Autant le redire d'emblée: je ne suis pas forcément dingue du cinéma de Christopher Nolan. Je suis presque allé voir Dunkerque à reculons. Finalement, je me suis laissé convaincre par mon père, passionné d'histoire et qui connaissait bien cette page de la seconde guerre mondiale. Et je ne peux pas dire que j'ai regretté de m'être déplacé...
Un mot sur les "faits réels". Le 20 mai 1940, les batailles menées jusqu'alors ont conduit une bonne partie des troupes britanniques, canadiennes, belges et françaises à être coincées sur les plages. Soucieux de la suite du conflit, l'état-major britannique décide alors de conduire une grande opération d'évacuation, tandis que l'armée française tente de retenir l'ennemi dans la ville. Deux semaines durant, des bateaux vont venir chercher les soldats et les emmener vers l'Angleterre. Des navires et équipages civils sont réquisitionnés. 338.226 hommes seront sauvés, soit... 7,5 fois plus que prévu ! Dunkerque - le film - donne une petite idée de cet exploit militaire...
L'une des bonnes idées du film, en adéquation parfaite avec une lubie de son réalisateur, consiste à éclater le récit en trois narrations distinctes. On nous invite à suivre ce qui se passe sur les plages pendant une semaine. Juste après, on nous propose de monter à bord d'un bateau parti d'Angleterre et de vivre une journée de son périple. Enfin, on devient le copilote d'un avion de chasse, ce qui nous conduit à traverser une heure de reconnaissance et de bataille aériennes. Bien sûr, à un moment donné, ces sous-intrigues se combinent ! J'aimerais rassurer les sceptiques sur un point précis: Dunkerque demeure toujours très lisible à qui se laissera guider par la caméra...
Beaucoup se sont exprimés avant moi pour dire que ce blockbuster assumé n'était pas vraiment un film de guerre. L'idée est d'expliquer qu'il s'agit plutôt d'un film de survie. Pas faux: cette reconstitution reste très évasive sur le contexte général et préfère nous plonger directement au coeur de la mêlée, aux côtés des simples troufions. Est-ce intelligent ou non ? Chacun jugera. C'est immersif, en tout cas. Tout en nous épargnant le rouge hémoglobine, Dunkerque retranscrit avec force toute la vigueur de la bataille et l'animalité fondamentale de ces situations. Pas (ou trop peu) de temps pour souffler ! On peut regretter toutefois que l'ennemi ne soit jamais montré directement...
L'opération Dynamo, telle que les Britanniques l'ont désignée, s'inscrit pour eux comme un temps fort de la guerre. Or, même s'il travaille aujourd'hui aux États-Unis, Christopher Nolan est lui-même anglais. Cela étant dit, je n'ai pas senti dans son film le patriotisme exacerbé que certains lui reprochent (et je m'en passe, pour être honnête). Franchement, tout est carré, solide et efficace: du vrai bon boulot ! Mais cela pêche un peu du point de vue émotionnel: aussi bien fait soit-il, porté par des images fortes et très bien sonorisé, Dunkerque est un film plutôt froid. Aussi, après coup, aucun de ses personnages ne me manquait vraiment. Je n'en ferai donc pas un incontournable...
Dunkerque
Film américano-britannique de Christopher Nolan (2017)
Comme à beaucoup d'autres cinéphiles, Il faut sauver le soldat Ryan me revient à l'esprit comme un possible long-métrage comparable. Attention: j'ai vu le film de Steven Spielberg depuis trop longtemps pour faire un juste parallèle. Et il ne parle pas de la même opération ! Pour retrouver Dynamo, mais du point de vue des troupes françaises cette fois, je retiens Week-end à Zuydcoote (Henri Verneuil / 1964).
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Le film a en tout cas un vrai succès sur la blogosphère...
Il est chez Pascale, Dasola, Tina, Sentinelle, Princécranoir et Strum.
L'une des bonnes idées du film, en adéquation parfaite avec une lubie de son réalisateur, consiste à éclater le récit en trois narrations distinctes. On nous invite à suivre ce qui se passe sur les plages pendant une semaine. Juste après, on nous propose de monter à bord d'un bateau parti d'Angleterre et de vivre une journée de son périple. Enfin, on devient le copilote d'un avion de chasse, ce qui nous conduit à traverser une heure de reconnaissance et de bataille aériennes. Bien sûr, à un moment donné, ces sous-intrigues se combinent ! J'aimerais rassurer les sceptiques sur un point précis: Dunkerque demeure toujours très lisible à qui se laissera guider par la caméra...
