J'ai voulu voir La rumeur sur la base de mon a priori très favorable quant à la complémentarité d'Audrey Hepburn et Shirley MacLaine. Bingo ! Les deux vedettes du grand cinéma hollywoodien dit classique brillent dans ce film, chacune dans son propre registre, la première toute en retenue, la seconde avec plus d'emphase. Les deux femmes réelles s'effacent: aussitôt, je n'ai plus vu que les deux personnages.
Audrey / Karen Wright et Shirley / Martha Dobie sont deux amies. Unies depuis les bancs de l'université, elles ont créé et dirigent ensemble un pensionnat de jeunes filles. Celui qui tient lieu d'élément perturbateur s'appelle Joseph Cardin (James Garner). Ce médecin hospitalier doit épouser Karen: Martha craint alors de se retrouver seule aux commandes de leur petite école. La situation s'envenime soudain, d'autant plus fort qu'une élève turbulente laisse entendre qu'une relation tout autre que professionnelle lie les deux femmes. Face au scandale, les parents retirent leurs enfants de l'établissement de Karen et Martha, plongées alors dans la ruine et l'opprobre. Beaucoup ont dit qu'aujourd'hui, cette histoire paraît "poussiéreuse". Je ne suis pas d'accord: La rumeur pose d'abord le constat essentiel des conséquences dévastatrices que peuvent avoir les informations non-vérifiées. Les allégations étant en l'occurrence celles d'un enfant menteur et manipulateur, j'ai pensé parfois aux procès d'Outreau. Inutile de remonter aux sixties pour dire la gravité de la calomnie...
Après, bien sûr, le film parle d'homosexualité. Là aussi, mon opinion semble diverger de celle de la majorité. Après coup, j'ai en effet lu plusieurs critiques sur le scénario, mettant en avant une idée "simple" selon laquelle William Wyler ne va pas au bout de ses (belles ?) idées. Concrètement, il aurait voulu défendre les homos, mais, au montage, aurait coupé les passages les plus révélateurs. J'ai cru comprendre qu'il existait deux versions du film, sans avoir vraiment pu m'assurer de celle que j'ai vue. Bref... ce que j'ai regardé m'a semblé pudique et, pour tout dire, plus subtil qu'une dénonciation trop appuyée. Constamment ou presque, on reste dans le domaine de l'incertitude quant aux sentiments réels de Karen et Martha l'une pour l'autre. Attention, âmes sensibles: La rumeur est un drame. Sa conclusion m'a saisi: sur mon canapé, j'en ai même... frissonné d'émotion ! Quelques petites imperfections dans la coupe des plans et le jeu outrancier de la petite Karen Balkin n'ont pas gâché mon plaisir. Audrey Hepburn et Shirley MacLaine, elles, sont justes et très belles.
La rumeur
Film américain de William Wyler (1961)
Pour tenter de vous convaincre de la modernité du propos, j'ose désormais une comparaison avec Le secret de Brokeback Mountain. D'après moi, au-delà même de d'homosexualité, les deux films parlent de la difficulté à bien mesurer parfois la teneur de ses sentiments. Dans le contexte des années 60, où une jeune femme respectable devait d'abord se marier, c'est frappant... et sûrement pas simpliste !
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J'ai encore quelque chose à dire...
Une anecdote: le film est en fait une adaptation cinéma d'un triomphe théâtral de Lillian Hellman, The children's hour (1934). L'auteure connut des heures de gloire et devint même, dès 1936, la scénariste d'une première version de sa pièce sur grand écran: Ils étaient trois. Derrière la caméra, on retrouvait alors un certain... William Wyler. Dans les années 50, Lillian Hellman fut une victime du maccarthisme.
Deux regards féminins pour finir...
L'amie Chonchon expose le sien sur "Mon cinéma, jour après jour". Ideyvonne, elle, choisit de montrer quelques images supplémentaires.
