mardi 10 octobre 2017

Jean...

Je vous le disais il y a un bon mois, c'est-à-dire quelques semaines après la mort de Claude Rich: je n'ai pas du tout la fibre nécrologique. Pourtant, l'annonce hier de la disparition de Jean Rochefort m'a ému. Ce grand monsieur du théâtre et du cinéma français me manque déjà. Il voulait qu'on se souvienne de lui comme d'un "comédien amateur"...

Plusieurs autres mots s'imposent à mon esprit quand je pense à lui. Quelque chose restera en moi de son élégance, de ses talents multiples et de son sens consommé de l'autodérision. De son rapport aux femmes et à la vie aussi, sans nul doute, et aux chevaux encore, que je n'ai jamais tant admirés qu'au travers de son regard d'esthète. Je n'oublierai pas non plus sa faculté à rester sérieux dès que le sujet l'exigeait, par exemple pour évoquer le sort réservé aux Françaises accusées de collaboration avec l'ennemi et tondues à la Libération. Jean Rochefort nous aimait toutes et tous, je crois, et c'était bien. Son humanité est certainement le plus beau cadeau qu'il nous a fait...

La première photo que j'ai choisie me laisse avec cette impression qu'il n'aurait probablement pas voulu qu'on le pleure trop longtemps. Je le pleurerai donc, mais pas trop longtemps. Mon sourire reviendra en grand, c'est sûr, dès que je le reverrai dans ses oeuvres, Zébulon charmeur à nul autre pareil. Je repenserai alors à la force souveraine de son détachement face aux lauriers de la gloire (cf. l'autre image !), à ses inénarrables blagues d'éternel jeune homme et à l'affection quasi-paternelle qu'il offrait à certains de ceux qui ont suivi sa voie sous le feu ardent des projecteurs. S'il existe un paradis quelconque pour les saltimbanques, je me dis qu'il a désormais dû y retrouver quelques vieux copains et, parmi eux, son très cher Philippe Noiret. C'est une idée réconfortante. And the show must go on, après tout ! Adieu, mon ami Jean que j'ai applaudi sur scène: je t'aimais bien. Tout là-haut et dans mon cœur, ta belle étoile n'a pas fini de briller...

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La blogosphère est en deuil...

J'ai vu des hommages chez Pascale, Dasola, Sentinelle et Ideyvonne.

14 commentaires:

  1. Il était toujours impeccable. Même si le docu d'hier soir a montré un côté sombre voire franchement oodieux. Je n en revenais pas. Merci Patrice Leconte:-('
    Ce n'est pas ce que je retiendrai de lui ni son dernier film...
    Il était drôle la plupart du temps avec un humour pince sans rire parfois désabusé qui cachait une grande timidité.
    Il aimait ses semblables mais comme il le dit dans la vidéo que j'ai mise sur mon blog, l'humanité lui faisait de la peine... Je comprends ça mille fois. C'était un solitaire qui a trouvé un grand réconfort auprès des chevaux.
    Nous le verrons souvent à la télé. Ce soir Un éléphant... je crois où il a porté la mauvaise foi à des sommets !

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  2. J'ai bien pensé à toi, Martin, sachant à quel point tu appréciais cet acteur. Nous l'avons vu une dernière fois au cinéma dans Floride de Philippe le Guay, avec Sandrine Kiberlain, tu t'en souviens sans doute.

    Je n'ai pas vu hier soir le docu dont parle Pascale et c'est tant mieux. Je suis encore traumatisée après le film "Moi, Peter Sellers" de Stephen Hopkins, on ne m'y reprendra plus.

    Un acteur plein de charme, et qui n'aurait eu aucune mal à me séduire, enfin je pense :)

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  3. @Pascale:

    Je ne veux me souvenir que du meilleur. L'homme avait ses faiblesses et pouvait, c'est vrai, se montrer étrangement détestable. Je me rappelle notamment d'une pique particulièrement violente sur Mimie Mathy, qui n'avait rien demandé. Je note cependant qu'après coup, il s'était publiquement excusé.

    Le reste du temps, la fantaisie de Jean Rochefort faisait merveille et le transformait en une sorte de grand-père canaille. Franchement, je crois que c'est cela qui restera, avec son impeccable moustache et la malice de ses yeux pétillants.

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  4. @Sentinelle:

    Bien sûr que je me souviens de "Floride", un film imparfait qu'il avait su sublimer.
    Comme toi, je ne cherche pas à connaître les côtés obscurs d'un tel personnage. À quoi bon casser le mythe ?

    Sa manière de séduire lui est toute personnelle, portée par un peu de folie douce.
    Avoir eu la chance de le voir sur scène est assurément l'un de mes meilleurs souvenirs au théâtre.

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  5. Très bel hommage, Martin. C'est une chance pour toi d'avoir pu le voir au théâtre. J'écoutais hier une émission où il s'exprimait sur certains films "moins bons" pour lequel il avait travaillé... Sur près de 150 films (si je ne me trompe pas trop), il fallait bien qu'il y en ait de moins bons... Bref, il disait qu'il appelait ce genre de travail, des films "avoines et son", qui lui servait surtout à nourrir ses chevaux ! A la question de savoir s'il avait des regrets de les avoir fait, il a répondu "non, mais je demande au chevaux de mâcher lentement"
    Merci Martin pour le partage.

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  6. Merci à toi, Valérie, pour ces mots gentils et pour être venue saluer la mémoire de Monsieur Jean.

    Effectivement, il ne cachait pas avoir tourné quelques films alimentaires... pour ses chevaux. Je note d'ailleurs qu'ils ne les citaient jamais, assumant tout, riant de ses égarements artistiques. Il ne crachait pas dans la soupe. J'espère pouvoir reparler de son travail bientôt, en évoquant si possible quelques-uns de ses classiques.

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  7. Bonsoir Martin, merci pour cet hommage pour un monsieur délicieux qui avait beaucoup de classe. Bonne soirée.

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  8. Merci à toi, surtout, d'être venu me lire ! Nous sommes d'accord, je vois.
    Bonne soirée à toi aussi, chère Dasola.

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  9. Bravo Martin ! Joli texte pour un joli humain ! Je l'aimais bien Jean ! ... et du coup, je suis triste un peu (quand bien même il ne le voulait pas), c'est bête, je ne le connaissais pas mais il me me manque déjà un peu...
    Stéphanie

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  10. Très bel hommage sur un acteur hors du commun, une personnalité mémorable :(

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  11. @Stéphanie:

    Merci d'être passée par ici ! Je vois que tu nous sommes sur la même longueur d'ondes.
    Je dois dire que cela ne me surprend pas. Cela me réjouit. Revoyons les films pour nous consoler !

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  12. @Tina:

    Hors du commun, c'est vrai, et malgré tout si proche des gens dits ordinaires.
    Merci à toi, Tina, d'être passée ici pour honorer la mémoire de Monsieur Jean !

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  13. Quelle classe ce Jean Rochefort, et quel talent pour me mettre en joie ! Je conserverai Le Mari de la Coiffeuse comme un bijou.
    Merci pour ce bel hommage.

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  14. Merci à toi de ton intérêt de lectrice, Joss !
    Je crois que Monsieur Rochefort mettait en joie tout le monde. Et "Le mari de la coiffeuse" pourrait faire son retour...

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