mardi 19 décembre 2017

Au fils disparu

On dit parfois qu'il n'y a pas de drame plus effroyable pour des parents que de perdre un enfant. Assez plombant, c'est le sujet d'un film surprenant (et que j'avais laissé passer au cinéma): Valley of love. Contrairement à ce que le titre suggère, il s'agit d'un long-métrage français, tourné dans la Vallée de la Mort, vaste désert de Californie !

Si ce drôle d'objet cinéma a su faire parler de lui, c'est probablement d'abord parce qu'il s'appuie sur Isabelle Huppert et Gérard Depardieu. Incontournable référence du septième art made in France, le tandem n'avait plus joué ensemble depuis... 35 ans ! J'ai trouvé appréciable que, pour ces retrouvailles, il s'attaque à un scénario assez original. Jugez plutôt: Isabelle et Gérard - oui, ils portent ce nom dans le film - forment un couple de parents, mais sont séparés, ayant refait leur vie chacun de son côté. Le difficile et très inattendu voyage qu'ils font ensemble ne tient qu'à leur intention de respecter la dernière volonté de leur fils disparu, qui, par l'intermédiaire d'une lettre, leur a promis qu'il reviendrait brièvement d'entre les morts, pour les revoir réunis une dernière fois. Oui, Valley of love a quelque chose d'ésotérique...

En fait, pour évaluer le spectacle à sa juste valeur, je crois préférable d'oublier un peu notre nature rationnelle et ainsi de se laisser aller. L'oeuvre n'est pas vraiment d'essence contemplative, mais elle offre une expérience sensorielle, en marge des codes du vraisemblable. L'observation de ce deuil nous embarque ailleurs, en nous renvoyant vers nos propres représentations de la mort et de ce qui peut arriver ensuite (ou pas). Sur le plan formel, Valley of love est une réussite incontestable, avec quelques images magnifiques et une bande-son discrètement envoûtante. Je ne suis pas certain qu'une telle création "fonctionne" avec tout le monde: vous n'aurez qu'à essayer, tiens ! Pour ma part, j'avoue que j'ai mis un moment avant de m'y immerger vraiment, mais j'ai alors trouvé sa singularité fascinante. C'est aussi parce qu'il m'emmène en territoire inconnu que j'aime tant le cinéma. Et cette fois, autant le dire: je n'ai pas tenu à revenir tout de suite...

Valley of love
Film français de Guillaume Nicloux (2015)
Une précision: on est bien loin ici de l'illustration déchirante du deuil telle qu'elle s'exprime dans La chambre du fils (un autre beau film). Malgré le changement de décor, le côté fantastique de cet opus rappellerait plutôt les moments les plus sensibles de Vers l'autre rive. Comparaison n'est pas raison, mais L'arbre peut être une variation naturaliste. Ou, à la limite, Sous le sable, dans un tout autre genre...

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8 commentaires:

  1. J'ai reçu ce DVD en cadeau a Noël dernier et je n'ai pas encore réussi à le revoir. Mais je viens de revoir la BA bouleversante et je vais prendre mon courage à deux mains car finalement c'est de l'émotion positive. Après tout on ne peut rien faire contre l'évidence...alors ce voyage avec ces 2 "monstres" au nirvana de leur perfection c'est "que du bonheur".
    Quel courage pour Gérard qui a perdu Guillaume. Je suis convaincue que la minuscule Isabelle l'a soutenue.
    C'est un film unique, hors normes. Le meilleur sans doute à propos de ce deuil dont je ne comprends toujours pas ce qu'il signifie (quand ça s'arrête, quand ça commence...).
    Et cette musique comme une promesse que ça va arriver...

    J'ai un empêchement pour voir Ghost story aujourd'hui mais j'ai hâte.

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  2. Vu à sa sortie et plutôt apprécié le climat de ce film, un comble pour la Vallée de la Mort. Mais de ton avis, uen e spréience à ne pas faire toutes les semaines. A bientôt cher ami.

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  3. @Pascale:

    Ouais... je crois comprendre le pourquoi du comment de ta "non-réussite". Cela dit, si tu le regardes une seconde fois, je t'avoue que je serai curieux de savoir si ton avis a changé.

    Depardieu et Huppert, que je respecte mais dont ne suis pas toujours, sont impeccables ici. Tu as raison de souligner que cela fait écho à la vie de Gérard... et je pense comme toi qu'Isabelle a dû l'aider à gérer toutes ces émotions. Je trouve très juste aussi ce que tu dis de la musique, qui m'a fait le même effet sans que je puisse trouver les mots que tu as utilisés. Merci.

    "A ghost story"... j'espère que nous en reparlons.

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  4. @Eeguab:

    Certes non, je ne regarderai un tel film tous les sept jours !
    Pour autant, comme Pascale, je n'exclus pas de le revoir.

    Je suis comme toi: j'ai apprécié le climat. Je parlerais même d'atmosphère.

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  5. Je ne croyais pas que j'aimerais ce film, et puis ça a fonctionné, j'ai adoré. Les acteurs y sont pour beaucoup, ils sont tous les deux bouleversants.

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  6. Comme quoi, c'est toujours intéressant de dépasser ses a priori.
    Tu as raison, Chonchon: les acteurs sont pour beaucoup dans la réussite de ce drôle de film.

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  7. Ce film m'avait bouleversée ! A priori "simple" mais pourtant, il se passe vraiment quelque chose dans le sens où y a une magie, des sensations folles. Pascale évoque A Ghost Story : mais bien sûr, le parallèle est juste en plus !

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  8. Oui, ce film de facture simple parvient à embarquer le spectateur avec lui.
    J'ai très envie de voir "A ghost story", mais ça s'annonce compliqué pour l'instant...

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