Est-ce parce qu'elle peut générer le produit intérieur brut le plus élevé qu'on dit de l'économie américaine qu'elle est la première au monde ? Oscar du meilleur film 2021, Nomadland nous rappelle que le système choisi aux États-Unis laisse encore beaucoup de simples travailleurs sur le bord du chemin. Et j'oserai ajouter: "Et pourtant, ils roulent"...
J'avais apprécié les deux premiers films de Chloé Zhao et été étonné qu'elle ait décidé d'introduire une tête d'affiche dans son cinéma. Toutefois, avec Frances McDormand, je n'étais pas inquiet: je savais que cette actrice, à 64 ans désormais, risquait peu de me décevoir. Oscarisée elle aussi, elle incarne ici une dénommée Fern, qu'une crise majeure, additionnée à son veuvage, conduit à sillonner l'Amérique de long en large, à la recherche d'emplois évidemment précaires. Quelque chose de son parcours tient de la boucle: même s'il lui arrive de prendre un chemin de traverse, Fern connaît aussi les grands axes et, au terme d'une année complète de petits boulots, semble revenir toujours au même endroit pour ouvrir un énième cycle de labeur. Comme à l'accoutumée, la réalisatrice, elle, place des personnages réels dans sa fiction, ce qui renforce encore le propos de Nomadland. J'aime beaucoup la manière dont elle intègre ces gens à son scénario !
"See you down the road"... vous pourriez craindre qu'un tel sujet dérive lentement vers un profond pessimisme, renforcé par la rigueur de certains des paysages que la caméra nous propose de traverser. Soyez rassurés: si le film, tiré d'un livre, n'est pas un pamphlet politique, il n'est pas non plus l'illustration d'un négativisme résigné. C'est même le contraire (ou presque): son héroïne ne saisit pas forcément toutes les perches qui lui sont tendues, mais Nomadland démontre qu'il existe encore bien des solidarités réelles et actives. Admiratif, je renoue avec le fil des grands romans de John Steinbeck. Autre écho lointain: les protagonistes du film rappellent les pionniers qui, il y a de cela plusieurs siècles déjà, découvrirent le sol américain et le défrichèrent pour en faire le pays que l'on connaît aujourd'hui. Notez d'ailleurs qu'un dialogue reprend cette idée... et démontre alors les limites de ce parallèle: la misère n'a rien d'une grande aventure ! Et c'est un autre des - beaux - mérites de ce long-métrage de montrer que partir de chez soi ne tient pas qu'à l'envie de coloniser les autres !
Nomadland
Film américain de Chloé Zhao (2020)
Je n'ai pas vu les autres candidats, mais cet opus mérite les Oscars qu'il a obtenus (meilleur film, meilleure actrice, meilleure réalisation). Cela affirmé, il n'est évidemment pas le seul film à montrer la face pauvre des États-Unis: sur ce point, Certaines femmes est à voir ! Putty Hill peut aussi être un plan B pour son approche documentaire. Vous êtes cordialement invités à afficher ici vos propres références...
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Vous voudriez poursuivre sur la même voie ?
Je vous conduis donc tout droit chez Pascale, Dasola et Princécranoir.
J'avais apprécié les deux premiers films de Chloé Zhao et été étonné qu'elle ait décidé d'introduire une tête d'affiche dans son cinéma. Toutefois, avec Frances McDormand, je n'étais pas inquiet: je savais que cette actrice, à 64 ans désormais, risquait peu de me décevoir. Oscarisée elle aussi, elle incarne ici une dénommée Fern, qu'une crise majeure, additionnée à son veuvage, conduit à sillonner l'Amérique de long en large, à la recherche d'emplois évidemment précaires. Quelque chose de son parcours tient de la boucle: même s'il lui arrive de prendre un chemin de traverse, Fern connaît aussi les grands axes et, au terme d'une année complète de petits boulots, semble revenir toujours au même endroit pour ouvrir un énième cycle de labeur. Comme à l'accoutumée, la réalisatrice, elle, place des personnages réels dans sa fiction, ce qui renforce encore le propos de Nomadland. J'aime beaucoup la manière dont elle intègre ces gens à son scénario !
"See you down the road"... vous pourriez craindre qu'un tel sujet dérive lentement vers un profond pessimisme, renforcé par la rigueur de certains des paysages que la caméra nous propose de traverser. Soyez rassurés: si le film, tiré d'un livre, n'est pas un pamphlet politique, il n'est pas non plus l'illustration d'un négativisme résigné. C'est même le contraire (ou presque): son héroïne ne saisit pas forcément toutes les perches qui lui sont tendues, mais Nomadland démontre qu'il existe encore bien des solidarités réelles et actives. Admiratif, je renoue avec le fil des grands romans de John Steinbeck. Autre écho lointain: les protagonistes du film rappellent les pionniers qui, il y a de cela plusieurs siècles déjà, découvrirent le sol américain et le défrichèrent pour en faire le pays que l'on connaît aujourd'hui. Notez d'ailleurs qu'un dialogue reprend cette idée... et démontre alors les limites de ce parallèle: la misère n'a rien d'une grande aventure ! Et c'est un autre des - beaux - mérites de ce long-métrage de montrer que partir de chez soi ne tient pas qu'à l'envie de coloniser les autres !
Nomadland
Film américain de Chloé Zhao (2020)
Je n'ai pas vu les autres candidats, mais cet opus mérite les Oscars qu'il a obtenus (meilleur film, meilleure actrice, meilleure réalisation). Cela affirmé, il n'est évidemment pas le seul film à montrer la face pauvre des États-Unis: sur ce point, Certaines femmes est à voir ! Putty Hill peut aussi être un plan B pour son approche documentaire. Vous êtes cordialement invités à afficher ici vos propres références...
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Vous voudriez poursuivre sur la même voie ?
Je vous conduis donc tout droit chez Pascale, Dasola et Princécranoir.
Frances en fait des TONNES dans le minimalisme genre : regardez comme je comprends ces gens.
RépondreSupprimerLe film n'aurait sans doute pu se faire sans cette tête d'affiche qui a dû imposer sa présence...
Je trouve que le mélange star de Hollywood/vraies personnes dans la vraie mouise ne prend pas ici. Ce film m'a mise mal à l'aise.
Ton avis me surprend. Je peux comprendre que tu sois mal à l'aise, mais je n'ai pas trouvé que Frances en faisait des tonnes. Je pense plutôt qu'elle a aidé Chloé Zhao à faire le film. Mais je me trompe peut-être...
RépondreSupprimerOui c'est mon interprétation.
RépondreSupprimerQuant à SON interprétation... son minimalisme finit par ressembler à du cabotinage. Bref, elle m'agace :-)
OK. Je reste étonné, mais OK: c'est ton point de vue.
RépondreSupprimerTrès beau texte.
RépondreSupprimerJe te rejoins sur cette belle route sans pour autant être aussi enthousiaste. McDormand est formidable c’est vrai, tout comme la relalisation de Zhao, et pourtant il manque ce petit supplément d’authenticité qui m’avait tant marqué dans « the rider ». Cela dit, »Nomadland » reste un très beau film a découvrir.
Oups, presque deux semaines passées sans te répondre...
RépondreSupprimerMerci, cher Prince.
Et d'accord avec toi pour dire que "The rider" était un peu plus authentique encore.