Beaucoup se sont exprimés avant moi pour dire que ce blockbuster assumé n'était pas vraiment un film de guerre. L'idée est d'expliquer qu'il s'agit plutôt d'un film de survie. Pas faux: cette reconstitution reste très évasive sur le contexte général et préfère nous plonger directement au coeur de la mêlée, aux côtés des simples troufions. Est-ce intelligent ou non ? Chacun jugera. C'est immersif, en tout cas. Tout en nous épargnant le rouge hémoglobine, Dunkerque retranscrit avec force toute la vigueur de la bataille et l'animalité fondamentale de ces situations. Pas (ou trop peu) de temps pour souffler ! On peut regretter toutefois que l'ennemi ne soit jamais montré directement...
L'opération Dynamo, telle que les Britanniques l'ont désignée, s'inscrit pour eux comme un temps fort de la guerre. Or, même s'il travaille aujourd'hui aux États-Unis, Christopher Nolan est lui-même anglais. Cela étant dit, je n'ai pas senti dans son film le patriotisme exacerbé que certains lui reprochent (et je m'en passe, pour être honnête). Franchement, tout est carré, solide et efficace: du vrai bon boulot ! Mais cela pêche un peu du point de vue émotionnel: aussi bien fait soit-il, porté par des images fortes et très bien sonorisé, Dunkerque est un film plutôt froid. Aussi, après coup, aucun de ses personnages ne me manquait vraiment. Je n'en ferai donc pas un incontournable...
Dunkerque
Film américano-britannique de Christopher Nolan (2017)
Comme à beaucoup d'autres cinéphiles, Il faut sauver le soldat Ryan me revient à l'esprit comme un possible long-métrage comparable. Attention: j'ai vu le film de Steven Spielberg depuis trop longtemps pour faire un juste parallèle. Et il ne parle pas de la même opération ! Pour retrouver Dynamo, mais du point de vue des troupes françaises cette fois, je retiens Week-end à Zuydcoote (Henri Verneuil / 1964).
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Le film a en tout cas un vrai succès sur la blogosphère...
Il est chez Pascale, Dasola, Tina, Sentinelle, Princécranoir et Strum.
Bonjour Martin, j'ai été agréablement surprise par le film même si je n'ai pas été aussi émue que ce que j'attendais. Cela reste un peu "clinique" et puis les Français sont quand même très absents. Bonne après-midi.
RépondreSupprimerJ'ai été agréablement surpris, moi aussi. C'est quand même une vraie leçon de mise en scène.
RépondreSupprimerChristopher Nolan s'est expliqué sur les bémols que tu soulèves. Je ne lui en tiens pas rigueur.
Il me semble que toutes les réserves que je lis ici et là ne font que renforcer les qualités du film. Pas de patriotisme, concentration sur l'évacuation, pas de personnage central etc. Le personnage du jeune soldat qui 'SPOILER- échappe 10 fois à la mort m'a touchée.
RépondreSupprimerUn GRAND film qui risque d'être dans mon top annuel.
Je suis d'ailleurs retourner le voir pour m'assurer que je m'étais pas laissé emballer par Tom...
RépondreSupprimerC'était encore mieux la 2eme fois.
Retournée
RépondreSupprimerJe NE
@Pascale 1:
RépondreSupprimerJe peux comprendre et, comme toi, j'aime l'idée qu'il n'y ait pas de personnage central.
Pas de patriotisme, c'est vrai, mais c'est quand même un film qui exalte une certaine forme d'héroïsme.
@Pascale 2:
RépondreSupprimerCe qui est certain, c'est que c'est un film taillé pour le grand écran !
Quitte à le voir une seconde fois, tu as bien fait de le revoir dans un cinéma.
@Pascale 3:
RépondreSupprimerAh, les interventions magiques du Coréen...
Moi non plus, je ne suis pas une grande fan de Nolan mais, sans dire que ça fait partie de mon top, j'ai été très surprise par Dunkerque qui aurait pu se limiter à un exercice de style.
RépondreSupprimerC'est vrai. Compte tenu du parti pris immersif, je dois dire que le film est très réussi.
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