Le cinéma indien est le plus productif du monde, mais je ne crois pas qu'il soit également celui qui s'exporte le mieux. Si je suis allé voir Titli - Une chronique indienne, c'est d'abord par curiosité. Je savais vaguement qu'il était question de deux grands frères qui organisent un mariage forcé pour leur benjamin, mais j'attendais autre chose que ce que j'ai vu. Une violence explicite et continue traverse le film.
Titli, c'est le titre, oui, et c'est aussi le prénom du personnage principal, ce jeune adulte à qui on entend donc imposer une épouse. Lui rêve plutôt de quitter son abominable famille, ses frères aînés voleurs de voitures et meurtriers, mais également son père impassible et oisif, figée dans le pseudo-culte de sa femme disparue et d'un grand-père fantôme. J'avais imaginé que le scénario m'inciterait à avoir pitié de ce brave garçon, prisonnier des siens. Grossière erreur: si le personnage cherche bien le meilleur moyen d'enfin vivre sa vie, il n'a visiblement ni état d'âme, ni attention véritable vis-à-vis de ce qui peut arriver aux autres. L'intrigue progresse lentement et révèle petit à petit que, sous l'apparence d'une victime, se cache un esprit aussi sombre que celui des autres. Malgré quelques maladresses, le long-métrage s'avère très efficace pour illustrer les brusques poussées de fièvre de son prétendu héros.
Même s'il est plein de couleurs, Titli est donc bel et bien un film noir. Les acteurs sont excellents, alors même que certains sont amateurs. Parmi eux, le réalisateur a fait appel à son père: "Le film est devenu un concentré de mes trente premières années et de ma relation compliquée avec lui. J'avais fait le pari de m'en débarrasser... et j'ai réalisé qu'inconsciemment, je devenais de plus en plus comme lui. Physiquement, je m'en étais détaché, mais l'oppresseur que j'essayais de fuir était profondément enraciné en moi". Un tel discours valide parfaitement la conviction de ceux qui considèrent le long-métrage comme le récit d'une lente émancipation. Je dois alors vous avouer que je suis beaucoup moins optimiste: même si la toute fin du film laisse une petite porte ouverte à la rédemption et au changement véritable, je ne crois guère que le personnage puisse échapper durablement à un funeste destin. Cela dit, c'est très certainement aussi de cette incertitude que peut venir l'intérêt à découvrir ce film. Si vous vous sentez assez "solides", je ne peux que vous le conseiller.
Titli - Une chronique indienne
Film indien de Kanu Behl (2014)
Il faut reconnaître au réalisateur un vrai talent: son premier film dénote singulièrement avec les habituelles productions de l'Inde. Surtout tourné en extérieurs, le long-métrage frappe fort et juste. J'ai pensé à une petite influence des frères Coen. Kanu Behl, lui, cite plutôt Jacques Audiard - ça se tient, notamment pour Sur mes lèvres. Après coup, face au déterminisme social, je pense aussi à Bullhead.
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Cool ! Aujourd'hui, je peux compter sur un avis contraire...
Pascale parait avoir beaucoup - oui, BEAUCOUP - moins accroché. Objectivement, ce qu'elle dit sur la vision des femmes est très juste.
Titli, c'est le titre, oui, et c'est aussi le prénom du personnage principal, ce jeune adulte à qui on entend donc imposer une épouse. Lui rêve plutôt de quitter son abominable famille, ses frères aînés voleurs de voitures et meurtriers, mais également son père impassible et oisif, figée dans le pseudo-culte de sa femme disparue et d'un grand-père fantôme. J'avais imaginé que le scénario m'inciterait à avoir pitié de ce brave garçon, prisonnier des siens. Grossière erreur: si le personnage cherche bien le meilleur moyen d'enfin vivre sa vie, il n'a visiblement ni état d'âme, ni attention véritable vis-à-vis de ce qui peut arriver aux autres. L'intrigue progresse lentement et révèle petit à petit que, sous l'apparence d'une victime, se cache un esprit aussi sombre que celui des autres. Malgré quelques maladresses, le long-métrage s'avère très efficace pour illustrer les brusques poussées de fièvre de son prétendu héros.
Même s'il est plein de couleurs, Titli est donc bel et bien un film noir. Les acteurs sont excellents, alors même que certains sont amateurs. Parmi eux, le réalisateur a fait appel à son père: "Le film est devenu un concentré de mes trente premières années et de ma relation compliquée avec lui. J'avais fait le pari de m'en débarrasser... et j'ai réalisé qu'inconsciemment, je devenais de plus en plus comme lui. Physiquement, je m'en étais détaché, mais l'oppresseur que j'essayais de fuir était profondément enraciné en moi". Un tel discours valide parfaitement la conviction de ceux qui considèrent le long-métrage comme le récit d'une lente émancipation. Je dois alors vous avouer que je suis beaucoup moins optimiste: même si la toute fin du film laisse une petite porte ouverte à la rédemption et au changement véritable, je ne crois guère que le personnage puisse échapper durablement à un funeste destin. Cela dit, c'est très certainement aussi de cette incertitude que peut venir l'intérêt à découvrir ce film. Si vous vous sentez assez "solides", je ne peux que vous le conseiller.
Titli - Une chronique indienne
Film indien de Kanu Behl (2014)
Il faut reconnaître au réalisateur un vrai talent: son premier film dénote singulièrement avec les habituelles productions de l'Inde. Surtout tourné en extérieurs, le long-métrage frappe fort et juste. J'ai pensé à une petite influence des frères Coen. Kanu Behl, lui, cite plutôt Jacques Audiard - ça se tient, notamment pour Sur mes lèvres. Après coup, face au déterminisme social, je pense aussi à Bullhead.
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Cool ! Aujourd'hui, je peux compter sur un avis contraire...
Pascale parait avoir beaucoup - oui, BEAUCOUP - moins accroché. Objectivement, ce qu'elle dit sur la vision des femmes est très juste.
Eurcke !
RépondreSupprimerLe film avec une bande de tarés à la limite d'être des dégénérés.
Et je ne parle pas de comment qu'ils sont trop moches !
Surtout le.. héros !!!!
T'as trouvé que ça jouait bien toi ?
Ben dis donc.
Je t'avoue que j'ai été surpris par notre divergence sur ce film. Oui, je trouve que les acteurs jouent bien, même si leurs personnages ne sont pas aimables, c'est certain. J'ai "apprécié" leur côté sur la corde, en apparence anodins et capables d'exploser à tout moment. Les bouffées de violence m'ont fait froid dans le dos. Pour moi, le héros n'en est évidemment pas un. Il ne vaut guère mieux que ses frères. Et quand j'ai vu ce que le réalisateur expliquait de sa propre situation familiale, je me suis demandé si tout ça n'était pas le fruit de ce qu'il a connu... glups !
RépondreSupprimerApparemment, en Inde, beaucoup de ce que montre le film est tout à fait crédible. Bon, heureusement, ce n'est qu'un regard porté sur UNE Inde, et pas sur l'Inde en général.
Je crois que la laideur de l'acteur est un véritable repoussoir pour moi.
RépondreSupprimerOui, je n'aime que les beaux mecs :-)
Il faut dire que j'avais le plus beau à la maison...
Cet argument-là est tout à fait imparable. Je m'incline donc avec respect.
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