mardi 19 juillet 2016

Rêver, nager, aimer...

Je ne sais plus trop comment j'ai appris la mort de Sólveig Anspach. Seule certitude: la nouvelle m'a bien attristé et c'est avec inquiétude qu'ensuite, j'ai attendu L'effet aquatique, son tout dernier film. D'après moi, la belle personnalité de la cinéaste franco-islandaise manquera au cinéma français. Mais je n'écris pas pour faire pleurer...

Pour ceux à qui cela aurait échappé, je précise que cet ultime opus pourrait être une pseudo-suite de Queen of Montreuil, sorti en 2013. On y retrouve les mêmes personnages, dont Agathe, jeune veuve remise de son deuil (?) et devenue prof de natation. Autre retour apprécié: celui de Samir, le grutier, fasciné par la belle au moment où... elle rembarrait sèchement un autre homme. Cette France-là n'existe probablement que dans le film, mais peu importe, au fond ! C'est précisément ce décalage poétique que j'apprécie dans le cinéma original de Sólveig Anspach. Je connais encore trop mal ses travaux pour en faire une constante de sa filmographie, mais tout de même...

Dans les dialogues tout comme dans les situations, ce décalage existe bel et bien dans L'effet aquatique ! Il en résulte un ton unique. Franchement, ce n'est pas tous les quatre matins que le cinéma invente un homme capable de faire semblant de ne pas savoir nager pour séduire. Il n'est pas très fréquent non plus de voir Roméo prendre une fausse identité et un avion vers l'Islande pour rejoindre Juliette à un congrès de maîtres-nageurs, au cours duquel il proposera une solution de relance pour le processus de paix israélo-palestinien. Voilà le genre de "folies" que l'on peut commettre dans ce joli film ! Mieux: Florence Loiret-Caille et Samir Guesmi nous laissent croire qu'elles sont possibles, avec de la conviction et quelques sourires. L'optimisme dissipe tous les obstacles: c'est une très belle conclusion.

L'effet aquatique
Film français de Sólveig Anspach (2016)

Avis aux amateurs: on retrouve ici une partie de la troupe aperçue dans les films précédents et notamment des seconds rôles attachants tels Ditta Jónsdóttir, Philippe Rebbot et Bouli Lanners (en photo !). Difficile, vraiment, de trouver d'autres films comparables. Le style pudique et minimaliste peut à la rigueur faire penser à La délicatesse ou à La tendresse. Mais dans une version plus rêveuse, à vrai dire...

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Si vous voulez rester dans les mêmes eaux...

Je vous recommande la lecture de la chronique de Princécranoir.

10 commentaires:

  1. Une jolie balade remplie d'humour et de tendresse qui nous es adressée en guise d'adieu. On aurait tort de ne pas répondre à ce dernier très beau geste de la cinéaste. Merci pour le lien :-)

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  2. J'ai pris beaucoup de plaisir à voir ce film et si on ne peut que déplorer la disparition de la réalisatrice, le fait qu'elle nous lègue un tel cadeau en guise d'adieu me réchauffe le cœur. Je ne savais pas que la plupart des acteurs principaux étaient déjà présents dans Queen of Montreuil, voilà un film que je vais essayer de voir prochainement !

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  3. @Princécranoir:

    Pas d'quoi et ravi de voir que nous sommes d'accord ! En fait, ce film m'a d'autant plus touché que j'avais eu l'occasion d'échanger quelques minutes au téléphone avec Sólveig Anspach après "Lulu femme nue". J'ai repensé à ce moment où elle m'avait parlé de ses projets, visiblement sans certitude absolue de pouvoir les mener à bien. J'ai relu tout ça avec émotion après sa disparition...

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  4. @Sentinelle:

    Cela me fait plaisir aussi de lire que tu es du même avis que moi sur les qualités du film. Je ne peux que t'encourager à découvrir "Queen of Montreuil" pour y retrouver une petite partie de ceux qui formaient la tribu de Sólveig Anspach.

    Pour ma part, je dois dire que j'aimerais aussi pouvoir remonter le cours de sa filmographie pour retrouver les oeuvres de ses débuts. On verra bien si l'occasion m'en est offerte et, si ce n'est pas le cas, il est possible que j'aille fureter dans les rayonnages DVD d'un magasin un de ces jours...

    Une certitude à ce stade: cette réalisatrice avait vraiment une belle humanité.

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  5. Je n'avais tellement pas aimé Queen of Montreuil que je n'ai pas osé plonger.

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  6. Je ne saurais pas dire si tu as bien fait ou pas. Il me semble que la petite musique de "L'effet aquatique" n'est pas tout à fait la même que celle de "Queen of Montreuil". C'est pour ça que j'ai parlé de pseudo-suite. Les autres te diront peut-être ce qu'ils en pensent.

    De là à imaginer que ça puisse te plaire...

    Bon, en tout cas, toi qui aimes les beaux garçons, tu as donc raté Samir Guesmi en maillot de bain !

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  7. Oui Samir est très tentant
    Mais comment tu sais que j'aime les beaux garçons ? Je me serais laissé aller ?

    Super dvd à gagner chez moi. Les bonnes réponses ont déjà été trouvées😃

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  8. Si peu, Pascale, si peu... et, en plus du reste, Samir Guesmi joue vraiment bien !

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  9. BELIEU Josselyne25 octobre 2016 à 11:02

    Un moment magnifique. Et très touchée par le départ de cette créatrice de grand talent. Je me répète mais vous l'ignorez : j'avais déjà écrit un commentaire sûrement mal enregistré ! Alors, je reviens sur ce film que j'ai vraiment apprécié à des tas d'égards. Un vrai bon moment sans mièvrerie. Une seconde partie peut-être avec quelques longueurs, mais si peu. J'ai souri et franchement ri. J'y ai trouvé de la poésie à la Aki Kaurismäki avec un rythme néanmoins empreint de verve française. J'y ai puisé de l'énergie.

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  10. Aaaaaaaaah ! Tu y es arrivée ! Well done, Joss !
    C'est vrai qu'il y a quelque chose de kaurismäkien, dans ce petit film. L'air du nord, je suppose...

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