Vous l'attendiez plus tôt ? La voici enfin ! La toute nouvelle chronique de Joss est une surprise: ma camarade a décidé d'évoquer avec vous son plaisir à la découverte d'un film étonnant. Je n'en dirai pas plus et lui cèderai donc la parole sans plus attendre... en vue plongeante !
Derniers essais dans l'océan Arctique pour le sous-marin atomique Seaview. À son bord, l'amiral Nelson, son concepteur, qui accueille une délégation du gouvernement américain. En plongée sous les glaces du pôle Nord, le Seaview est victime d'un éboulement et refait surface. L'équipage y découvre une vision apocalyptique, le ciel en feu et la glace en pleine désagrégation.
À la suite des dérèglements climatiques, la ceinture de Van Allen s'est embrasée, entraînant la montée de la température et bientôt la disparition de toute vie sur terre. Bravant les consignes de Washington, des positions très partagées à bord du sous-marin, ainsi que les pires périls abyssaux, l'amiral Nelson entreprend de partir détruire la ceinture de feu à partir du Seaview…
Pour cette rentrée, un film de science-fiction du début des années soixante m'a paru idéal pour nous mettre le cœur en joie. Avec un titre pareil ? Mais bien sûr, car voici, servie sur un plateau, une bonne dose de douceur. Comment ne pas se laisser envelopper dans ce cocon de scénario, mise en scène et effets spéciaux tellement kitsch que ça en est émouvant ? Ne réalisant sur ce blog que des chroniques autour de films que j'ai sincèrement appréciés, mon enthousiasme pour celui-là pourrait en surprendre plus d'un (je me suis étonnée moi-même), si ce n’est qu'Irwin Allen s'est fait plus d’une fois hautement remarquer.
Journaliste à ses débuts à Hollywood à la fin des années trente, il délaisse ses chroniques dix ans plus tard pour se consacrer à la production, à la radio puis pour le cinéma, et obtient en 1952 l'Oscar du Meilleur documentaire pour Cette mer qui nous entoure. Après Le monde perdu (1960), il connaît un grand succès avec Le sous-marin de l'apocalypse, et pas moins avec la série de 110 épisodes qu'il tirera du film trois ans plus tard. Les films "catastrophe" lui tenant décidément à cœur, on se souviendra encore d’Irwin Allen grâce à L’aventure du Poséidon et sa suite, Le dernier secret du Poséidon.
Dans Le sous-marin de l'apocalypse, nous voilà plongés dans un étrange réminiscence du roman Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne, desservie par l'intérieur d'un sous-marin tout à fait improbable. Il est surprenant qu'Irwin Allen se soit octroyé une telle liberté dans la configuration de ses plateaux, avec une largeur de vaisseau et des hauteurs de plafonds carrément risibles, un environnement très clair généralement dépourvu de conduits (avez-vous déjà visité un sous-marin ?). Quant aux quelques sorties de l'équipage sur le pont, elles sont tout bonnement incroyables: systématiquement éclairées avec des spots (et pas seulement le rouge de l’atmosphère en fusion) parme, doré, argenté, jaune, blanc, sur un sol de scène de théâtre parfaitement plat... on se croirait à un défilé de comédiens en fin de pièce !
Et la posture droite des acteurs n'arrange rien à l'affaire ! Jamais on ne les sentira physiquement: les femmes évoluent en talons, tailleurs moulants et jupes presque fourreau, les hommes portent des uniformes impeccablement repassés. Ne pas chercher le moindre pli ou la plus petite trace de transpiration ! Ajoutons aussi la scène de l'arrivée à Washington: les principaux membres d'équipage sont passés de l'intérieur du sous-marin aux escaliers de la Maison Blanche (ou autre bâtiment officiel) dans une ellipse carrément grossière, dans des tenues toujours aussi parfaites (la délégation semble monter les marches du Palais des festivals !). Là, j'ai franchement ri. Mais nous reviendrons plus en détail sur les effets spéciaux.
Côté scénario, on retrouve assez clairement les enjeux géopolitiques de l'époque, avec une Amérique du Nord qui se veut toute puissante (seule la force nucléaire militaire semble apte à régler un phénomène naturel colossal), mais ce qui m'a paru le plus intéressant, ce sont ces positions au final assez originales comme la décision du gouvernement qui n'est pas la bonne (même si, finalement, grâce à l'un de ses acteurs et experts scientifiques, c'est encore la voix des États-Unis qui porte positivement); l'absence d'effet de "guerre froide", remplacée par une lutte contre les éléments naturels; et enfin, cette inattendue mise en ridicule de la religion (un passager de dernière minute, seul rescapé et son chien sur une banquise qui se désagrège, s'oppose à la décision de l’amiral Nelson au nom de la volonté de Dieu !).
