Je vous disais récemment avoir renoncé à un Polanski pour privilégier une soirée au cinéma avec un pote: il est temps désormais d'évoquer le film initialement programmé ce soir-là et que j'ai vu... trois jours plus tard. Je crois que je commence à avoir une vision assez précise de la filmographie du cinéaste franco-polonais: je me permets donc de classer Le locataire parmi ses réussites, malgré quelques défauts.
Comme dans bien des films que j'aime, le héros est ici un anti-héros. Le dénommé Trelkovsky emménage un beau jour dans un deux-pièces parisien. Une concierge peu aimable lui accorde quelques minutes seulement pour visiter l'appartement sous sa conduite et lui indique que la précédente occupante a voulu se suicider en se défenestrant. Après d'infructueuses négociations avec le propriétaire, notre homme accepte malgré tout le drôle de contrat de bail qui lui est proposé. Trouve-t-il qu'il lui ressemble ? Roman Pokanski fait le choix d'interpréter lui-même ce personnage étrange, dont la complexité psychologique va se dévoiler petit à petit, à mesure que son logement s'avérera de plus en plus inconfortable. Dans un immeuble reconstitué si beau qu'il a valu un César à son concepteur, Le locataire propose une réelle montée d'angoisse, comme j'en ai peu vu au cinéma. Singulier, le cocktail m'a finalement paru aussi bizarre qu'envoûtant.
Vous reprendrez bien un peu de frissons ? Ce que j'ai trouvé extra dans ce film, c'est qu'on comprend que Trelkovsky est pour beaucoup dans la paranoïa qui l'oppresse progressivement, mais qu'il est tombé aussi sur des voisins (et amis) peu commodes. C'est un fait: certains des personnages annexes le ramènent presque toujours à ses origines étrangères. De telles situations sous la caméra d'un réalisateur juif ayant vécu dans un ghetto lors de la seconde guerre mondiale m'apparaît tout sauf anodin. À chacun, en fait, de se faire son idée. Pour confronter la mienne, je serais curieux de lire Le locataire chimérique, le roman de Roland Topor dont le film est l'adaptation. Pour rester du côté cinéma, je souligne également que Le locataire est le premier film de Roman Polanski tourné en France. On y voit d'ailleurs quelques têtes connues: Isabelle Adjani, Josiane Balasko, Michel Blanc, Gérard Jugnot, Rufus, Claude Piéplu et Bernard Fresson. Quelques vieilles gloires US complètent le casting. Mon seul bémol véritable: une fin un peu rapide. Rien de franchement rédhibitoire...
Le locataire
Film français de Roman Polanski (1976)
L'histoire n'est pas la même, mais le film m'a fait penser à Psychose. Le scénario est différent, là encore, mais j'ai aussi songé à Shining. C'est bien, vous l'aurez compris, pour l'ambiance des longs-métrages que je fais cette double comparaison. Les plus cinéphiles auront noté que Roman Polanski suit Alfred Hitchcock et précède Stanley Kubrick. Simple question de chronologie, d'accord ? J'ai aimé les trois oeuvres.
----------
Un dernier mot technique...
Pour l'image, Roman Polanski a fait appel à Sven Nykvist, le directeur photo de 11 films d'Ingrid Bergman. Au montage, Françoise Bonnot reçoit l'aide d'un certain Jacques Audiard. Je dirais pour conclure qu'une bonne partie de l'efficacité du film tient à l'atmosphère sonore. Portes grinçantes, petites gouttes d'eau et musique de Philippe Sarde.
Et si vous en demandez encore...
Le film fait également l'objet d'une chronique sur "L'oeil sur l'écran". Ideyvonne, elle, parle du travail de Pierre Guffroy, le chef-décorateur.
