Nanni Moretti explique à qui veut l'entendre qu'il a reçu une éducation catholique et que ses parents étaient croyants. Lui ne l'est pas. Était-ce dès lors facile d'inventer un film comme Habemus papam ? L'histoire ne le dit pas. C'est moi qui imagine qu'il aura au moins fallu un peu de culot pour imaginer cette histoire de souverain pontife tenté de renoncer à ses hautes fonctions... sitôt après avoir été élu.
Personne d'autre que les cardinaux de la curie romaine ne sait exactement ce qui passe au sein du conclave, au moment où les pères de l'Église catholique sont réunis pour se choisir un nouveau berger. Moi-même bien peu porté sur les choses de la religion, j'ai apprécié que le cinéma s'empare de ce mystère et réinvente le cas quasi-inédit d'un rouage grippé dans la mécanique rituelle. Mais, quelques jours seulement après avoir vu Habemus papam, je ne sais toujours pas comment qualifier le film. Le mieux est peut-être de ne pas le faire. Ce drôle d'argument est finalement d'une telle richesse qu'il est dommage de le réduire à l'une de ses caractéristiques. Oui, il y a sincèrement dans ce récit des passages qui m'ont fait sourire, d'autres qui m'ont ému et d'autres encore qui m'ont fait réfléchir. Parmi les thématiques abordées, la question de la foi passe presque au second plan, après celles de l'engagement et de la responsabilité.
La qualité du long-métrage, à mes yeux, c'est d'aborder des questions profondes, sans pour autant tomber dans l'intellectuel "haut perché". C'est simple: même la psychanalyse est ici traitée avec un humour subtil, tout en finesse. Aucun véritable temps mort n'est à déplorer dans le déroulé du scénario. Côté acteurs, Nanni Moretti s'est octroyé le rôle d'un thérapeute appelé à la rescousse: il semble s'amuser beaucoup, notamment en transformant les prélats en volleyeurs internationaux, mais ce petit plaisir un peu canaille lui sera pardonné tant il est communicatif. Cela étant dit, pas d'erreur: la vraie vedette de Habemus papam, c'est bel et bien Michel Piccoli, dont le talent fait merveille et crédibilise ce saint-père malgré lui. La performance artistique est d'autant plus belle que l'acteur a bien dépassé le cap symbolique des 80 printemps - je l'ai trouvé aussi beau que touchant. Et dire que ce monsieur tourne depuis 1945... un seul mot: chapeau !
Habemus papam
Film franco-italien de Nanni Moretti (2011)
Il vous faudra encore attendre un moment avant que je fasse éventuellement une liste de mes préférences parmi les oeuvres anciennes ou récentes du réalisateur transalpin: je n'avais vu jusqu'alors que La chambre du fils, un drame honoré de la Palme d'or en 2001. J'ai peu de références d'autres films autour de la religion. Disons que je peux vous recommander Des hommes et des dieux...
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Une double précision s'impose...
Le titre du film signifie, en latin, "Nous avons un pape". Il reprend l'expression consacrée utilisée par la curie quand un souverain pontife vient d'être élu. Historiquement, un seul prélat a refusé cette tâche avant même de l'exercer: c'était le cardinal Hugues Roger, en... 1362.
Certains sites amis parlent du film...
Je termine en les citant: "L'oeil sur l'écran", "Sur la route du cinéma", "Le blog de Dasola" et "Mon cinéma, jour après jour". À vous de voir !
Personne d'autre que les cardinaux de la curie romaine ne sait exactement ce qui passe au sein du conclave, au moment où les pères de l'Église catholique sont réunis pour se choisir un nouveau berger. Moi-même bien peu porté sur les choses de la religion, j'ai apprécié que le cinéma s'empare de ce mystère et réinvente le cas quasi-inédit d'un rouage grippé dans la mécanique rituelle. Mais, quelques jours seulement après avoir vu Habemus papam, je ne sais toujours pas comment qualifier le film. Le mieux est peut-être de ne pas le faire. Ce drôle d'argument est finalement d'une telle richesse qu'il est dommage de le réduire à l'une de ses caractéristiques. Oui, il y a sincèrement dans ce récit des passages qui m'ont fait sourire, d'autres qui m'ont ému et d'autres encore qui m'ont fait réfléchir. Parmi les thématiques abordées, la question de la foi passe presque au second plan, après celles de l'engagement et de la responsabilité.
La qualité du long-métrage, à mes yeux, c'est d'aborder des questions profondes, sans pour autant tomber dans l'intellectuel "haut perché". C'est simple: même la psychanalyse est ici traitée avec un humour subtil, tout en finesse. Aucun véritable temps mort n'est à déplorer dans le déroulé du scénario. Côté acteurs, Nanni Moretti s'est octroyé le rôle d'un thérapeute appelé à la rescousse: il semble s'amuser beaucoup, notamment en transformant les prélats en volleyeurs internationaux, mais ce petit plaisir un peu canaille lui sera pardonné tant il est communicatif. Cela étant dit, pas d'erreur: la vraie vedette de Habemus papam, c'est bel et bien Michel Piccoli, dont le talent fait merveille et crédibilise ce saint-père malgré lui. La performance artistique est d'autant plus belle que l'acteur a bien dépassé le cap symbolique des 80 printemps - je l'ai trouvé aussi beau que touchant. Et dire que ce monsieur tourne depuis 1945... un seul mot: chapeau !
