On l'a surnommé "le Hitchcock français": ce que je connais du cinéma d'Henri-Georges Clouzot confirme de fait qu'un certain parallèle pervers peut effectivement être établi entre les deux cinéastes. Dernièrement, c'est avec curiosité que je me suis penché sur le film des débuts d'HGC en tant que réalisateur - L'assassin habite au 21...
Pas plus tard qu'hier, j'évoquais ici même les films hollywoodiens tournés pendant la Seconde guerre mondiale: c'est le cas également de cet opus français, Wikipédia allant jusqu'à dire que le réalisateur débutant aura bénéficié de l'exil de certains de ses illustres confrères. Parmi eux, Jean Renoir, René Clair et Julien Duvivier sont cités. Bref... ainsi que son titre le laisse penser, L'assassin habite au 21 tourne autour d'une intrigue policière: pour un jeune inspecteur renseigné par un indic, il s'agit d'identifier M. Durand, le serial killer qui se cache parmi les quelques habitués d'une pension de famille. Dans le rôle principal, Pierre Fresnay est accompagné par des noms connus de l'époque: Suzy Delair, Pierre Larquet ou Noël Roquevert. J'avouerai que je me suis laissé surprendre par le ton "décontracté" du film: il est en effet plus amusant que véritablement effrayant. Rien de frustrant, à vrai dire, mais j'avais misé sur tout autre chose !
Pas d'erreur: c'est bien le personnage de Suzy Delair, femme mariée avec un flic mais toute à son ambition de percer comme chanteuse populaire, qui donne à ce long-métrage une bonne dose d'originalité. L'imagerie policière, elle, est un peu plus convenue. Il est permis d'imaginer que ce récit des plus conventionnels dissimule en son sein quelques sous-entendus relatifs à l'occupant nazi. Rien d'évident, cependant, et il faut se rappeler que la Continental, société chargée de la production, était présidée par un Allemand et avait été créée par Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du Reich, dès 1940. D'aucuns pourront sans doute juger que cela disqualifie ce cinéma ancien, mais j'invite tout un chacun à prendre un minimum de recul pour ne juger L'assassin habite au 21 qu'en fonction de critères artistiques. Pour ma part, je le trouve véritablement moins percutant que d'autres Clouzot ultérieurs, eux-mêmes beaucoup plus sulfureux. Les littéraires parmi vous noteront que le film adapte un roman belge francophone qui, lui, se passait à Londres au cours de l'hiver 1938-39.
L'assassin habite au 21
Film français d'Henri-Georges Clouzot (1942)
Ma note est sévère et correspond honnêtement à une déception relative: j'attendais un peu plus de suspense et aussi de noirceur. Clouzot était néanmoins un portraitiste hors-pair: vous le vérifierez aisément en regardant (une fois encore) le génial Quai des orfèvres. Ma préférence reste à ses films glauques (et effrayants): Le corbeau et Les diaboliques sont deux bons exemples. Et j'en verrai d'autres...
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Si vous voulez creuser le sujet sans attendre...
Je vous recommande d'aller lire la chronique de "L'oeil sur l'écran". Notez qu'en complément, Dasola a pris le parti... d'évoquer le roman !
Pas plus tard qu'hier, j'évoquais ici même les films hollywoodiens tournés pendant la Seconde guerre mondiale: c'est le cas également de cet opus français, Wikipédia allant jusqu'à dire que le réalisateur débutant aura bénéficié de l'exil de certains de ses illustres confrères. Parmi eux, Jean Renoir, René Clair et Julien Duvivier sont cités. Bref... ainsi que son titre le laisse penser, L'assassin habite au 21 tourne autour d'une intrigue policière: pour un jeune inspecteur renseigné par un indic, il s'agit d'identifier M. Durand, le serial killer qui se cache parmi les quelques habitués d'une pension de famille. Dans le rôle principal, Pierre Fresnay est accompagné par des noms connus de l'époque: Suzy Delair, Pierre Larquet ou Noël Roquevert. J'avouerai que je me suis laissé surprendre par le ton "décontracté" du film: il est en effet plus amusant que véritablement effrayant. Rien de frustrant, à vrai dire, mais j'avais misé sur tout autre chose !
Pas d'erreur: c'est bien le personnage de Suzy Delair, femme mariée avec un flic mais toute à son ambition de percer comme chanteuse populaire, qui donne à ce long-métrage une bonne dose d'originalité. L'imagerie policière, elle, est un peu plus convenue. Il est permis d'imaginer que ce récit des plus conventionnels dissimule en son sein quelques sous-entendus relatifs à l'occupant nazi. Rien d'évident, cependant, et il faut se rappeler que la Continental, société chargée de la production, était présidée par un Allemand et avait été créée par Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du Reich, dès 1940. D'aucuns pourront sans doute juger que cela disqualifie ce cinéma ancien, mais j'invite tout un chacun à prendre un minimum de recul pour ne juger L'assassin habite au 21 qu'en fonction de critères artistiques. Pour ma part, je le trouve véritablement moins percutant que d'autres Clouzot ultérieurs, eux-mêmes beaucoup plus sulfureux. Les littéraires parmi vous noteront que le film adapte un roman belge francophone qui, lui, se passait à Londres au cours de l'hiver 1938-39.
L'assassin habite au 21
Film français d'Henri-Georges Clouzot (1942)
Ma note est sévère et correspond honnêtement à une déception relative: j'attendais un peu plus de suspense et aussi de noirceur. Clouzot était néanmoins un portraitiste hors-pair: vous le vérifierez aisément en regardant (une fois encore) le génial Quai des orfèvres. Ma préférence reste à ses films glauques (et effrayants): Le corbeau et Les diaboliques sont deux bons exemples. Et j'en verrai d'autres...
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Si vous voulez creuser le sujet sans attendre...
Je vous recommande d'aller lire la chronique de "L'oeil sur l'écran". Notez qu'en complément, Dasola a pris le parti... d'évoquer le roman !
Jugement un peu dur en effet, la galerie de portraits portée par une interprétation hors pair des »seconds rôles » si chers au cinéma français des années 30/40 et la qualité des dialogues méritaient une étoile de plus, à mon sens. Le duo d’enquêteurs si particulier me fait d'ailleurs penser au couple de « The thin man » ou Myrna Loy et William Powel mêlaient légèreté et noirceur
RépondreSupprimerdans une série de films délicieusement loufoques à redécouvrir.
Ah oui 3 étoiles c'est dur.
RépondreSupprimerJ'aime bien cette fantaisie, les quiproquos et les allers retours entre les différentes chambres. Si je ne me trompe pas de film...
C'est dans ce film que Suzy Delair ne cesse d'appeler Pierre Fresnay mon biquet ?
@CC Rider:
RépondreSupprimerJe plaide coupable sur ma notation sévère. Ne m'en veuillez pas trop: je pense que mon jugement est aussi un peu dur du fait de ma connaissance toute relative de cet âge du cinéma français. Disons que je préfère les films des années 30 bercés par la mélancolie, à l'image d'un "Le jour se lève", par exemple.
Merci toutefois pour l'ajout d'autres références. J'ai tant à découvrir !
@Pascale:
RépondreSupprimerNon, non, tu ne te trompes pas de film...
Je ne peux pas vérifier, mais il me semble que c'est "bécasson", le mot utilisé par Suzy Delair.