samedi 21 juillet 2018

Une certaine rencontre

Je crois que c'est naturel: nous nous faisons tous une certaine idée des films avant de les voir. À mes yeux, le plaisir du cinéma tient notamment à ce qui vient après, quand arrive le moment de comparer ce qu'on a vu et ressenti avec ce qu'on avait imaginé. Et je dois dire aujourd'hui que L'autre côté de l'espoir est arrivé à me surprendre...

Le film tourne autour de deux personnages principaux, qu'il filme d'abord (et assez longuement) séparément. Le premier est syrien, arrivé clandestinement en Finlande pour fuir la guerre, après la mort sous les bombes de la plus grosse partie de sa famille. On apprend que Khaled est parti avec sa soeur Miriam, mais qu'il en a été séparé quelque part sur son chemin et qu'il fera donc tout pour la retrouver avant d'aller plus loin. De l'autre côté, Waldemar, lui, est finnois, VRP en chemises et tout juste séparé de sa femme (alcoolique). Efficace au jeu plutôt qu'en amour, il gagne une très grosse somme au poker et se décide à changer de vie, en rachetant un drôle de restaurant. Évidemment, Khaled et Waldemar finissent par se croiser. Je crois préférable de ne pas tout vous raconter ici. Comme d'habitude, oui...

Ce que je peux vous dire, c'est qu'en tournant ce film, qu'il présente d'ailleurs comme son dernier, Aki Kaurismäki reste fidèle à ses idées et à son style. À partir de faits réels et contemporains, il fabrique l'un des contes dont il a le secret. Il ne transforme pas son petit théâtre en tribune, mais le mélange d'humour, de tendresse et d'amertume révèle sans doute beaucoup sur le message qu'il entend faire passer. L'autre côté de l'espoir n'est pas un film politique dans le sens premier de la revendication: plus qu'engagé, c'est je crois un film engageant, qui met de la poésie dans le quotidien et, par la douceur de son récit, peut nous inciter à ouvrir les yeux, à réfléchir et à agir. Quelque chose me dit que cela ne peut pas plaire à tout le monde. Tant pis pour le consensus ! Pour ma part, j'ai vu un très bon film. J'étais vraiment ravi qu'il m'emmène là où je ne pensais pas aller. C'est évidemment pour moi l'une des caractéristiques du bon cinéma !

L'autre côté de l'espoir
Film finlandais d'Aki Kaurismäki (2017)

La manière dont ce film aborde la question des migrations étonne. Pour moi, c'est une surprise positive... et, très sincèrement, j'espère que vous la partagerez. Je sais à quel point le sujet est "sensible". Quitte à me répéter, je vous cite d'autres films qui l'évoquent frontalement (et différemment): Welcome, Rêves d'or, Desierto, Harragas, Eden à l'ouest... et je reste à l'écoute de vos suggestions !

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Si vous voulez vous enrichir d'autres avis...
Je vous en recommande certains, écrits par Pascale, Dasola et Strum.

16 commentaires:

  1. J'aime le ton Kaurismaki, bien spécifique. Et sa manière d'aborder un sujet pas facile et qui a donné lieu parfois à des films très pesants. Pas le cas chez le Finlandais dont j'ai pas mal de bons souvenirs sur la dizaine de films que j'ai vus. A bientôt Martin.

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  2. Je connais encore assez mal les films de ce réalisateur et j'ai hésité longuement avant de voir ce film, redoutant l'ennui, les bons sentiments, que sais-je encore. Et j'ai été totalement séduite lorsque je l'ai enfin vu. Une très belle réussite, et je ne m'y suis jamais ennuyée (ce que je redoutais le plus).

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  3. @Eeguab:

    Moi aussi, j'aime bien le ton Kaurismäki. J'espère pouvoir voir ses "vieux" films.
    Pourvu qu'il en fasse d'autres ! Je ne sais pas s'il peut compter sur des producteurs fidèles...

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  4. @Sentinelle:

    Je ne peux que t'encourager à découvrir plus largement ce cinéaste. Il a réalisé des perles !
    Si tu as aimé ce film, tu aimeras sans doute "Le Havre". D'autres films sont plus sombres.

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  5. Bonjour Martin, merci pour le lien à propos d'un film atypique. J'aime bien le style des films de Kaurismaki et j'apprécie qu'il soit fidèle à certains de ses acteurs. Bonne journée.

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  6. Avec plaisir, Dasola. Tu as raison de souligner que Kaurismäki est fidèle à une petite troupe.
    Ici, dans un petit rôle, on retrouve Kati Outinen, mais on découvre aussi quelques "petits nouveaux".

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  7. J'aime vraiment beaucoup Kaurismaki et son style très particulier. Il réussit ici ce qu'il avait raté avec Le Havre (son moins bon film à mon avis). Et pour le reste, que de réussites à son actif ! Je confirme ce que dit Martin, Sentinelle, te connaissant, tu ne peux qu'aimer Kaurismaki. Je te conseille en priorité son extraordinaire Homme sans passé.

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  8. Zut, j'oubliais, merci pour le lien Martin ! :)

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  9. @Strum concentré:

    Nous sommes bien d'accord. Je te remercie d'apporter de l'eau à mon moulin !
    Je dois dire que j'aimerais aussi découvrir d'autres films finlandais, à l'occasion.

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  10. @Strum oublieux:

    Pas d'souci: c'est toujours un plaisir, cher ami !

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  11. Merci de ton conseil, Strum !

    Martin citait également Le Havre. Il se trouve que je l'avais déjà vu et que je ne l'avais pas apprécié plus que cela. Du coup, j'ai un peu généralisé, ce qu'il ne faut bien évidemment jamais faire. Et je me suis longtemps tâtée avant de voir son dernier, avant de beaucoup l'apprécier, à mon plus grand étonnement.

    Bref, si tu dis que Le Havre est - a ton avis - son moins bon film, cela m'encourage d'autant plus à découvrir ses autres films que je n'ai pas encore vus :)

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  12. Autant dire que nous attendons déjà avec impatience tes futures chroniques, Sentinelle !

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  13. Ah oui j'avais eu honte de ne pas m'emballer face à l'engouement général.

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  14. Toi, j'ai l'impression que tu as du mal avec l'humour scandinave !

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  15. Ah c'est de l'humour ???
    Donc, oui, j'ai du mal.

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  16. Oui, je vois dans le style Kaurismäki une forme d'humour. La politesse du désespoir.
    Il est bien entendu que la plupart de ces histoires ont une tonalité tragique (au moins).

    Moi, j'aime, mais je comprends bien qu'on puisse ne pas être spécialement réceptif.

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