Revenons donc aux effets spéciaux. Évidemment, ils ont vieilli, mais à la base déjà, le sous-marin se dirige toujours de la droite vers la gauche, à la même "distance" de point de vue, en descente avec le même angle vertigineux, à la même vitesse et avec le même plan d'algues et de rochers. On se demande d'ailleurs à chaque fois s’il n'est pas en train de se projeter sur les fonds, mais non… c'est comme ça, dans les profondeurs abyssales, toujours éclairées de la même façon ! L'attaque du sous-marin vaut aussi son pesant d'attention: un vaisseau est envoyé par le gouvernement pour empêcher l'amiral de procéder au tir contre l'anneau de feu.
Mais ce qui m'a le plus interpelée, c'est finalement le décalage entre la durée de la poursuite entre sous-marins (toujours les mêmes images) et celle de l'attaque de la pieuvre. La vision des tentacules sur le cockpit n'est pas préjudiciable, mais la vitesse à laquelle le réalisateur expédie l'évènement est incroyable. Il y aurait pourtant eu à faire ! Le combat des hommes hors sous-marin est impayable. Cette fois d'une lenteur torride, il m'a rappelée les mauvais combats de cape et d'épée lorsque chaque acteur semble attendre que son voisin ait fini son action pour agir. Bref, après le vaisseau ennemi, cette pieuvre n'impressionne personne non plus. Le point commun entre les deux séquences réside surtout dans l'absence de rythme.
Alors, après toutes ces critiques, pourquoi avoir voulu dire du bien de ce film ? Tout simplement parce qu'en dépit de ses théories pseudo-scientifiques totalement farfelues, qui n’ont d'ailleurs rien à voir avec les préoccupations perfectionnistes de Jules Verne, et de ses effets spéciaux révolus, Le sous-marin de l'apocalypse fait du bien. Vous en apprécierez sûrement l'humour vous aussi, à travers la fantaisie des couleurs des combinaisons de plongée ou la promenade en piscine intérieure du requin (conduit par l'aileron comme en laisse). Et puis, ce récit d'aventure nourrit une vision théâtrale assez originale pour peu que l'on accepte de se laisser porter par le jeu généreux des acteurs. On y retrouve d'anciennes vedettes comme Joan Fontaine (Rebecca), Peter Lorre (Casablanca), Walter Pidgeon (Madame Miniver, Planète interdite) qui en font résolument du bon vintage.
À la suite des dérèglements climatiques, la ceinture de Van Allen s'est embrasée, entraînant la montée de la température et bientôt la disparition de toute vie sur terre. Bravant les consignes de Washington, des positions très partagées à bord du sous-marin, ainsi que les pires périls abyssaux, l'amiral Nelson entreprend de partir détruire la ceinture de feu à partir du Seaview…
Pour cette rentrée, un film de science-fiction du début des années soixante m'a paru idéal pour nous mettre le cœur en joie. Avec un titre pareil ? Mais bien sûr, car voici, servie sur un plateau, une bonne dose de douceur. Comment ne pas se laisser envelopper dans ce cocon de scénario, mise en scène et effets spéciaux tellement kitsch que ça en est émouvant ? Ne réalisant sur ce blog que des chroniques autour de films que j'ai sincèrement appréciés, mon enthousiasme pour celui-là pourrait en surprendre plus d'un (je me suis étonnée moi-même), si ce n’est qu'Irwin Allen s'est fait plus d’une fois hautement remarquer.
Journaliste à ses débuts à Hollywood à la fin des années trente, il délaisse ses chroniques dix ans plus tard pour se consacrer à la production, à la radio puis pour le cinéma, et obtient en 1952 l'Oscar du Meilleur documentaire pour Cette mer qui nous entoure. Après Le monde perdu (1960), il connaît un grand succès avec Le sous-marin de l'apocalypse, et pas moins avec la série de 110 épisodes qu'il tirera du film trois ans plus tard. Les films "catastrophe" lui tenant décidément à cœur, on se souviendra encore d’Irwin Allen grâce à L’aventure du Poséidon et sa suite, Le dernier secret du Poséidon.
Dans Le sous-marin de l'apocalypse, nous voilà plongés dans un étrange réminiscence du roman Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne, desservie par l'intérieur d'un sous-marin tout à fait improbable. Il est surprenant qu'Irwin Allen se soit octroyé une telle liberté dans la configuration de ses plateaux, avec une largeur de vaisseau et des hauteurs de plafonds carrément risibles, un environnement très clair généralement dépourvu de conduits (avez-vous déjà visité un sous-marin ?). Quant aux quelques sorties de l'équipage sur le pont, elles sont tout bonnement incroyables: systématiquement éclairées avec des spots (et pas seulement le rouge de l’atmosphère en fusion) parme, doré, argenté, jaune, blanc, sur un sol de scène de théâtre parfaitement plat... on se croirait à un défilé de comédiens en fin de pièce !
