Il est bien possible que ma ciné-addiction ait démarré autour d'un film de Billy Wilder. Je me souviens de mon scepticisme à moitié déçu quand, un jour de Noël, mon père m'avait offert un coffret de quatre des films du réalisateur. J'y ai repensé en regardant Fedora avec lui. Méconnu, ce long-métrage est l'avant-dernier du maître américain. D'aucuns l'ont de ce fait présenté comme une oeuvre testamentaire.
L'histoire du cinéma retient que Wilder n'a pas eu les coudées franches pour tourner ce film comme il l'aurait voulu. Sur le site spécialisé DVDClassik, il est même écrit que le cinéaste dut composer avec des contraintes de pré-production tout à fait nouvelles pour lui. Cet encadrement forcé ne se ressent pas à l'image: si Fedora s'écarte radicalement des films de la veine comique de l'ami Billy, il démontre une justesse de ton suffisante pour nous embarquer avec lui. L'histoire est tout à fait originale: après l'annonce du décès d'une star de cinéma, un flashback de quinze jours nous conduit dans les pas d'un producteur, soucieux de lui présenter un nouveau projet de film. On découvre alors que la vedette vit recluse sur une petite île grecque, quasi-prisonnière de son entourage. Pourquoi ? Suspense...
Depuis mon premier Billy Wilder, il est certain que j'ai changé d'avis sur ce cinéma (un peu) ancien. Désormais, j'y adhère totalement ! Fedora résonne comme la formidable déclaration d'amour d'un artiste à son art. La belle inventivité de cette mise en abyme a même incité certains des acteurs à jouer leur propre rôle, à l'image d'Henry Fonda et Michael York. Le rire n'est pas tout à fait oublié: si le scénario repose d'abord sur l'émotion, il met aussi en avant une certaine dose de causticité. Si vous l'ignorez, la vérité du personnage principal risque fort de vous surprendre: la volte-face qui s'ensuit dans le récit est assurément l'une des plus stupéfiantes que j'ai vues au cinéma. D'autres auraient attendu les dernières minutes pour nous asséner pareil retournement: finalement, ici, il y a presque deux films en un. C'est même un minimum, tant les points de vue s’entremêlent. Rassurez-vous: ce n'est jamais au détriment de la clarté de l'intrigue.
Fedora
Film franco-italien (!) de Billy Wilder (1978)
Cette perle mérite assurément sa place aux côtés des meilleurs opus tournés par l'enfant de Sucha. Elle a le mérite de me/nous remémorer que ce dernier n'était pas seulement un prince de la gaudriole. Difficile - ou impossible ? - de ne pas citer Boulevard du crépuscule en comparaison: les points communs entre les deux chefs d'oeuvre sont nombreux. Oui, ils se font écho, même si 28 ans les séparent...
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Le succès du film est très relatif, mais d'autres en parlent...
Exemple: le rédacteur de "L'oeil sur l'écran", moins séduit que moi. Dasola, elle, affirme sur son blog que c'est un film "à ne pas louper".
L'histoire du cinéma retient que Wilder n'a pas eu les coudées franches pour tourner ce film comme il l'aurait voulu. Sur le site spécialisé DVDClassik, il est même écrit que le cinéaste dut composer avec des contraintes de pré-production tout à fait nouvelles pour lui. Cet encadrement forcé ne se ressent pas à l'image: si Fedora s'écarte radicalement des films de la veine comique de l'ami Billy, il démontre une justesse de ton suffisante pour nous embarquer avec lui. L'histoire est tout à fait originale: après l'annonce du décès d'une star de cinéma, un flashback de quinze jours nous conduit dans les pas d'un producteur, soucieux de lui présenter un nouveau projet de film. On découvre alors que la vedette vit recluse sur une petite île grecque, quasi-prisonnière de son entourage. Pourquoi ? Suspense...
Depuis mon premier Billy Wilder, il est certain que j'ai changé d'avis sur ce cinéma (un peu) ancien. Désormais, j'y adhère totalement ! Fedora résonne comme la formidable déclaration d'amour d'un artiste à son art. La belle inventivité de cette mise en abyme a même incité certains des acteurs à jouer leur propre rôle, à l'image d'Henry Fonda et Michael York. Le rire n'est pas tout à fait oublié: si le scénario repose d'abord sur l'émotion, il met aussi en avant une certaine dose de causticité. Si vous l'ignorez, la vérité du personnage principal risque fort de vous surprendre: la volte-face qui s'ensuit dans le récit est assurément l'une des plus stupéfiantes que j'ai vues au cinéma. D'autres auraient attendu les dernières minutes pour nous asséner pareil retournement: finalement, ici, il y a presque deux films en un. C'est même un minimum, tant les points de vue s’entremêlent. Rassurez-vous: ce n'est jamais au détriment de la clarté de l'intrigue.