Audrey / Karen Wright et Shirley / Martha Dobie sont deux amies. Unies depuis les bancs de l'université, elles ont créé et dirigent ensemble un pensionnat de jeunes filles. Celui qui tient lieu d'élément perturbateur s'appelle Joseph Cardin (James Garner). Ce médecin hospitalier doit épouser Karen: Martha craint alors de se retrouver seule aux commandes de leur petite école. La situation s'envenime soudain, d'autant plus fort qu'une élève turbulente laisse entendre qu'une relation tout autre que professionnelle lie les deux femmes. Face au scandale, les parents retirent leurs enfants de l'établissement de Karen et Martha, plongées alors dans la ruine et l'opprobre. Beaucoup ont dit qu'aujourd'hui, cette histoire paraît "poussiéreuse". Je ne suis pas d'accord: La rumeur pose d'abord le constat essentiel des conséquences dévastatrices que peuvent avoir les informations non-vérifiées. Les allégations étant en l'occurrence celles d'un enfant menteur et manipulateur, j'ai pensé parfois aux procès d'Outreau. Inutile de remonter aux sixties pour dire la gravité de la calomnie...
Après, bien sûr, le film parle d'homosexualité. Là aussi, mon opinion semble diverger de celle de la majorité. Après coup, j'ai en effet lu plusieurs critiques sur le scénario, mettant en avant une idée "simple" selon laquelle William Wyler ne va pas au bout de ses (belles ?) idées. Concrètement, il aurait voulu défendre les homos, mais, au montage, aurait coupé les passages les plus révélateurs. J'ai cru comprendre qu'il existait deux versions du film, sans avoir vraiment pu m'assurer de celle que j'ai vue. Bref... ce que j'ai regardé m'a semblé pudique et, pour tout dire, plus subtil qu'une dénonciation trop appuyée. Constamment ou presque, on reste dans le domaine de l'incertitude quant aux sentiments réels de Karen et Martha l'une pour l'autre. Attention, âmes sensibles: La rumeur est un drame. Sa conclusion m'a saisi: sur mon canapé, j'en ai même... frissonné d'émotion ! Quelques petites imperfections dans la coupe des plans et le jeu outrancier de la petite Karen Balkin n'ont pas gâché mon plaisir. Audrey Hepburn et Shirley MacLaine, elles, sont justes et très belles.
La rumeur
Film américain de William Wyler (1961)
Pour tenter de vous convaincre de la modernité du propos, j'ose désormais une comparaison avec Le secret de Brokeback Mountain. D'après moi, au-delà même de d'homosexualité, les deux films parlent de la difficulté à bien mesurer parfois la teneur de ses sentiments. Dans le contexte des années 60, où une jeune femme respectable devait d'abord se marier, c'est frappant... et sûrement pas simpliste !
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J'ai encore quelque chose à dire...
Une anecdote: le film est en fait une adaptation cinéma d'un triomphe théâtral de Lillian Hellman, The children's hour (1934). L'auteure connut des heures de gloire et devint même, dès 1936, la scénariste d'une première version de sa pièce sur grand écran: Ils étaient trois. Derrière la caméra, on retrouvait alors un certain... William Wyler. Dans les années 50, Lillian Hellman fut une victime du maccarthisme.
Deux regards féminins pour finir...
L'amie Chonchon expose le sien sur "Mon cinéma, jour après jour". Ideyvonne, elle, choisit de montrer quelques images supplémentaires.
Pas vu ce Wyler (grand réalisateur qui n'a pas fait que pousser le char de "Ben Hur") mais ton article très vendeur m'incite à m'y intéresser de plus près.
RépondreSupprimerCool ! Ici ou chez toi, j'espère donc que nous aurons l'occasion d'en reparler.
RépondreSupprimerCe film est magnifique, très réussi et comme tu le dis, dénonce très justement les ravages de la rumeur. Et puis les deux actrices sont formidables.
RépondreSupprimerAh ! Je suis bien content de voir que tu es de mon avis, Tina !
RépondreSupprimerAvec de telles actrices, cela ne pouvait qu'être bien interprêté !
RépondreSupprimerL'homosexualité y est à découvrir avec subtilité (dans les regards, les gestes) et seule la fin du film nous permet de se remémorer tout cela...
Merci pour avoir cité mon blog :)
Effectivement, Audrey Hepburn et Shirley MacLaine sont deux valeurs (très) sûres ! Merci de ne pas avoir révélé la fin du film à mes lecteurs, Ideyvonne. Elle m'a saisi !
RépondreSupprimerC'est avec plaisir que j'ai cité ton blog et je continuerai probablement de le faire dès que l'occasion se présentera.
C'est un film à voir absolument en effet ! Deux actrices géniales, un scénario béton, toujours d'actualité, et très audacieux pour l'époque.
RépondreSupprimer100% d'accord sur ce coup-là, Chonchon. Moi, de toute façon, Audrey Hepburn, je ne sais pas lui résister...
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