Je suis passé tout près d'accrocher un nouveau pays à mon palmarès cinématographique. Dernier des long-métrages du célèbre cinéaste soviétique Andreï Tarkovski, Le sacrifice a reçu le Grand prix du jury au Festival de Cannes 1986, où il portait les couleurs suédoises. L'essentiel de la distribution est d'ailleurs scandinave et le film a été tourné sur l'île Gotland, site apprécié d'un dénommé Ingmar Bergman.
Pour accentuer cette impression "bergmanienne", on notera d'ailleurs qu'il a été fait appel à Sven Nykvist, son très fidèle directeur photo. Je crois important de signaler aux cinéphiles chevronnés qui me lisent aujourd'hui que Le sacrifice marque aussi ma première incursion dans l'univers de Tarkovski. J'ai eu quelque difficulté à y entrer. C'était par ailleurs ma quatrième sortie cinéma en quatre jours consécutifs et, en tout, la sixième en huit soirées de l'association dont je vous ai déjà parlé plusieurs fois. Je commençais à fatiguer. Sans doute qu'affronter un tel film sans trop savoir à quoi s'attendre relève aussi, sinon de l'épreuve de force, au moins du défi. N'exagérons rien: cueilli d'entrée par la musique de Bach, j'ai vu également de très belles choses dans cette oeuvre exigeante. La fête d'anniversaire d'un ex-comédien est soudain perturbée par l'annonce d'une catastrophe mondiale. L'avenir de l'humanité est menacé. Alexander fait alors le voeu de renoncer à tout, de l'amour des siens jusqu'à la parole, si tout redevient comme avant. C'est très glaçant.
Par le son plus encore que par l'image, le film joue très clairement avec nos nerfs. Un bruit énorme m'a laissé imaginer que des avions gigantesques survolaient la maison d'Alexandre afin d'y lâcher quelques bombes ou que la Terre elle-même était en train d'exploser. Je me suis même senti physiquement oppressé quand Adélaïde, l'un des personnages féminins, a été prise d'une violente crise d'hystérie. C'était d'autant plus tendu que le long-métrage m'a paru laisser défiler la pellicule et prendre tout son temps avant de boucler une scène donnée. Confirmation sur Wikipedia: Le sacrifice contient les plans les plus longs de toute la carrière de Tarkovski, celui qui ouvre le film durant par exemple 9 minutes et 26 secondes. Sur l'interprétation qu'on peut donner à cette pièce de cinéma, je réserve ma réponse. J'ai eu besoin d'un peu de temps - ainsi que de repos - pour "digérer" cette expérience. Avec le recul, elle m'a plutôt dérouté que déplu. Beaucoup de choses me laissent penser que j'ai vu un opus important de l'histoire du cinéma. La prochaine fois, je serai... mieux préparé.
Le sacrifice
Film suédois d'Andreï Tarkovski (1986)
Ce long-métrage m'a secoué: le fait qu'il soit difficile d'accès n'empêche pas qu'il soit intéressant, comme pouvait l'être avant lui une oeuvre aussi forte que 2001: l'odyssée de l'espace. Il me semble d'ailleurs que le film de Stanley Kubrick a été évoqué pendant le débat qui a suivi la projection, l'autre jour. Melancholia l'a été également. Lars von Trier qui invente une fin du monde: je vous le recommande.
Pour accentuer cette impression "bergmanienne", on notera d'ailleurs qu'il a été fait appel à Sven Nykvist, son très fidèle directeur photo. Je crois important de signaler aux cinéphiles chevronnés qui me lisent aujourd'hui que Le sacrifice marque aussi ma première incursion dans l'univers de Tarkovski. J'ai eu quelque difficulté à y entrer. C'était par ailleurs ma quatrième sortie cinéma en quatre jours consécutifs et, en tout, la sixième en huit soirées de l'association dont je vous ai déjà parlé plusieurs fois. Je commençais à fatiguer. Sans doute qu'affronter un tel film sans trop savoir à quoi s'attendre relève aussi, sinon de l'épreuve de force, au moins du défi. N'exagérons rien: cueilli d'entrée par la musique de Bach, j'ai vu également de très belles choses dans cette oeuvre exigeante. La fête d'anniversaire d'un ex-comédien est soudain perturbée par l'annonce d'une catastrophe mondiale. L'avenir de l'humanité est menacé. Alexander fait alors le voeu de renoncer à tout, de l'amour des siens jusqu'à la parole, si tout redevient comme avant. C'est très glaçant.
