vendredi 20 décembre 2019

Une séparation

C'est inéluctable: un jour ou l'autre, enfants et parents se séparent. Dans Proxima, Eva Green est la maman d'une petite fille qu'elle va devoir quitter pendant une année pour faire son boulot: astronaute ! Oui, c'est en anticipant un peu sur l'histoire de la conquête spatiale que le film imagine l'envoi d'une mission sur Mars. C'est plutôt bien...

Ici, cependant, pas d'effets spéciaux: la caméra reste sur la Terre. Certes, il est probable que la réalité des préparatifs d'une opération de cette ampleur ne soit pas complètement exposée. Le scénario s'autorise quelques libertés, légitimées par la nécessité de faire sens dans un cadre bien précis: celui de cette intimité mère/fille chahutée par les événements. Cela dit, Proxima m'a aussi paru assez réaliste. Ce n'est pas la facette la plus "sexy" de la grande aventure martienne qui est illustrée, mais le tournage a bien eu lieu sur les vrais sites scientifiques que sont le Centre de formation des astronautes européens à Cologne, la Cité des étoiles - à environ trente kilomètres de Moscou - et la base de lancement de Baïkonour. Les deux facettes du récit (romanesque et pragmatique) s'entrecroisent en permanence. C'est sans aucun doute ce qui peut en faire l'originalité et la richesse. Du coup, l'absence d'images spectaculaires n'est JAMAIS un problème !

Sobre dans son jeu, Eva Green se sort très bien de son personnage. "Je ne voulais pas une mater dolorosa, a expliqué la réalisatrice. Eva a un côté combattante qui me plaisait bien (...). Elle a aussi un côté space et tous les astronautes que j'ai rencontrés ont ce côté geek. Avant même de s'entraîner, ils ne sont pas comme tout le monde !". Mission accomplie pour l'actrice, donc, il est vrai bien secondée aussi par une distribution internationale efficace, où vous pourrez croiser des visages connus: ceux de Matt Dillon, Sandra Hüller, Lars Eidinger ou même... de Thomas Pesquet ! L'occasion de rappeler que Proxima est également le nom de la mission qui a conduit notre héros national à passer six bons mois à bord de la Station spatiale internationale. Restons-en au cinéma, voulez-vous ? Je veux dire encore un mot élogieux pour Zélie Boulant-Lemesle, la petite actrice (débutante) présente dans le film: elle est à la fois très naturelle et touchante. Elle a été choisie parmi près de 300 gamines. Ses rêves de môme seraient-ils faits d'étoiles ? Après tout cela, j'ai très envie d'y croire...

Proxima
Film français d'Alice Winocour (2019)

"Le pari de mon film ? Parvenir à une vérité humaine par un processus immersif plutôt que par des effets démonstratifs": c'est une réussite. J'ai vu de plus belles choses cette année, mais ce long-métrage sensible et modeste mérite également qu'on s'y attarde un instant. Maintenant, si vous aimez l'espace du côté blockbusters, libre à vous de revoir Seul sur Mars, Ad Astra... et Gravity pour l'aspect féminin.

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6... 5... 4... 3... 2... 1... on va voir ailleurs ?

Le film fait également l'objet d'une chronique du côté de chez Pascale.

2 commentaires:

  1. Un bien beau film qui présente quand même la face cachée de la préparation. Ce n'est pas une partie de plaisir et les séquelles physiques et psychologiques sont bien expliquées.
    Le machisme ambiant, ok, on n'en parle pas.
    Eva Green est merveilleuse.

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  2. Effectivement, c'est intéressant de suivre les préparatifs de la mission.
    Quant à Eva, tu as raison: elle est vraiment très bien. Comme toujours, d'ailleurs.

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