Ma chronique du jour nous ramène vers l'Amérique latine et un pays peu exploré jusqu'alors: la Colombie. Le choix de la culture intensive de la canne à sucre a largement favorisé le développement industriel local, mais il a également contraint des milliers de paysans à un exil forcé. La terre et l'ombre vient nous parler de ceux qui sont restés...
Le film s'ouvre en fait sur un retour: celui d'Alfonso, un cultivateur parti chercher fortune ailleurs que sur son lopin, mais qui s'est décidé à faire machine arrière... dix-sept ans plus tard ! Un choix accueilli avec froideur par Alicia, l'épouse qu'il avait jadis laissée derrière lui. Dans sa vieille maison, il y a aussi un fils très malade, une belle-fille qu'Alfonso n'a encore jamais rencontrée et un petit-fils à rassurer. Placée au coeur même de ce microcosme en clair-obscur, la caméra invite ainsi le spectateur à prendre en considération toute la réalité du dénuement absolu. La terre et l'ombre n'est toutefois pas un film misérabiliste: bien au contraire, il fait montre d'une grande dignité dans le traitement de ses personnages. J'ai d'ailleurs apprécié le fait qu'ils soient peu nombreux: les émotions s'en trouvent "concentrées" !
Une précision que je crois importante: il s'agit bien d'une fiction. Notez au passage que le réalisateur a été récompensé d'une Caméra d'or au Festival de Cannes 2015: un jury (spécifique) a donc estimé qu'il présentait le meilleur premier film, toutes sélections confondues. "J'ai voulu essayer de faire face à l'oubli, expliquait-il alors. Le film est né d'une douleur personnelle: j'ai perdu ma mère avec qui j'avais grandi seul et, en faisant ce film, je me suis dit que j'allais retrouver des êtres aimés. Ma famille". Attention: il est question de source d'inspiration, mais le récit n'est assurément pas autobiographique. C'est par le soin apporté à la mise en scène et une certaine retenue dans les dialogues qu'il se distingue - d'une manière très positive ! D'après moi, La terre et l'ombre appartient à ce cinéma qui dit beaucoup sans trop de bruit et avec peu de mots. Il ne juge pas utile de crier: c'est cette pudeur même qui en fait la force et la beauté. Quelque chose passe qui pourrait certes ressembler à un message politique, mais ce n'est pas vraiment le propos. À chacun d'en juger...
La terre et l'ombre
Film colombien de César Acevedo (2015)
Une oeuvre juste sur la vie rurale, comme l'était Le démantèlement. De par son côté taiseux, son origine latino-américaine et son nombre réduit de personnages, ce long-métrage rappelle aussi Les acacias. Pour le lien avec le sol natal, on est plus proche de La terre éphémère (ou bien de L'île nue, à la limite) que de Petit paysan. Désolé, je ne vois pas réellement de comparaison adéquate. Et vous ?
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Si vous souhaitez un autre éclairage...
Vous pouvez également aller voir ce qu'en a pensé mon ami Eeguab.
Le film s'ouvre en fait sur un retour: celui d'Alfonso, un cultivateur parti chercher fortune ailleurs que sur son lopin, mais qui s'est décidé à faire machine arrière... dix-sept ans plus tard ! Un choix accueilli avec froideur par Alicia, l'épouse qu'il avait jadis laissée derrière lui. Dans sa vieille maison, il y a aussi un fils très malade, une belle-fille qu'Alfonso n'a encore jamais rencontrée et un petit-fils à rassurer. Placée au coeur même de ce microcosme en clair-obscur, la caméra invite ainsi le spectateur à prendre en considération toute la réalité du dénuement absolu. La terre et l'ombre n'est toutefois pas un film misérabiliste: bien au contraire, il fait montre d'une grande dignité dans le traitement de ses personnages. J'ai d'ailleurs apprécié le fait qu'ils soient peu nombreux: les émotions s'en trouvent "concentrées" !
Une précision que je crois importante: il s'agit bien d'une fiction. Notez au passage que le réalisateur a été récompensé d'une Caméra d'or au Festival de Cannes 2015: un jury (spécifique) a donc estimé qu'il présentait le meilleur premier film, toutes sélections confondues. "J'ai voulu essayer de faire face à l'oubli, expliquait-il alors. Le film est né d'une douleur personnelle: j'ai perdu ma mère avec qui j'avais grandi seul et, en faisant ce film, je me suis dit que j'allais retrouver des êtres aimés. Ma famille". Attention: il est question de source d'inspiration, mais le récit n'est assurément pas autobiographique. C'est par le soin apporté à la mise en scène et une certaine retenue dans les dialogues qu'il se distingue - d'une manière très positive ! D'après moi, La terre et l'ombre appartient à ce cinéma qui dit beaucoup sans trop de bruit et avec peu de mots. Il ne juge pas utile de crier: c'est cette pudeur même qui en fait la force et la beauté. Quelque chose passe qui pourrait certes ressembler à un message politique, mais ce n'est pas vraiment le propos. À chacun d'en juger...
La terre et l'ombre
Film colombien de César Acevedo (2015)
Une oeuvre juste sur la vie rurale, comme l'était Le démantèlement. De par son côté taiseux, son origine latino-américaine et son nombre réduit de personnages, ce long-métrage rappelle aussi Les acacias. Pour le lien avec le sol natal, on est plus proche de La terre éphémère (ou bien de L'île nue, à la limite) que de Petit paysan. Désolé, je ne vois pas réellement de comparaison adéquate. Et vous ?
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Si vous souhaitez un autre éclairage...
Vous pouvez également aller voir ce qu'en a pensé mon ami Eeguab.
Hello Martin. Merci pour le lien.Tu sais tout le bien que je pense de ce cinéma. Un cinéma tout en pudeur. Nouis sommes d'accord. Je t'écris prochainement. A bientôt.
RépondreSupprimerUne vraie belle surprise, pour moi. Je ne sais même plus ce qui a déclenché mon envie de voir le film.
RépondreSupprimerEn tout cas, je suis heureux de nous savoir sur la même longueur d'ondes, une nouvelle fois.
Et maintenant, j'attends impatiemment de tes nouvelles ! Merci d'avance et à bientôt, ami cinéphile !