L'art est sûrement l'une des meilleures machines à remonter le temps. J'ai - depuis longtemps - l'envie de plonger plus souvent dans le passé du cinéma pour y découvrir les perles d'antan, à l'image de Loulou. Muet, mais disponible en copie restaurée, ce long-métrage est l'un des premiers classiques produits en Allemagne. Un in-con-tour-nable !
Loulou - le personnage - est une femme moderne des années 20. Libre de toute attache, elle fréquente un homme de la haute société en passe de se marier, ce qui fait évidemment désordre dans la vie rangée dudit bourgeois. Aux dépens de la morale, la jolie garçonne fait pourtant oublier sa rivale et peut épouser le bon docteur Schön. Dit ainsi, ça n'a l'air de rien, mais la tragédie est déjà en marche ! Bien plus explicite, la référence à la boîte de Pandore du titre original allemand (Die Büchse der Pandora) annonçait d'ores et déjà la suite. Cela dit, pas question pour moi de tout vous révéler: j'ose espérer que cette modeste chronique saura vous convaincre de la découvrir seuls, en regardant le film. Bien entendu, les valeurs des hommes étant par nature changeantes, le comportement de la "pauvre" Loulou paraît presque dérisoire aujourd'hui. Mais, dès lors que l'on se remet dans le contexte du film, on peut en percevoir l'incroyable modernité.
Ce grand portrait de femme doit bien sûr beaucoup à Louise Brooks. L'actrice américaine tournait alors pour la première fois en Europe. L'histoire retient qu'à la ville, elle avait peu ou prou la même attitude que son personnage, ce qui l'aurait rendu assez difficile à gérer. Nonobstant cette anecdote, sa prestation vaut à elle seule le détour vers cette histoire, dont le fait de n'entendre aucune parole renforce finalement la puissance évocatrice. Chose inattendue: sans me faire d'illusion sur le destin promis à l'anti-héroïne, j'ai trouvé que Loulou offrait aussi une espèce de suspense. Bien qu'inspiré de deux pièces de théâtre et surtout tourné en intérieurs, le film nous promène allégrement de Berlin à Londres, en passant par Le Caire. Ce récit intemporel est aussi celui de la fuite en avant d'une femme éprise d'une certaine forme de liberté et soucieuse d'abord de vivre sa vie. C'est bien assez, je crois, pour traverser les âges et séduire encore...
Loulou
Film allemand de Georg Wilhelm Pabst (1929)
Pour en terminer, je me permets de vous faire remarquer que le film est aussi le contemporain... des débuts du cinéma parlant (1927) ! G.W. Pabst travailla de nouveau avec Louise Brooks pour son opus suivant (Le journal d'une jeune fille perdue) et resta fidèle au muet jusqu'en 1930. Tout ça me rappelle les splendeurs d'un autre cinéaste allemand, Friedrich Wilhelm Murnau, j'ai nommé L'aurore et Tabou...
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Un regard complémentaire ?
"L'oeil sur l'écran" nous parle du film et... de comment il fut censuré. Les ciseaux français avaient alors altéré la nature des personnages !
Loulou - le personnage - est une femme moderne des années 20. Libre de toute attache, elle fréquente un homme de la haute société en passe de se marier, ce qui fait évidemment désordre dans la vie rangée dudit bourgeois. Aux dépens de la morale, la jolie garçonne fait pourtant oublier sa rivale et peut épouser le bon docteur Schön. Dit ainsi, ça n'a l'air de rien, mais la tragédie est déjà en marche ! Bien plus explicite, la référence à la boîte de Pandore du titre original allemand (Die Büchse der Pandora) annonçait d'ores et déjà la suite. Cela dit, pas question pour moi de tout vous révéler: j'ose espérer que cette modeste chronique saura vous convaincre de la découvrir seuls, en regardant le film. Bien entendu, les valeurs des hommes étant par nature changeantes, le comportement de la "pauvre" Loulou paraît presque dérisoire aujourd'hui. Mais, dès lors que l'on se remet dans le contexte du film, on peut en percevoir l'incroyable modernité.
Ce grand portrait de femme doit bien sûr beaucoup à Louise Brooks. L'actrice américaine tournait alors pour la première fois en Europe. L'histoire retient qu'à la ville, elle avait peu ou prou la même attitude que son personnage, ce qui l'aurait rendu assez difficile à gérer. Nonobstant cette anecdote, sa prestation vaut à elle seule le détour vers cette histoire, dont le fait de n'entendre aucune parole renforce finalement la puissance évocatrice. Chose inattendue: sans me faire d'illusion sur le destin promis à l'anti-héroïne, j'ai trouvé que Loulou offrait aussi une espèce de suspense. Bien qu'inspiré de deux pièces de théâtre et surtout tourné en intérieurs, le film nous promène allégrement de Berlin à Londres, en passant par Le Caire. Ce récit intemporel est aussi celui de la fuite en avant d'une femme éprise d'une certaine forme de liberté et soucieuse d'abord de vivre sa vie. C'est bien assez, je crois, pour traverser les âges et séduire encore...
