mardi 19 mai 2015

Terra incognita

La première énigme de Jauja, c'est la signification de son titre. Avant même la première image, un carton nous explique qu'il s'agit d'une terre d'abondance et de bonheur, une légende que les années ont amplifiée. D'emblée, il est aussi précisé que "tous ceux qui ont essayé de trouver ce paradis terrestre se sont perdus en chemin". Quant au film, lui, il vous emmènera - au moins - jusqu'en Patagonie.

Aussi déroutant soit-il, le scénario de Jauja s'inscrit dans un cadre historique réel, celui de la "Conquête du désert", une opération militaire argentine de la fin du 19ème siècle. Le gouvernement officiel de l'époque s'était alors décidé à conquérir un territoire important, resté sous la domination des Mapuche, le peuple originel. Étrangement, le long-métrage a pour héros, non pas un soldat hispanique ou un résistant aborigène, mais... un ingénieur danois ! Gunnar Dinesen est venu prêter main forte au pouvoir. Ses plans changent pourtant du tout au tout quand, une nuit, sa fille disparait. La belle Ingeborg est partie avec un déserteur, sans réelle conscience des graves dangers qui la menacent. Stop ! Je souhaite m'en tenir là quant à mes explications sur le récit. Je peux et veux juste ajouter que la suite est nettement plus surprenante. Sachez-le aussi: le film devrait vous ennuyer si vous aimez l'action débridée. Il est (très) lent.

S'il est parvenu à entrer dans mon radar, c'est d'abord parce qu'un jeu m'a permis de gagner ma place de cinéma pour aller à sa découverte. Ensuite, Viggo Mortensen - à la fois acteur principal et producteur - m'a mis en confiance. Au final, il me faut vous dire qu'il y a beaucoup de choses qui ne m'ont pas convaincu dans ce drôle de long-métrage. C'est même du déplaisir que j'ai ressenti en me demandant précisément où le réalisateur et son équipe avaient voulu en venir. Habituellement, je trouve stimulant et agréable qu'un scénario me/nous laisse une marge d’interprétation, mais cette fois, les clés laissées pour nous orienter auront été bien trop peu nombreuses. Qu'est-ce qui peut sauver le résultat ? Les paysages ! Il est évident que, sur le plan strictement plastique, Jauja est une pure merveille. L'extrême fixité du cadre, restreint à un format carré, m'a envouté. Las ! Les choix narratifs opérés pour la conclusion de ce voyage fantasmagorique m'ont paru bêta et, ô rage ! presque trop faciles. C'est donc bel et bien un gros sentiment de frustration qui domine...

Jauja
Film argentin de Lisandro Alonso (2014)

Bon... malgré ma déception, je sauverais aussi quelques hors-champs joliment composés. Maintenant, si vous aimez le cinéma contemplatif et mystérieux, je vous renvoie vers Pique-nique à Hanging Rock. Pour les plus rationnels, La dernière piste peut être un juste milieu. Apocalypse now est très bon pour instaurer une tension sur la durée ! Michelangelo Antonioni me titille aussi dans ce domaine. À suivre...

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Je doute que le film marche fort, mais...

Vous pouvez toujours en retrouver la trace sur "Le blog de Dasola". 

4 commentaires:

  1. Bonsoir Martin, je pense que malheureusement le film ne se donne plus. Il est peut-être un peu hermétique. Bonne soirée et merci pour le lien.

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  2. Avec plaisir, Dasola.

    Oui, le film est hermétique, mais ce n'est pas ce qui m'a tellement dérangé. J'ai en revanche été déçu par la fin. Dommage, parce qu'il y a ici des images et une ambiance qui peuvent valoir le détour.

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  3. Pas convaincu, et projeté ici avec un débat les spectateurs ont été pour le moins perplexes. C'est une litote.

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  4. Je crois qu'il y a de quoi être perplexe: c'est un euphémisme.

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