Mon chef était plutôt étonné quand je lui ai fait part de mon intention d'aller voir un western roumain. C'était pourtant bien le programme annoncé de mon association cinéma pour ouvrir sa saison 2015-2016. Aferim ! ne provient pas des archives d'une cinémathèque: il est sorti dans son pays d'origine en mars et chez nous en août. L'Ours d'argent de la Berlinale avait récompensé le réalisateur, Radu Jude, en février.
Cette escapade en Valachie me laisse sur des sentiments mitigés. L'histoire qu'elle raconte nous ramène en 1835: la Roumanie actuelle n'existe pas encore et, bien qu'officiellement autonome, le territoire dont il est question dans le film est toujours sous influence ottomane. Puisqu'il abrite en réalité un important maelström de populations diverses et variées, il est aussi un creuset d'inimitiés ethniques. L'esclavage y a cours, au bénéfice des boyards et autres élites locales, figés dans un modèle social proche de la féodalité du moyen-âge français. Dans ce contexte historique, Aferim ! a pour simili-héros deux hommes, un père et son fils, à la poursuite d'un troisième, soupçonné d'avoir volé son seigneur, tout en profitant des charmes naturels de son épouse. Le type même du comportement déviant ! Parce qu'en plus de tout, le contrevenant est gitan, il est bien illusoire qu'il attire la mansuétude de qui que ce soit. La suite vous le dira...
Revenons donc à mes sentiments mitigés. Je n'ai pas vu un film aimable au premier sens du terme: le scénario laisse peu d'espoirs véritables aux personnages, contraints de vivoter dans un système replié sur lui-même, sans la plus petite perspective d'évolution. Honnêtement, pour ce qui est d'un divertissement du vendredi soir après une grosse semaine de boulot, on a fait mieux ! La manière dont le film aborde son sujet, quasi-ethnologique, mérite toutefois quelques éloges sincères: ce n'est pas tous les jours que le cinéma permet de découvrir cette époque sous de tels horizons. Si austère soit-il, Aferim ! dispose d'un atout majeur: sa très belle photo. Outil de réalisme autant que de distanciation, le noir et blanc sublime encore ces remarquables images. Bien des choses ont lieu à l'intérieur du cadre, mais l'essentiel reste toujours très lisible. Il m'aura manqué un soupçon de souffle picaresque pour m'enthousiasmer franchement.
Aferim !
Film roumain de Radu Jude (2015)
Devant pareil spectacle, il n'est pas interdit et même plutôt conseillé de faire quelques comparaisons avec la situation actuelle de l'Europe. Moins violentes, nos sociétés ne sont pas forcément plus égalitaires. Deux - petits - siècles ont passé: qu'on les appelle réfugiés, migrants ou nomades, les gens qui voyagent ont toujours un côté suspect. D'autres Roms, à une autre époque ? Vous en verrez dans... Liberté.
Cette escapade en Valachie me laisse sur des sentiments mitigés. L'histoire qu'elle raconte nous ramène en 1835: la Roumanie actuelle n'existe pas encore et, bien qu'officiellement autonome, le territoire dont il est question dans le film est toujours sous influence ottomane. Puisqu'il abrite en réalité un important maelström de populations diverses et variées, il est aussi un creuset d'inimitiés ethniques. L'esclavage y a cours, au bénéfice des boyards et autres élites locales, figés dans un modèle social proche de la féodalité du moyen-âge français. Dans ce contexte historique, Aferim ! a pour simili-héros deux hommes, un père et son fils, à la poursuite d'un troisième, soupçonné d'avoir volé son seigneur, tout en profitant des charmes naturels de son épouse. Le type même du comportement déviant ! Parce qu'en plus de tout, le contrevenant est gitan, il est bien illusoire qu'il attire la mansuétude de qui que ce soit. La suite vous le dira...
Revenons donc à mes sentiments mitigés. Je n'ai pas vu un film aimable au premier sens du terme: le scénario laisse peu d'espoirs véritables aux personnages, contraints de vivoter dans un système replié sur lui-même, sans la plus petite perspective d'évolution. Honnêtement, pour ce qui est d'un divertissement du vendredi soir après une grosse semaine de boulot, on a fait mieux ! La manière dont le film aborde son sujet, quasi-ethnologique, mérite toutefois quelques éloges sincères: ce n'est pas tous les jours que le cinéma permet de découvrir cette époque sous de tels horizons. Si austère soit-il, Aferim ! dispose d'un atout majeur: sa très belle photo. Outil de réalisme autant que de distanciation, le noir et blanc sublime encore ces remarquables images. Bien des choses ont lieu à l'intérieur du cadre, mais l'essentiel reste toujours très lisible. Il m'aura manqué un soupçon de souffle picaresque pour m'enthousiasmer franchement.
Aferim !
Film roumain de Radu Jude (2015)
Devant pareil spectacle, il n'est pas interdit et même plutôt conseillé de faire quelques comparaisons avec la situation actuelle de l'Europe. Moins violentes, nos sociétés ne sont pas forcément plus égalitaires. Deux - petits - siècles ont passé: qu'on les appelle réfugiés, migrants ou nomades, les gens qui voyagent ont toujours un côté suspect. D'autres Roms, à une autre époque ? Vous en verrez dans... Liberté.
Mmmm... j'avoue que ça ne me tente pas trop ! :D
RépondreSupprimerDans le style bizarre je vous conseille "quand les colts sonnent le glas" de Niklos Koskolos qui comme le nom du réalisateur le laisse entendre est un western grec sorti en 70 en France. Attirés par une affiche trés western spaghetti, nous fumes nombreux à l'époque à nous demander pourquoi les protagonistes portés tous des patronymes dignes des meilleurs péplums
RépondreSupprimer@Chonchon:
RépondreSupprimerJe peux comprendre. C'est très déroutant, comme film. Et assez pointu, finalement.
@CC Rider:
RépondreSupprimerJe note. Merci ! Des noms grecs dans un western au look spaghetti, c'est plutôt rigolo à imaginer. Tout ça me rappelle que les réalisateurs italiens usaient parfois de pseudonymes anglo-saxons pour signer leurs westerns à eux.