jeudi 12 juillet 2018

Aparté islandais

J'en suis d'autant plus désolé que c'est de fait la toute première fois que cela arrive: je n'ai que modérément apprécié Back soon, un film de Sólveig Anspach - dont, en général, le travail me plaît davantage. Attention: rien n'est vraiment mauvais dans cette (troisième) fiction de la cinéaste franco-islandaise. J'ai été moins "réceptif", c'est tout...

Le dépaysement est garanti: cette fois, la réalisatrice nous conduit droit vers son pays de glace et de feu. Nous y retrouvons son actrice fétiche, Ditta Jónsdóttir, dans le rôle culte d'Anna, poétesse, mère célibataire de deux garçons déjà grands et vendeuse de marijuana ! L'intéressée entend justement faire autre chose de sa vie et compte vendre sa clientèle à un loulou quelconque, qui accepterait donc d'offrir une grosse somme d'argent en échange... des numéros contenus dans le répertoire d'un téléphone portable. Ce banal objet possède une importance capitale dans Back soon: à vous de découvrir pourquoi. À vrai dire, c'est un peu light, mais assez loufoque, aussi...

Jusqu'au générique final, et je le dis positivement, nous sommes plongés dans un univers personnel, à la fois proche et (très !) décalé des réalités de notre monde. On peut tout à fait comprendre qu'Anna veuille en garder le meilleur et s'échapper du reste. L'étrange scénario laisse passer un soupçon de désespoir: Back soon évoque rapidement quelques sujets plutôt sensibles, tels que le suicide ou la parentalité non assumée. Surprise: il les aborde également sur le ton de l'humour. Et même si l'hilarité n'est pas de mise, il faut reconnaître qu'il y a ici quelque chose que j'apparente à une vraie personnalité artistique. Quand on a la fâcheuse habitude des rires en boîte que nous imposent nombre de pseudo-comédies, on se dit que ce n'est déjà pas si mal. Bref, malgré mes bémols, il n'est assurément pas interdit de sourire !

Back soon
Film franco-islandais de Sólveig Anspach (2008)

C'est vrai qu'on peut le voir indépendamment, mais le long-métrage s'inscrit comme le premier des volets de la "trilogie fauchée" produite par Sólveig Anspach, la suite venant avec Queen of Montreuil (2013) et L'effet aquatique (2016). Vous l'aurez compris: ma préférence irait plutôt vers ces deux autres films, que j'ai découverts "dans l'ordre". Libre à vous de choisir Lulu femme nue ou... la cinéaste elle-même !

6 commentaires:

  1. Je crois que le seul que j'ai vraiment aimé c'est Lulu femme nue.
    Je n'avais vraiment pas aimé du tout du tout Queen Of Montreuil et un peu aimé L'effet aquatique.
    Je trouve son actrice fétiche vraiment mauvaise.

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  2. Sólveig Anspach a fait d'autres films, dont "Haut les coeurs !": j'en ai entendu du bien.
    Je me souvenais que tu n'aimais pas "Queen of Montreuil". Les goûts et les couleurs...

    Cette réalisatrice avait son petit univers: cela ne fonctionne pas à tous les coups.

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  3. Ah oui Haut les coeurs est excellent avec déjà Karin Viard d'ailleurs. Ça s'explique peut-être...
    Je la trouve donc meilleure quand elle fait moins dans la loufoquerie.
    Ce "petit univers : ne m'atteint pas. Toute cette gentillesse et cette solidarité j'ai beaucoup de mal à y croire.

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  4. Je comprends. C'est aussi pour cela que je parle de réceptivité au début de ma chronique.
    Pas sûr que cette gentillesse et cette solidarité existent telles qu'elles sont ici représentées, bien sûr.

    Je suis cependant sensible à ce décalage, que, par simplification, j'assimile à une vision nordique des choses.
    Ce n'est pas aussi caricatural dans la vraie vie, mais j'y vois parfois des échos avec le cinéma d'Aki Kaurismäki.

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  5. J'ai ce film en souffrance ("lulu femme nue" aussi), mais je ne m'y suis pas encore collé. J'avais beaucoup aimé "l'effet aquatique", découvrant ainsi tardivement le cinéma de cette cinéaste partie trop tôt.

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  6. "L'effet aquatique" m'avait plu également, d'autant que j'aime beaucoup Samir Guesmi !
    "Lulu femme nue" est un film très touchant également, mais je dirais dans une autre veine.

    Je suis d'accord avec toi pour dire que Sólveig Anspach est partie trop tôt. Elle me manque.

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