mercredi 7 avril 2021

Comme dans un rêve

J'avais depuis longtemps l'envie de me replonger dans la filmographie de David Lynch. C'est donc sans (trop) hésiter que j'ai saisi l'occasion de découvrir l'une de ses oeuvres emblématiques: Mulholland Drive. Présenté à Cannes il y a vingt ans, le film en était reparti avec le Prix de la mise en scène. Il reçut aussi un César du meilleur film étranger !

David Lynch n'a pas pour habitude de livrer des clés d'interprétation pour aider à mieux analyser son travail. Il a dit de Mulholland Drive qu'il s'agissait en fait d'une "histoire d'amour dans la cité des rêves". Parlait-il de Los Angeles ? Le doute est permis. Si l'histoire se déroule là-bas et plus précisément à Hollywood, les images du long-métrage sont presque constamment oniriques ou, en tout cas, peu explicites sur la frontière entre les songes et la réalité. C'est ainsi que le récit nous entraîne d'abord aux côtés de la brune Rita, victime amnésique d'un accident de la route. Puis, nous faisons également connaissance avec la blonde Betty, venue occuper la villa de sa tante en Californie dans l'espoir de passer des castings et de devenir une star du cinéma. Tout n'est-il qu'illusion ? C'est ce que suggère l'un des personnages annexes, tel un porte-parole du magicien caché derrière la caméra. Autant le dire: vous n'êtes assurément pas au bout de vos surprises...

Notre ami cinéaste dit aussi que, comme la musique, le septième art doit - notamment - être appréhendé par les sensations qu'il procure. Les dialogues ne sont pas les uniques outils à utiliser pour décrypter ou simplement apprécier ce qui peut se passer à l'écran. Il s'agit donc d'en utiliser d'autres pour accéder à une "compréhension intime" (sic) de ce qui nous est montré. Bon... ce n'est pas forcément aussi facile ! Mulholland Drive est un film dans lequel on se perd aisément. Interloqué, j'y ai pris un certain plaisir: cela me semble important. Logiquement, étant donné que l'on nous invite à suivre une femme ayant perdu jusqu'à la mémoire d'elle-même, un sentiment d'empathie doit naître chez les spectateurs à l'égard de ce personnage. L'intrigue est beaucoup plus complexe, à vrai dire, et mobilise d'autres cordes sensibles: il arrive que le film inquiète, effraie ou, parfois, fasse rire. Je rejoins bien volontiers ceux qui le présentent comme un puzzle éparpillé, mais j'ajoute qu'il n'y aurait même pas de modèle à suivre. Alors, instrument de prise de tête ou chef d'oeuvre ? À vous de voir...

Mulholland Drive
Film américain de David Lynch (2001)

Je mets une très bonne note au film, avant tout parce qu'il m'a révélé que je pouvais apprécier les mystères lynchiens et donc donné envie d'y retourner encore. Les films incompréhensibles, avec moi, ça passe ou... ça casse: j'ai bien aimé Inherent vice, défendu Oncle Boonmee et mal digéré 9 doigts. Et Les garçons sauvages ? Un rejet total. Pour démarrer "tout doux", côté américain, testez donc Le plongeon !

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Et si vous voulez mieux cerner mon Lynch du jour...

Vous trouverez sans mal de nombreux textes d'exégèse sur Internet. Pour ma part, je vous signale juste la chronique de "L'oeil sur l'écran". Mais le film en a aussi hanté d'autres: Pascale, Dasola, Vincent, etc...

12 commentaires:

  1. Nooooon, tu ne l'avais jamais vu ?
    Bon c'est réparé et maintenant tu sais qui est la fille...
    Je l'ai encore vu récemment. C'est incroyable.
    C'est labyrinthique, onirique mais aussi drôle parfois surtout grâce à Justin Theroux qui est pas mal bousculé dans ce film.
    Les 2 filles et leur histoire sont magnifiques. J'étais particulièrement sensible à l'interprétation et au personnage de Laura Harring. Je ne comprends pas son absence de carrière.
    Bref, c'est un film qui hante effectivement mais qui supporte parfaitement les re-visions.
    Pour moi c'est une histoire d'amour.
    Tu sais maintenant à quoi correspond mon adresse mail silenzio...

