavernier (1974)
Cette adaptation d'un roman de Simenon m'a paru assez littéraire. Intéressante, c'est vrai, mais un brin trop bavarde. Rien à reprocher d'important aux acteurs, investis comme on rêverait qu'ils le soient. J'avoue: j'ai préféré la confrontation flic / suspect de Garde à vue. L'interrogatoire de Roubaix, une lumière mérite qu'on s'y attarde. Côté jeunesse criminelle, L'appât (de... Tavernier !) est à voir aussi.
GRAND numéro d'acteurs effectivement et le personnage de Noiret qui évolue comme on l'espère.
RépondreSupprimerJe l'ai revu lorsque Tavernier est mort. J'ai mieux apprécié comment il filme sa ville et les traboules.
Le premier film de Tavernier est, à mon sens, un de ses plus maîtrisés du point de vue de la mise en scène. Le cadre lyonnais l'a manifestement stimulé. Le propos est centré sur la relation père-fils. On peut d'ailleurs noter que Tavernier, dans plusieurs de ses films, est allé jusqu'à faire des relations familiales un sujet en soi et pas seulement un contexte ou un arrière-plan, comme l'attestent "Un dimanche à la campagne" et "Daddy nostalgie" (sans compter "Holy Lola", à certains égards) après "L'horloger de Saint-Paul". Ceci est assez peu courant dans le cinéma français depuis les années 60, à la différence ce que l'on constate dans d'autre pays (Japon, Italie, par exemple).
RépondreSupprimer@Pascale:
RépondreSupprimerCertains plans sur Lyon m'ont paru un peu trop appuyés, mais je peux comprendre que Tatave ait voulu mettre sa ville en avant, surtout parce qu'il s'agit donc de son premier film.
@Valfabert:
RépondreSupprimerMerci pour cet élément de comparaison avec d'autres films du réalisateur !
Je n'en ai vu aucun parmi ceux que vous citez, d'où l'impossibilité pour moi de faire ce rapprochement.
Une question si vous repassez: quels sont les autres films de Bertrand Tavernier que vous appréciez particulièrement pour la mise en scène ?
Ceux de ses films dont la mise en scène me paraît vraiment maîtrisée sont "Un dimanche à la campagne" et "L'horloger de Saint-Paul".
RépondreSupprimerA côté de ceux-ci, j'en note plusieurs qui, tout en présentant des qualités remarquables ("La vie et rien d'autre" notamment, mais aussi "Le juge et l'assassin"), sont un peu faibles sur d'autres points. Ainsi, le rythme est souvent négligé et l'articulation entre la gravité et l'humour fantasque n'est pas toujours satisfaisante (n'est pas Ford qui veut !). De plus, le casting s'avère ici ou là problématique : par exemple Didier Bezace dans "L627", qui méritait un comédien d'un meilleur calibre ; Le Bihan dans le second rôle de "Capitaine Conan". Concernant ce dernier film, je trouve la mise en scène inégale (de nombreuses scènes excellentes et quelques scènes désastreuses), le scénario étant formidable quant à lui. Par ailleurs, mon appréciation de son oeuvre est partielle puisque, sur les vingt-deux long-métrages de fiction du cinéaste, il y en a sept que je n'ai pas vus. D'une manière générale, je reconnais à Tavernier le souci des personnages inscrits dans un environnement prégnant (sur le plan humain et sur le plan de l'espace, d'où l'attention portée aux lieux), une photographie souvent belle, la recherche d'un propos original, la délicatesse des détails et un foisonnement d'idées de mise en scène, hélas pas toujours bien coordonnées. Je fais le pari qu'avec le temps, son oeuvre se bonifiera, la subtilité de beaucoup de scènes l'emportant à terme sur les défauts.
Merci pour cette chronique de "L'horloger" !
J'ai un faible pour « la vie et rien d'autre » ou Tavernier s'attaque à un sujet jamais évoqué à l'écran , la recherche des soldats disparus de la grande guerre. Film de paix , film sur l’après, sur le renouveau, et bien sur sur la mémoire , il donne à Noiret dans le rôle du Commandant Delaplane chargé de cette tache colossale ,l'occasion de se surpasser .
RépondreSupprimerDelaplane va rencontrer une grande bourgeoise jouée par Sabine Azema qui recherche son époux disparu , et au fil de l'action , et des échanges , va naître une complicité qui débouchera sur une histoire d'amour non dite, qui amène dans cet univers masculin fait de boue,de cadavres, et d'absurdité militaire une vraie note d'espoir.
Noiret qui porte dans le film les décorations de son propre père habite complètement le personnage de cet officier indocile , ne s'interdisant rien allant jusqu'à pratiquer l'humour dans des situations des plus dramatiques et que l'amour va surprendre et pétrifier. La lettre qu'il écrit à Sabine Azema à la fin du film est peut être la plus belle déclaration d'amour de l'histoire du cinéma français....
@Valfabert:
RépondreSupprimerUn très grand merci pour cette belle réponse détaillée. J'ai moi-même un gros faible pour "La vie et rien d'autre", ainsi que pour "Le juge et l'assassin". J'avais bien aimé "Capitaine Conan", aussi, qui fait le point sur un épisode méconnue de la Grande Guerre, ainsi que "La princesse de Montpensier".
Je vous rejoins à 100% sur le soin que Bertrand Tavernier apportait à ses personnages. Et je le vois comme un réalisateur qui a su laisser leur place aux acteurs de toutes les générations, en fonction de ce qu'il voulait raconter.
Hâte de voir comment son oeuvre se bonifie avec le temps, en effet !
@CC Rider:
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec vous sur l'ensemble des points évoqués. J'aurais aimé rencontrer Tavernier pour échanger avec lui sur ce film-là en particulier, qui fait, comme je l'ai souligné, écho à ma propre histoire familiale. Et la conclusion avec la voix chaude de Philippe Noiret est d'une rare intensité et d'une beauté absolue.
Merci d'en avoir parlé... sans pour autant tout dévoiler !