Et la posture droite des acteurs n'arrange rien à l'affaire ! Jamais on ne les sentira physiquement: les femmes évoluent en talons, tailleurs moulants et jupes presque fourreau, les hommes portent des uniformes impeccablement repassés. Ne pas chercher le moindre pli ou la plus petite trace de transpiration ! Ajoutons aussi la scène de l'arrivée à Washington: les principaux membres d'équipage sont passés de l'intérieur du sous-marin aux escaliers de la Maison Blanche (ou autre bâtiment officiel) dans une ellipse carrément grossière, dans des tenues toujours aussi parfaites (la délégation semble monter les marches du Palais des festivals !). Là, j'ai franchement ri. Mais nous reviendrons plus en détail sur les effets spéciaux.
Côté scénario, on retrouve assez clairement les enjeux géopolitiques de l'époque, avec une Amérique du Nord qui se veut toute puissante (seule la force nucléaire militaire semble apte à régler un phénomène naturel colossal), mais ce qui m'a paru le plus intéressant, ce sont ces positions au final assez originales comme la décision du gouvernement qui n'est pas la bonne (même si, finalement, grâce à l'un de ses acteurs et experts scientifiques, c'est encore la voix des États-Unis qui porte positivement); l'absence d'effet de "guerre froide", remplacée par une lutte contre les éléments naturels; et enfin, cette inattendue mise en ridicule de la religion (un passager de dernière minute, seul rescapé et son chien sur une banquise qui se désagrège, s'oppose à la décision de l’amiral Nelson au nom de la volonté de Dieu !).
Mais ce qui m'a le plus interpelée, c'est finalement le décalage entre la durée de la poursuite entre sous-marins (toujours les mêmes images) et celle de l'attaque de la pieuvre. La vision des tentacules sur le cockpit n'est pas préjudiciable, mais la vitesse à laquelle le réalisateur expédie l'évènement est incroyable. Il y aurait pourtant eu à faire ! Le combat des hommes hors sous-marin est impayable. Cette fois d'une lenteur torride, il m'a rappelée les mauvais combats de cape et d'épée lorsque chaque acteur semble attendre que son voisin ait fini son action pour agir. Bref, après le vaisseau ennemi, cette pieuvre n'impressionne personne non plus. Le point commun entre les deux séquences réside surtout dans l'absence de rythme.
Le sous-marin de l'apocalypse
Film américain d'Irwin Allen (1961)
Film américain d'Irwin Allen (1961)
Scénario : Irwin Allen et Charles Bennett
Photographie : Winton C. Hoch
Son : Alfred Bruzlin et Warren B. Delaplain
Montage : George Boemler et Roland Gross
Musique : Paul Sawtell et Bert Shefter
Production : Irwin Allen
Société de production : Windsor Production Inc.
Société de distribution : Twentieth Century Fox Film Corporation
Avec, dans les rôles principaux...
Walter Pidgeon - Amiral Harriman Nelson
Joan Fontaine - Dr Susan Hiller
Barbara Eden - Lieutenant Cathy Connors
Peter Lorre - Commander Lucius Emery
Robert Sterling - Capitaine Lee Crane
Michael Ansara - Miguel Alvarez
Frankie Avalon - Danny Romano
Regis Toomey - Dr Jamieson
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Chères lectrices, chers lecteurs, Joss pourrait vous revenir très vite ! Elle m'a assuré vouloir écrire une série de chroniques sur des biopics. Plus que jamais, je compte sur vous pour lui réserver un bon accueil !
Joss, quelle surprise de te voir chroniquer un film ancestral que je n'ai vu qu'à la télé il y a bien longtemps et que j'avais bien aimé. Tu l'as vraiment observé en détail. J'avoue ne plus me rappeler les trucages dont tu parles avec précision mais je sais que le grand Jules semble planer sur cette production sympathique. A bientôt.
RépondreSupprimerC'est gentil, Eeguab, d'avoir laissé ce petit mot pour Joss.
RépondreSupprimerElle est moins présente que moi sur le blog, mais je pense que ça lui fera plaisir.
Merci à toi Eeguab. Oui, comme l'a dit Martin, je ne suis pas très présente, mais je lis les commentaires même en différé et je suis ravie que tu aies pu ainsi redécouvrir un film ancien, peut-être vu dans ton enfance (lorsque cela m'arrive, j'en éprouve une vraie émotion, comme si je revenais dans la peau de celle que je ne suis plus !). Ce film, je l'ai découvert récemment grâce à Netflix (d'où la fraîche précision sur les trucages) et j'ai trouvé qu'il valait vraiment le détour. Du "grand Jules" comme tu dis, mais très revisité. J'ose le dire aussi, j'ai beaucoup souri ! A bientôt.
RépondreSupprimerAh, les films d'enfance ! C'est sacré, évidemment !
RépondreSupprimerD'ailleurs, mon plus vieux souvenir littéraire... c'était du Jules Verne !