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  2. Non. Je n'avais vu que "Dune" et "Sailor & Lula" (chroniqués ici) et, il y a bien longtemps, "Lost highway".

    J'ai le souvenir d'une amie qui m'avait conseillé de ne pas chercher à comprendre Lynch, mais plutôt à ressentir. Je ne sais pas si ce film-là est une histoire d'amour. Peut-être. Moi, j'y ai plutôt vu une histoire de jalousie. Ou d'amours (au pluriel) contrariées.

    Et OK pour Silenzio ! Une preuve supplémentaire t'a marquée, donc.
    Maintenant, je reverrais bien "Lost highway" et j'en découvrirais bien les autres...

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  3. Pour rien au monde je ne reverrais Lost highway dont j'ai un déplaisant souvenir tout comme Inland Empire.
    Par contre Sailor et Lula, revu l'année dernière, est pour moi son meilleur. Encore une grande histoire d'amour (très contrariée). Nicolas Cage et Laura Dern tout jeunes y sont époustouflants.
    Je n'ai jamais vu Dune ou Laura Palmer.

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  4. @Pascale 1:

    Je n'ai pour ainsi dire aucun souvenir de "Lost highway". D'où mon envie.
    Pour les autres... on verra bien, en fonction des opportunités. Je ne cours pas après.

    Je ne crois pas être devenu un fana de Lynch, hein ?

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  5. @Pascale 2:

    C'est ce qu'on m'a dit. Quitte à voir une monstruosité, je choisirais plutôt "Elephant man".

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  6. "Dune" , à qui j'avais trouvé certaines qualités , fut un échec au box office, le brushing impeccable de Kyle MacLachlan, au milieu des tempêtes de sable y était certainement pour beaucoup...il est vrai que le roman de Franck Herbert a toujours été réputé comme inadaptable à l'écran et pourtant on nous promet la sortie prochaine de la version de Denis Villeneuve à qui nous devons « Blade runner 2049 » avec Timothée Chalamet dans le rôle principal...En streaming , en salle ou les deux..!!!??

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  7. Tu devrais courir après Sailor et Lula qui va te mettre à terre.

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  8. @CC Rider:

    Je crois effectivement que "Dune" est le film maudit de David Lynch. Il l'a d'ailleurs désavoué, il me semble. Bien que n'étant pas fan de SF, j'attends impatiemment celui de Denis Villeneuve - que j'espère voir au cinéma. Le réalisateur québécois nous offre souvent des images fa-bu-leuses et la bande annonce promet sur ce point !

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  9. @Pascale:

    Déjà vu... et chroniqué. Mais désolé: je n'ai pas véritablement accroché, à vrai dire...

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  10. Bonsoir Martin, j'ai un problème avec ce film car je n'ai toujours pas compris l'histoire mais visuellement, c'est superbe et on est intrigué. Bonne soirée.

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  11. Hello Dasola. Je comprends tout à fait que le fait de ne pas comprendre puisse être un problème. J'ai ressenti la même chose avec d'autres films (dont "Lost highway" de David Lynch cité plus haut).

    Tu parles de l'aspect visuel et intriguant de "Mulholland Drive". Je suis pleinement d'accord avec toi sur ces deux points et je me dis que, parfois, on ne comprend rien parce qu'on cherche à savoir où le réalisateur veut en venir. Si on fait appel à nos seuls ressentis, on peut apprécier quand même ce qu'on ne comprend pas. Il faut laisser libre cours à sa propre interprétation. Cela ne marche pas à tous les coups.

    Ce genre de films insondables m'intéresse, mais je n'en fais pas pour autant des incontournables.

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