Les plus fidèles parmi vous s'en souviendront: ma première rencontre avec le cinéma d'Ernst Lubitsch s'était soldée par une semi-déception. Depuis que j'en ai débattu ici fin septembre, je me disais qu'il fallait que je donne une autre chance à ce réalisateur. C'est chose faite ! Aujourd'hui, c'est avec joie que je vais vous parler de Rendez-vous...
D'emblée, une petite précision s'impose: comme cela arrive parfois avec les films anciens, cet opus produit à la toute fin des années 30 fait désormais parler de lui sous son titre original, titre que je trouve d'ailleurs nettement plus attractif: The shop around the corner. Cette "boutique du coin de la rue" est celle de M. Matuscheck, homme d'âge mûr spécialisé dans les sacs et accessoires de maroquinerie. Elle fait le bonheur de la clientèle des beaux quartiers de Budapest. Tous tirés à quatre épingles, une demi-douzaine d'employés zélés travaillent à la réussite d'un patron à l'ancienne, digne et exigeant. Alfred Kralik est l'un d'entre eux, expérimenté et d'une efficacité redoutable. À ses yeux, c'est ce qui lui permet, en plus d'une position hiérarchique favorable, de prendre de haut la dernière recrue en date. Klara Nowak n'a pourtant pas les deux pieds dans le même sabot ! Rapidement, on apprendra que, sous sa morgue, l'arrogant Kralik dissimule une plus grande fragilité, reliée à son célibat persistant. Miss Nowak arrange-t-elle cette "situation" ? À votre tour d'en juger...
Je vous assure juste que Rendez-vous est un petit film charmant. Cela tient pour beaucoup au duo vedette: j'ai pris un très grand plaisir à découvrir Margaret Sullavan et encore eu une occasion de vérifier tout le bien que je pensais déjà du génial James Stewart. J'ajoute sans hésiter que le reste de la distribution est à l'unisson: il est vrai que les situations et dialogues ciselés font merveille, mais le constat est d'autant plus flagrant que la troupe affiche une belle complicité. Plus de trois quarts de siècle plus tard, c'est très touchant, a fortiori parce que le scénario s'intéresse principalement aux petites gens. L'humanité qui en émane est un peu un cadeau de Noël avant l'heure. Incontestablement, nous sommes ici face à ce que le vieux cinéma hollywoodien offre de meilleur. Un plaisir dont je ne suis pas lassé ! Utiliser le mot "chef d'oeuvre" n'est pas forcément une mauvaise idée. Il faut bien dire que l'on passe par toute une série de jolies émotions. Visiblement sûr de lui, Ernst Lubitsch affirmait: "Pour la comédie humaine, je n'ai rien produit d'aussi bon". Je pense que tout est dit...
Rendez-vous
Film américain d'Ernst Lubitsch (1940)
Après Jeux dangereux, c'était donc une occasion de retrouvailles sympathiques avec le cinéaste. Je suis bien content, désormais ! Cette école de la comédie romantique est celle d'autres réalisateurs que j'apprécie, comme Billy Wilder (cf. La garçonnière par exemple). Longtemps, on a pu en trouver quelques échos chez d'autres artistes de cinéma. Je veux notamment citer Blake Edwards (Victor Victoria).
----------
Si vous souhaitez en savoir (ou en voir) davantage...
Je vous envoie illico chez Ideyvonne ou du côté de "L'oeil sur l'écran".
D'emblée, une petite précision s'impose: comme cela arrive parfois avec les films anciens, cet opus produit à la toute fin des années 30 fait désormais parler de lui sous son titre original, titre que je trouve d'ailleurs nettement plus attractif: The shop around the corner. Cette "boutique du coin de la rue" est celle de M. Matuscheck, homme d'âge mûr spécialisé dans les sacs et accessoires de maroquinerie. Elle fait le bonheur de la clientèle des beaux quartiers de Budapest. Tous tirés à quatre épingles, une demi-douzaine d'employés zélés travaillent à la réussite d'un patron à l'ancienne, digne et exigeant. Alfred Kralik est l'un d'entre eux, expérimenté et d'une efficacité redoutable. À ses yeux, c'est ce qui lui permet, en plus d'une position hiérarchique favorable, de prendre de haut la dernière recrue en date. Klara Nowak n'a pourtant pas les deux pieds dans le même sabot ! Rapidement, on apprendra que, sous sa morgue, l'arrogant Kralik dissimule une plus grande fragilité, reliée à son célibat persistant. Miss Nowak arrange-t-elle cette "situation" ? À votre tour d'en juger...
