lundi 16 mars 2020

L'école de la chair

Attention, grand écart ! J'en viens aujourd'hui à vous parler d'un film complètement différent du précédent, même s'il a aussi une héroïne féminine. Je me souvenais vaguement que Grave avait fait sensation lorsqu'il est sorti: j'ai dès lors eu envie, bien sûr, de voir pourquoi. J'ai souhaité me frotter à ce qu'on disait être "un petit phénomène"...

Jeune fille sage et élève brillante, Justine marche sur un chemin balisé par ses parents en étant admise dans une école vétérinaire. Elle y retrouve alors Alexia, sa grande soeur, ce qui ne l'empêche pas de subir un bizutage particulièrement éprouvant, où elle doit avaler un rein de lapin cru, bien qu'elle soit végétarienne. Cette "nourriture" affaiblit l'adolescente au point qu'elle développe aussitôt une urticaire géante. Cela dit, sa santé s'arrange assez vite, mais on constate alors avec elle que Justine change: sa peau redevenue lisse, elle est prise soudain d'un appétit vorace pour la viande sous toutes ses formes. Grave monte dans les tours. Autant le dire sans délai: ça va saigner !

Soyez prévenus: ce premier long-métrage d'une réalisatrice française ne fait pas dans le feutré, ce qui lui a d'ailleurs valu d'être interdit aux moins de 16 ans. Cela dit, la violence, le gore et le sexe explicite n'arrivent pas par hasard: c'est impressionnant, mais jamais gratuit. J'aimerais vous convaincre que Grave bénéficie d'une mise en scène d'une indéniable virtuosité, digne des meilleures références du genre. Dans une critique du Monde, j'ai lu: "Rares sont les premières œuvres aussi fiévreuses, aussi électrisantes, d'un romantisme aussi échevelé et d'une si complète désinhibition"... et cela résume bien mon avis. Une précision, toutefois: je ne veux pas réduire le tout à un exercice de style, si réussi soit-il au demeurant. Il y a une vraie personnalité artistique dans ces images fortes, aux couleurs souvent éclatantes. C'est une promesse pour l'avenir: il faut souhaiter que Julia Ducournau - qui a largement vendu son film à l'international - puisse enchaîner avec d'autres oeuvres marquantes. Et j'espère revoir aussi son actrice principale, Garance Marillier, excellente ici, du haut de ses... 19 ans !

Grave
Film français de Julia Ducournau (2017)

Allez... quatre étoiles pleines, avec une petite prime à la jeunesse ! Bien évidemment, des histoires comme celle-là, le cinéma en a vu d'autres: l'influence de Carrie et de Suspiria est tout à fait palpable. J'ai aussi songé à d'autres opus en "décalage": Le parfum, Morse, Only lovers left alive ou encore Les bonnes manières. Il faut croire que j'aime jouer à me faire peur. Oui, je crois, quand c'est efficace...

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Il a reçu un zéro pointé, aussi ?
Oui: c'est le score du film aux César 2018, où il était nommé six fois. Voici les catégories concernées... et les lauréats finalement choisis:
- réalisateur/trice: Albert Dupontel (Au revoir là-haut),
- espoir féminin: Camélia Jordana (Le brio),
- scénario original: Robin Campillo (120 battements par minute),
- son: O. Mauvezin, N. Moreau et S. Thiébaut (Barbara),
- musique originale: Arnaud Rebotini (120 battements par minute),
- premier film: Petit paysan (Hubert Charuel).

Pour finir, je vous propose de lire encore...
Les chroniques de Pascale et Princécranoir sont moins enthousiastes.

6 commentaires:

  1. Trés belle surprise en effet, et confirmation que le film d'horreur n'est pas la chasse gardée des anglo saxons...et que certains réalisateurs hexagonaux n'ont pas besoin de s'expatrier, comme Alexandre Aja pour exercer leur art dans ce genre si particulier

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  2. Ah oui, il avait fait grand bruit ce film qui ne m'a pas convaincue. J'y ai vu un empilement de scènes destinées à faire peur ou choquer… Ni l'un ni l'autre, selon moi.
    Malgré une actrice étonnante.

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  3. @CC Rider:

    Ah, merci de citer Alexandre Aja ! Il faudra que je lui redonne une chance.
    Je suis vraiment curieux de voir ce que Julia Ducournau va nous réserver par la suite !

    Et, effectivement, le film d'horreur n'est pas réservé aux Anglo-saxons.
    J'ai cité Dario Argento et je crois savoir que le cinéma asiatique a de la ressource.

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  4. @Pascale:

    L'actrice m'a bluffé, je dois dire. Quel abattage: elle se donne à son personnage !
    Je comprends ton manque d'enthousiasme, mais j'ai trouvé certaines scènes virtuoses côté mise en scène.

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  5. Je rejoins pas mal Pascale. Je trouve ce film si puéril en fait !

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  6. Hé, Tina ! Content de te lire !

    Puéril ??? Ce n'est pas le mot que j'utiliserai. Mais je comprends l'idée, je crois.
    Sur le fond, en tout cas. Parce que, sur la forme et l'interprétation, je trouve ça très maîtrisé.

    Après, évidemment, les goûts et les couleurs...

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