Comme dans bien des films que j'aime, le héros est ici un anti-héros. Le dénommé Trelkovsky emménage un beau jour dans un deux-pièces parisien. Une concierge peu aimable lui accorde quelques minutes seulement pour visiter l'appartement sous sa conduite et lui indique que la précédente occupante a voulu se suicider en se défenestrant. Après d'infructueuses négociations avec le propriétaire, notre homme accepte malgré tout le drôle de contrat de bail qui lui est proposé. Trouve-t-il qu'il lui ressemble ? Roman Pokanski fait le choix d'interpréter lui-même ce personnage étrange, dont la complexité psychologique va se dévoiler petit à petit, à mesure que son logement s'avérera de plus en plus inconfortable. Dans un immeuble reconstitué si beau qu'il a valu un César à son concepteur, Le locataire propose une réelle montée d'angoisse, comme j'en ai peu vu au cinéma. Singulier, le cocktail m'a finalement paru aussi bizarre qu'envoûtant.
Vous reprendrez bien un peu de frissons ? Ce que j'ai trouvé extra dans ce film, c'est qu'on comprend que Trelkovsky est pour beaucoup dans la paranoïa qui l'oppresse progressivement, mais qu'il est tombé aussi sur des voisins (et amis) peu commodes. C'est un fait: certains des personnages annexes le ramènent presque toujours à ses origines étrangères. De telles situations sous la caméra d'un réalisateur juif ayant vécu dans un ghetto lors de la seconde guerre mondiale m'apparaît tout sauf anodin. À chacun, en fait, de se faire son idée. Pour confronter la mienne, je serais curieux de lire Le locataire chimérique, le roman de Roland Topor dont le film est l'adaptation. Pour rester du côté cinéma, je souligne également que Le locataire est le premier film de Roman Polanski tourné en France. On y voit d'ailleurs quelques têtes connues: Isabelle Adjani, Josiane Balasko, Michel Blanc, Gérard Jugnot, Rufus, Claude Piéplu et Bernard Fresson. Quelques vieilles gloires US complètent le casting. Mon seul bémol véritable: une fin un peu rapide. Rien de franchement rédhibitoire...
Le locataire
Film français de Roman Polanski (1976)
L'histoire n'est pas la même, mais le film m'a fait penser à Psychose. Le scénario est différent, là encore, mais j'ai aussi songé à Shining. C'est bien, vous l'aurez compris, pour l'ambiance des longs-métrages que je fais cette double comparaison. Les plus cinéphiles auront noté que Roman Polanski suit Alfred Hitchcock et précède Stanley Kubrick. Simple question de chronologie, d'accord ? J'ai aimé les trois oeuvres.
----------
Un dernier mot technique...
Pour l'image, Roman Polanski a fait appel à Sven Nykvist, le directeur photo de 11 films d'Ingrid Bergman. Au montage, Françoise Bonnot reçoit l'aide d'un certain Jacques Audiard. Je dirais pour conclure qu'une bonne partie de l'efficacité du film tient à l'atmosphère sonore. Portes grinçantes, petites gouttes d'eau et musique de Philippe Sarde.
Et si vous en demandez encore...
Le film fait également l'objet d'une chronique sur "L'oeil sur l'écran". Ideyvonne, elle, parle du travail de Pierre Guffroy, le chef-décorateur.
Troisième volet de la trilogie sur les appartements (après Repulsion et le fameux Rosemary's baby), ce Locataire reste sans doute à mes yeux l'oeuvre la plus singulière (donc la plus intrinsèquement flippante) du metteur en scène. On y retrouve son obsession des espace clos, de la persécution, de la paranoïa, autant d'éléments qui rappellent comme tu le dis très bien, sa jeunesse polonaise sous la botte nazie, puis sous le joug soviétique.
RépondreSupprimer"Répulsion" et "Rosemary's baby" font partie de ma collection DVD: je n'ai pas très envie de les voir maintenant, mais ce sera à mon programme un jour ou l'autre. J'ai l'impression que "Le locataire" t'a plu également, Princécranoir, et je ne suis pas étonné, à vrai dire. Le thème de l'influence de sa vraie vie sur l'expression artistique de Roman Polanski me semble pouvoir être creusé à l'infini...
RépondreSupprimer