Je vous assure juste que Rendez-vous est un petit film charmant. Cela tient pour beaucoup au duo vedette: j'ai pris un très grand plaisir à découvrir Margaret Sullavan et encore eu une occasion de vérifier tout le bien que je pensais déjà du génial James Stewart. J'ajoute sans hésiter que le reste de la distribution est à l'unisson: il est vrai que les situations et dialogues ciselés font merveille, mais le constat est d'autant plus flagrant que la troupe affiche une belle complicité. Plus de trois quarts de siècle plus tard, c'est très touchant, a fortiori parce que le scénario s'intéresse principalement aux petites gens. L'humanité qui en émane est un peu un cadeau de Noël avant l'heure. Incontestablement, nous sommes ici face à ce que le vieux cinéma hollywoodien offre de meilleur. Un plaisir dont je ne suis pas lassé ! Utiliser le mot "chef d'oeuvre" n'est pas forcément une mauvaise idée. Il faut bien dire que l'on passe par toute une série de jolies émotions. Visiblement sûr de lui, Ernst Lubitsch affirmait: "Pour la comédie humaine, je n'ai rien produit d'aussi bon". Je pense que tout est dit...
Rendez-vous
Film américain d'Ernst Lubitsch (1940)
Après Jeux dangereux, c'était donc une occasion de retrouvailles sympathiques avec le cinéaste. Je suis bien content, désormais ! Cette école de la comédie romantique est celle d'autres réalisateurs que j'apprécie, comme Billy Wilder (cf. La garçonnière par exemple). Longtemps, on a pu en trouver quelques échos chez d'autres artistes de cinéma. Je veux notamment citer Blake Edwards (Victor Victoria).
----------
Si vous souhaitez en savoir (ou en voir) davantage...
Je vous envoie illico chez Ideyvonne ou du côté de "L'oeil sur l'écran".
Un des chefs-d'oeuvre de Lubitsch, à la fois drôle et émouvant, un film plein d'humanité comme tu dis. J'en profite pour redire que, non, les grands films hollywoodiens ne sont pas "vieux". :)
RépondreSupprimerOups ! Suis-je donc indécrottable ? Pour ma défense, je dirais que tu prêtes à mon "vieux" une connotation péjorative que, dans le cas présent, je n'ai pas mise.
RépondreSupprimerNous sommes d'accord sur les très grandes qualités du film. C'est l'essentiel, non ?
Je ne vérifie pas mais il me semble que cette Shop around The corner fait partie de mon top ten de tous le temps.
RépondreSupprimerJe ne savais même pas que ça s'appelait Rendez vous... Je comprends pourquoi maus que c'est moche.
Quel embrouillamini ! Que de quiproquos et malentendus. Un régal
J'aurais beaucoup de mal à faire un top ten de tous les temps.
RépondreSupprimerCela étant dit, c'est tout à fait clair: ce film, c'est vraiment de la crème !
On pourrait même presque penser à un film de Capra ! ;)
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il y a quelques points communs entre les deux réalisateurs.
RépondreSupprimerLeur humanité, leur regard doux et utopique sur le monde et... leur amitié avec James Stewart.
Bonjour Martin, d'abord très bonnes fêtes de fin d'année. Et sinon, The Shop around the Corner est un bijou. A voir, à revoir et à conseiller. J'ai même vu une adaptation théâtrale à Paris il y a quelques années qui était très honorable. Bonne après-midi.
RépondreSupprimerC'est "marrant" que tu parles de ce film, je suis actuellement en train de rédiger la critique de son remake !
RépondreSupprimerSinon c'est un très chouette film, à voir !! :D
@Dasola:
RépondreSupprimerRavi de trouver en toi une défenseuse du film !
En pièce de théâtre, ça doit être assez sympa aussi, effectivement.
Belle fin d'année à toi également !
@Tina:
RépondreSupprimerLa coïncidence est amusante, c'est vrai.
Au plaisir de te lire, donc, et content de voir "Rendez-vous" faire l'unanimité.