Fedora
Film franco-italien (!) de Billy Wilder (1978)
Cette perle mérite assurément sa place aux côtés des meilleurs opus tournés par l'enfant de Sucha. Elle a le mérite de me/nous remémorer que ce dernier n'était pas seulement un prince de la gaudriole. Difficile - ou impossible ? - de ne pas citer Boulevard du crépuscule en comparaison: les points communs entre les deux chefs d'oeuvre sont nombreux. Oui, ils se font écho, même si 28 ans les séparent...
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Le succès du film est très relatif, mais d'autres en parlent...
Exemple: le rédacteur de "L'oeil sur l'écran", moins séduit que moi. Dasola, elle, affirme sur son blog que c'est un film "à ne pas louper".
Bonjour Martin,
RépondreSupprimerJe l'ai vu dernièrement également et je me suis mortellement ennuyée, comme quoi... Mais j'ai remarqué que les films dont le sujet se veut une réflexion sur le cinéma en général ou les actrices en particulier me laissent souvent de marbre (encore dernièrement avec Sils Maria, mais même Boulevard du crépuscule n'a pas trouvé grâce à mes yeux), bref je passe systématiquement à côté alors que les critiques sont nettement plus enthousiastes que moi.
Bonne journée Martin !
Bonjour Sentinelle. Merci de ton commentaire. Je vais dire une banalité pour y répondre: chacun ses goûts !
RépondreSupprimerJe peux très bien comprendre que le thème même du film empêche de l'apprécier. J'ai été sensible au fait que Billy Wilder rendait hommage à son art, mais ça peut évidemment paraître un sujet trop renfermé sur lui-même. Moi, j'ai perçu ça comme une façon de dire "au revoir, cinéma, je t'aimais bien". Et c'est aussi en ce sens que ça m'a touché.
Oui, tu as d'ailleurs tout à fait raison de l’interpréter comme cela, et je le comprends bien ainsi "intellectuellement" mais émotionnellement parlant, je n'y arrive pas du tout...
RépondreSupprimerBonjour Martin, merci pour le lien. Je le dis et redis, c'est un film qui "vieillit" bien et pas ennuyeux du tout (à la différence de Violence et passion de Visconti). Bonne après-midi.
RépondreSupprimer@Sentinelle:
RépondreSupprimerÇa, l'émotion, c'est vraiment propre à chacun de nous. Je comprends parfaitement que tu n'y arrives pas, comme tu dis.
Un truc qui peut faire une différence pour moi, c'est le constat que c'est presque le dernier film de Wilder. Je reviens sur ce côté testamentaire, déjà évoqué dans la chronique. Cela dit, et bien que je considère "Fedora" comme un grand film, je ne dirai pas pour autant qu'il est mon Wilder préféré. J'aime tellement ses comédies...
@Dasola:
RépondreSupprimerMerci à toi d'être venu me lire et de laisser un commentaire. Compte tenu de son âge, oui, je dirais comme toi que le film vieillit bien. Reste à savoir comment je le percevrai à la deuxième vision. Mais pour cela, il faudra probablement attendre au moins quelques années supplémentaires...
On retrouve ici le thème du vieillir chez les actrices comme dans "boulevard du crépuscule"
RépondreSupprimermais abordé cette fois-ci de façon très différente par Billy Wilder.
Outre ce thème commun, il y a William Holden qui, pour sa prestation, ne m'a pas franchement emballée. Je l'ai trouvé vraiment "poussif"
Sur ce grand film funèbre et sensuel, une lecture complémentaire de la vôtre :
RépondreSupprimerhttp://lemiroirdesfantomes.blogspot.fr/2014/12/fedora-persona.html?view=magazine
Au plaisir de vous recroiser, Chez Sentinelle ou ailleurs...
@Ideyvonne:
RépondreSupprimerJe n'ai pas trouvé William Holden si fade que ça. Cela dit, de mon point de vue, c'est un faux personnage principal. Le fait qu'il soit un peu en retrait ne m'a pas franchement dérangé.
@Jean-Pascal:
RépondreSupprimerMerci pour ce commentaire - vous êtes le bienvenu en ces lieux.
Votre chronique est d'une grande richesse à mes yeux. Les autres fantômes que vous avez croisés en cherchant "Fedora" m'ouvrent de nombreux horizons cinématographiques. Pour ça aussi, merci ! Il y a sans doute quelques-unes de ces références que je découvrirai à mon tour un jour ou l'autre. Ce qui est sûr, c'est que je reviendrai vous lire. Et donc, oui, au plaisir !
P... de B... de M... Je voulais l'enregistrer quand j'ai vu qu'il passait à la télé ! Et j'ai oublié !
RépondreSupprimerJ'espère que tu auras l'occasion de le découvrir malgré tout, Chonchon. Je crois savoir que tu aimes Billy Wilder et j'avoue que je suis curieux de connaître ton avis.
RépondreSupprimerSurveille aussi les rediffusions, la prochaine fois ! Moi-même, je l'ai rattrapé au vol après l'avoir laissé filer lors de son premier passage.