Loulou
Film allemand de Georg Wilhelm Pabst (1929)
Pour en terminer, je me permets de vous faire remarquer que le film est aussi le contemporain... des débuts du cinéma parlant (1927) ! G.W. Pabst travailla de nouveau avec Louise Brooks pour son opus suivant (Le journal d'une jeune fille perdue) et resta fidèle au muet jusqu'en 1930. Tout ça me rappelle les splendeurs d'un autre cinéaste allemand, Friedrich Wilhelm Murnau, j'ai nommé L'aurore et Tabou...
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Un regard complémentaire ?
"L'oeil sur l'écran" nous parle du film et... de comment il fut censuré. Les ciseaux français avaient alors altéré la nature des personnages !
Hello Martin, je l'ai vu il y a longtemps mais j'en ai de très bons souvenirs. Grand film.
RépondreSupprimerStrum
Bonjour Martin. Un grand film. Et je suis particulièrement ravi que ta curiosité te pousse vers les oeuvres du patrimoine international. Quant à L'aurore, pour n'en citer qu'un, je l'ai découvert tard. Mais quelle merveille! Actuellement je regarde beaucoup les films de Bergman, devant en parler cet automne à l'IUTA (Institut Universitaire Tous Ages.A+.
RépondreSupprimer@Strum:
RépondreSupprimerPour être franc, je ne suis pas sûr que j'en parlerai vraiment comme d'un grand film. Disons que ce dont je suis presque certain, c'est de son importance dans l'histoire du cinéma, tant pour les idées qu'il développe que pour le jeu de Louise Brooks. Nuance subtile... je coupe sans doute un peu les cheveux en quatre, à vrai dire.
@Eeguab:
RépondreSupprimerEt moi, je suis ravi de ton commentaire, merci ! Oui, tu l'as compris: les films de cette envergure m'intéressent, surtout dans l'idée de mieux connaître et comprendre l'histoire du cinéma. Je suis toujours fasciné par la créativité des artistes d'antan, qui avaient de fait moins de moyens techniques à leur disposition.
Tu titilles mon envie de découvrir plus largement la filmographie d'Ingmar Bergman. J'ai fait mon baptême bergmanien avec mon association, en découvrant "Persona" fin 2014 (cf. mon index à droite). Sachant que j'ai toute une collection de DVDs de ce réalisateur, je vais bien finir par y revenir.
Intéressante, ton anecdote avec l'IUTA. J'espère que tu en parleras sur ton blog le moment venu !
J'ai presque honte... je ne l'ai pas vu je crois et pourtant Loulou c'est elle... et j'ai toujours eu envie d'avoir ses cheveux.
RépondreSupprimerJe ne comprends pas ta phrase... le Schön doit se marier avec une autre et finalement il épouse Lou ? Je croyais que c'était un vieux schnock ! Ah non je confonds avec L'ange bleu.
Je ne veux pas trop en dévoiler, mais oui, Loulou épouse Schön. La suite, tâche de la découvrir seule. Quelque chose me dit que le film devrait te plaire...
RépondreSupprimerIl faut que je revoie "L'ange bleu", que j'ai dû apercevoir au collège ou au lycée, à une époque où j'étais encore largement ciné-inculte et dans des conditions peu propices.
Tu voudrais dire que le Schön est beau et qu'il risque de me plaire :-)
RépondreSupprimerÀ toi de voir et/ou d'attendre pour d'autres avis que le mien, mais sur ce dernier point, j'ai un doute certain. En revanche, le bon docteur a un fiston qui...
RépondreSupprimerHello,
RépondreSupprimerS'agissant de Bergman, son plus beau film est pour moi Fanny et Alexandre. C'est le seul de lui que j'aime vraiment beaucoup. Grand film. :)
Sourire d'une nuit d'été serait un début léger et agréable. Jeux d'été et Monika sont aussi biens, même si Monika contient déjà des moments plus sombres. J'aime Le Septième Sceau, plus métaphorique, et à part dans son oeuvre. Les Fraises sauvages, incontournable, fait le lien avec la période austère et dure qui suit et que je n'aime guère (sauf Persona).
Je déconseille ainsi de commencer Bergman par Cris et Chuchotements, qui appartient à cette période, et est un film particulièrement dérangeant, qui m'a longtemps écarté de Bergman. D'autres films sont presque aussi durs : L'Heure du loup (du Lynch avant l'heure), A travers le miroir, Le Silence, sont glaçants.
Quant à l'Aurore de Murnau, c'est un des plus beaux films que j'ai vus. Chef d'oeuvre absolu.
Strum
On s'est écarté du sujet, pour le coup, mais merci pour toutes ces références bergmaniennes, l'ami. J'en ai quelques-unes dans ma collection, ce qui confirmera donc qu'il est grand temps que je m'y (re)mette. Une bonne résolution pour l'automne ?
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