Habemus papam
Film franco-italien de Nanni Moretti (2011)
Il vous faudra encore attendre un moment avant que je fasse éventuellement une liste de mes préférences parmi les oeuvres anciennes ou récentes du réalisateur transalpin: je n'avais vu jusqu'alors que La chambre du fils, un drame honoré de la Palme d'or en 2001. J'ai peu de références d'autres films autour de la religion. Disons que je peux vous recommander Des hommes et des dieux...
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Une double précision s'impose...
Le titre du film signifie, en latin, "Nous avons un pape". Il reprend l'expression consacrée utilisée par la curie quand un souverain pontife vient d'être élu. Historiquement, un seul prélat a refusé cette tâche avant même de l'exercer: c'était le cardinal Hugues Roger, en... 1362.
Certains sites amis parlent du film...
Je termine en les citant: "L'oeil sur l'écran", "Sur la route du cinéma", "Le blog de Dasola" et "Mon cinéma, jour après jour". À vous de voir !
Contente que tu aies fait une chronique de ce film (comme tu l'avais promis :) ). Comme tu le soulignes (et contrairement au foin que nous a fait la presse - à tort - à croire qu'ils n'avaient pas vu le film que nous), la religion n'est pas forcément au coeur de la réflexion. Effectivement, il y a une envie de jouer avec ce mythe qu'est le Vatican, c'est une vision intéressante. Et quand on voit la démission de Benoit XVI à peine un an la sortie de ce film, on se dit que Moretti était quand même visionnaire ! Mais effectivement, il s'agit d'un beau film, drôle, touchant et décalé sur la responsabilité. Une belle réussite.
RépondreSupprimerC'est marrant: je n'ai pas souvenir que la presse ait tellement parlé de religion dans ses critiques autour du film. C'est possible, toutefois. Mes souvenirs sont diffus. En tout cas, je me réjouis de voir que nous sommes du même avis, Tina.
RépondreSupprimerOh oui que Michel Piccoli est beau et touchant.
RépondreSupprimerSon périple dans Rome..
Quel film !
De toute façon, Moretti est GRAND.
Nous sommes d'accord en tous points, Pascale. Il faut que je découvre d'autres Moretti !
RépondreSupprimer"Palombella Rossa " non si puo dimenticare
RépondreSupprimerJe ne l'ai pas vu, celui-là, et j'en note donc la référence. Merci, CC Rider !
RépondreSupprimerEncore un film que je voulais voir et qui était un peu tombé dans les oubliettes. Je vais donc profiter de cette piqûre de rappel pour enfin le voir, histoire aussi se prolonger ma visite récente du Vatican :-)
RépondreSupprimerC'est une excellente idée, Sentinelle ! J'ai déjà hâte de lire ton avis. Je te précise tout de même que Nanni Moretti n'a pas eu l'autorisation de tourner au Vatican. Si j'en crois Wikipédia, il s'est rabattu sur le Palais Farnèse. J'apprends du même coup que ce (somptueux) bâtiment accueille l'ambassade de France à Rome depuis 1874 !
RépondreSupprimerJe l’ai vu et j’ai énormément apprécié ce film. J’ai aimé le regard du réalisateur, malicieux et généreux à la fois. Puis quel beau portrait d’un homme vieillissant qui doute de pouvoir assumer cette grande responsabilité. Michel Piccoli est tout simplement époustouflant de sincérité et d’émotions contenues. Quant à mon billet, je dois t’avouer que je manque totalement de motivation en ce moment, je risque de ne plus publier prochainement que quelques peintures, expo ou autres citations littéraires. Mais je continue à lire avec plaisir tes billets, qui comme tu peux voir, arrivent à influencer mes choix de visionnage ;-)
RépondreSupprimerBon dimanche !
Si je suis pour quelque chose dans le plaisir que tu as pris à découvrir ce film, j'en suis ravi ! Entièrement d'accord avec tout ce que tu écris ici à son sujet. Merci d'être (re)passée !
RépondreSupprimerPour ce qui est de la motivation à écrire, je dois avouer que ça m'arrive aussi d'avoir des périodes de creux. Pour les pallier, je suis parvenu à prendre un peu d'avance avec presque toujours 10-12 chroniques écrites en attente de publication. Du coup, quand j'ai la flemme ou quand je manque d'inspiration, je laisse passer quelques jours et, généralement, ça repart. Le petit inconvénient, c'est que mes chroniques arrivent toujours en décalage par rapport à mes visionnages de films, mais bon...
Je procède aussi comme toi, mais le creux de la vague actuel me semble plus profond que d'habitude, du coup, je n'ai plus de billets en réserve. Mais rien de grave non plus, je profite de mon temps libre pour lire un plus que d'habitude ;-)
RépondreSupprimerUn blog, je crois qu'on l'écrit d'abord pour soi-même. Ce qui ne m'empêche pas d'espérer que tu retrouveras vite l'inspiration ! Au fil de tes lectures, peut-être...
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