Par le son plus encore que par l'image, le film joue très clairement avec nos nerfs. Un bruit énorme m'a laissé imaginer que des avions gigantesques survolaient la maison d'Alexandre afin d'y lâcher quelques bombes ou que la Terre elle-même était en train d'exploser. Je me suis même senti physiquement oppressé quand Adélaïde, l'un des personnages féminins, a été prise d'une violente crise d'hystérie. C'était d'autant plus tendu que le long-métrage m'a paru laisser défiler la pellicule et prendre tout son temps avant de boucler une scène donnée. Confirmation sur Wikipedia: Le sacrifice contient les plans les plus longs de toute la carrière de Tarkovski, celui qui ouvre le film durant par exemple 9 minutes et 26 secondes. Sur l'interprétation qu'on peut donner à cette pièce de cinéma, je réserve ma réponse. J'ai eu besoin d'un peu de temps - ainsi que de repos - pour "digérer" cette expérience. Avec le recul, elle m'a plutôt dérouté que déplu. Beaucoup de choses me laissent penser que j'ai vu un opus important de l'histoire du cinéma. La prochaine fois, je serai... mieux préparé.
Le sacrifice
Film suédois d'Andreï Tarkovski (1986)
Ce long-métrage m'a secoué: le fait qu'il soit difficile d'accès n'empêche pas qu'il soit intéressant, comme pouvait l'être avant lui une oeuvre aussi forte que 2001: l'odyssée de l'espace. Il me semble d'ailleurs que le film de Stanley Kubrick a été évoqué pendant le débat qui a suivi la projection, l'autre jour. Melancholia l'a été également. Lars von Trier qui invente une fin du monde: je vous le recommande.
Bonjour Martin,
RépondreSupprimerTu as commencé par le dernier et le seul film que je n'ai pas encore vu du réalisateur, difficile d'en parler dans ces conditions. J'espère seulement que cette exigence demandée ne te démotivera pas pour découvrir ses premiers films, sans doute plus accessibles que ce dernier ;-)
Bonjour Sentinelle. J'attendais ton commentaire sur cette chronique ! Rassure-toi: je ne suis pas découragé. Je donnerai une autre chance à Andreï Tarkovski à la prochaine occasion. Il faut dire aussi que, même si j'ai eu du mal à l'apprécier vraiment, "Le sacrifice" m'a paru d'une grande beauté formelle.
RépondreSupprimerC'est malin, tiens ! Maintenant, j'ai hâte que tu le découvres pour connaître ton avis.
Il ne tient qu'à moi de le regarder, puisque j'ai le coffret du realisateur en ma possession depuis pas mal de temps ;-)
RépondreSupprimerTrès bien ! Quelque chose me dit que je pourrais ne pas avoir longtemps à attendre avant de te lire sur le sujet.
RépondreSupprimerHello Martin, j'arrive par ton lien. Comme je l'écrivais "chez moi", découvrir Tarkovski par son dernier film (à plus d'un titre), c'est l'aborder par son versant le plus ardu. Une fois que tu auras vu tous les Tarkovski, il se pourrait bien que tu reviennes vers Le Sacrifice avec un autre regard et que le tout dernier plan te fasse un sacré effet.
RépondreSupprimerStrum
Merci pour cet avis, Strum ! Je ne regrette pas d'avoir commencé par cette extrémité terminale, mais c'est vrai que c'était un peu difficile d'approche. Je suis prévenu pour la (ou les) prochaine(s) fois. J'ignore encore jusqu'à quel point je me plongerai dans la filmographie d'Andreï Tarkovski, mais, comme je l'ai déjà souligné, il est possible que je vois un autre opus d'ici quelques semaines. Nous en reparlerons donc sûrement.
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